Rien de tel
qu'une échappée belle à moto pour réguler la pression du quotidien. Cette
fois-ci ce sera Collioure-Barcelone par les pistes.
On part un
peu à l'arrache avec deux motos de légende : une Honda Africa Twin qui a fait le tour
du monde et une vénérable Yamaha Ténéré 1988 transsaharienne ; de quoi s'amuser sans arrière-pensée.
- Au fait,
t'as pensé aux câbles de batterie ?
- Tu crois
? On ne va pas en avoir besoin...
- J'les
prends, on n'sait jamais.
Casque,
blouson, paire de bottes enduro, sac étanche sur le porte bagage et c'est tout.
L'escapade n'est que de 3 jours et l'approche se fait en voiture jusqu'à
Collioure.
…
Météo
superbe ce matin. Tout sourire nous déchargeons les motos de la remorque,
impatients d'en découdre. Je mets le contact de la Ténéré pour démarrer et rien
ne se passe... Et m... Batterie à plat. J'avais des doutes en partant et
l'avais pourtant rechargée. Ça n'a visiblement pas suffit. Bizarre tout de
même. Heureusement nous avons les câbles qui vont bien et démarrons sur la
batterie de l'autre moto.
Tous pleins
faits, c'est parti !
La moto
tout terrain est à l'homme moderne ce que devait être le cheval pour nos aïeuls
: le moyen de déplacement par excellence, symbole de liberté et sans doute
aussi de virilité, celui que l'on enfourche, comme un prolongement de son
propre corps et qui distille des sensations comme peu d'autres pareilles...
Nous
sortons de la route pour attaquer les pistes de montagne. Debout sur les cales
pieds, la moto se pilote à la poignée de gaz. Une fois la roue avant placée sur
la bonne trajectoire, il n'a plus qu'à doser l'accélération, exquise sensation
de glisse, proche de celle du ski lorsqu'on slalome entre les
sapins.
Sortant
d'une zone forestière, l'horizon se dégage et nous découvrons sur notre droite
la ligne de crêtes des Pyrénées comme saupoudrée de sucre glace, premières
neiges de la saison.
Puis la
piste redescend dans les bois, terre battue mêlée de pierres entre les saignées
creusées par l'eau courante. Regarder loin, rester souples sur les freins, ne
pas se crisper pour ne pas risquer la faute puis la chute.
Sortant des
pistes, nous stoppons au café d'un village, histoire de profiter du moment en
sirotant quelque chose au soleil, l'occasion aussi de refaire le monde tout en
se disant qu'on a bien de la chance d'être là ; ce que se disent les hommes...
Au moment
de repartir, une nouvelle fois ma moto refuse de réagir à la pression sur le
bouton du démarreur. Vraiment pas de chance, ça doit être la batterie qui a
claqué. Nouveau démarrage aux pinces en se disant qu'au premier garage on
s'arrête en acheter une neuve.
Changement
de batterie opéré, nous repartons le cœur léger, certains que cette fois-ci on n'en reparlera pas.
Le
lendemain, sortant d'un café (encore) ou nous poursuivions la discussion entamée
la veille, de nouveau impossible de démarrer. Merde, c'était pas la batterie !
Peut-être le régulateur ? De toute façon ce n'est pas ici qu'on va en
dénicher un.
Un coup de câble et ça repart ! Pas pour longtemps. Quelques
kilomètres plus loin la moto de Didier crève de l'arrière. Décidément, quand ça ne veut pas... et
changer un pneu Dakar avec des outils de voyage, y'a plus simple.
Au départ
du café suivant, celui de l'après-midi... redémarrant une nouvelle fois la moto sur la batterie de celle de mon coéquipier, nous testons le fonctionnement
de l'allumage en tentant une déconnexion complète.
Aussitôt le moteur s'arrête. Et là nous sommes dans la mouise. En effet, à
moins de rouler de concert avec les câbles reliant les deux motos, à notre
connaissance ça ne s'est encore jamais vu, nous ne pourrons plus aller bien
loin une fois la batterie totalement déchargée, privant du même coup le moteur
d'allumage au milieu de nulle part.
Seule
solution, acheter un chargeur pour la recharger complètement pendant la nuit. Par une chance
inouïe, un magasin de moto se trouve à quelques mètres d'où nous sommes
arrêtés. Autre morceau de chance, nous y trouvons le mini chargeur qui va bien.
...
Le soir
venu, imaginez la tête de l'hôtelière nous voyant débarquer dans son
établissement, une batterie a la main ; et comme si de rien était, posant la
question qui va bien :
- Une
chambre avec un grand lit ou deux petits ?
Et nous de
répondre d’un regard entendu :
- Nous
partageons une batterie de moto depuis 2 jours, alors pour le lit, ce sera deux.
Pas sûr qu'elle
ait tout bien compris.
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