mercredi 5 novembre 2025

Même pas mieux avant !

 

Je vous parle d’un temps où l’aventure se mesurait à l’aune de l’inconnu, plutôt qu’en notifications sur les réseaux sociaux. Les années 80. Celles de nos vingt ans, de notre légèreté et de nos rêves de grand large. 
Nous partions alors vers le sud, vers le Maroc puis l’Afrique, à bord de voitures improbables, 2CV ou Renault 5 usées, les autos de la liberté de notre jeunesse. Pas d’autoroute en Espagne, juste des routes sinueuses bordées de platanes et d’odeurs d’huile chaude, des panneaux défraîchis, et parfois un chien couché au milieu de la chaussée. Le dépaysement commençait dès le passage des Pyrénées.

Le vaste monde s’ouvrait à nous. Pas de téléphone portable, pas d’internet, pas de GPS. Nous roulions avec des cartes pliées vingt fois, tachées de café, que nous ouvrions à chaque carrefour pour retrouver une direction à l’aide d’une boussole. Et lorsque nous nous perdions, l’imprévu faisait partie du charme.
Encore étudiants, nous avions peu de moyens. Mais nous avions l’envie, la curiosité, l’enthousiasme et l’audace. Une tente légère, un camping-gaz cabossé, une pelle, deux plaques de désensablage, quelques pièces et outils dans le coffre.
Nous dormions sous les étoiles, mangions des sardines à même la boîte, allumions des feux de camps et nous lavions tout nu dans les oueds.
Le Maroc s’ouvrait alors comme un livre d’images : les odeurs d’épices dans les souks, le bleu des portes à Chefchaouen, les montagnes de l’Atlas à gravir en seconde. Puis les étapes magiques en Algérie, Niger, Mali, Bourkina : bivouac à Tamanrasset, arrivée sur Agadez comme une victoire après la longue traversée du Sahara, Niamey, Ouagadougou, Gao… C’était le temps de la découverte, de la débrouille et de la confiance en soi, en l’autre, en la « route ».

40 ans sont passées. Ce n’était pas mieux avant, mais le monde a tellement changé que nous ne pouvions l’imaginer. Pourtant, cette aventure Africaine n’est finalement pas si différente de celle de nos 20 ans, sauf évidemment les moyens dont nous disposons et le plaisir de partager tout cela avec vous au quotidien. Je me surprends à constater que le même esprit nous anime. La même curiosité naïve de découvrir ce qui se cache derrière la dune, au creux d’un oued, et au contact des gens. 
Au fond, l’aventure ne change pas de visage : elle se nourrit toujours d’une curiosité insatiable, d’un goût du risque maîtrisé, de confiance en soi, et de l’acceptation de sortir de sa zone de confort en gérant les imprévus comme des opportunités de vivre de belles histoires.

Alors, pour les jeunes, et aussi les moins jeunes, lecteurs de cette chronique, n’hésitez pas à partir. Pas forcément loin, pas forcément longtemps, mais partez vraiment. Pas besoin de rallyes organisé type 4L trophy ou trophée des Gazelles, ni de sponsor sur la portière. Ouvrez des cartes, faites des check-lists, emportez des carnets de note, quelques outils, et tracez votre propre chemin. Faites confiance à la route et à la bienveillance des rencontres. Laissez-vous surprendre. Vous verrez, l’aventure, c’est simplement ça ! Et si le moteur tousse un peu, si la poussière vous colle aux lèvres, tant mieux. Vous saurez alors que vous êtes vivants.

Quant à moi, très égoïstement, pourvu que ça dure longtemps !


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