Au détour
d'un virage l'horizon se dégage furtivement vers le sud sur un spectaculaire
massif rocheux dentelé, étonnante formation géologique aux allures de flèches
de cathédrale, avant de disparaitre aussitôt derrière un rideau d'arbres.
Etait-ce un mirage ? Puis la piste redescend sur des plaques rocheuses
luisantes comme des pavés, en surplomb d'un ruisseau formant des vasques à l'eau
turquoise.
Sous le
soleil d'automne, la forêt prend ses chaudes couleurs de saison, exhalant des
fragrances de champignon et de bois humide.
Devant moi,
mon camarade s'en donne à cœur joie, profitant de la moindre occasion pour
donner le coup de gaz qui relance la moto en une légère glissade de la roue arrière
dont le pneu tout terrain projette terre et graviers. Nous sommes dans le même
rythme mais avec des styles différents : Didier plus agressif, plus coulé pour
moi.
A l'accélération
le battement rauque du gros monocylindre de la Ténéré envahit l'espace comme
des coups de fusils, à faire fuir le plus téméraire des sangliers. Quelques
flaques d'eau agrémentent la piste, se transformant en gerbes étincelantes au
passage des motos, avant que l'eau ne reflue dans sa position initiale. Dans
cet environnement chaotique les suspensions à grand débattement font merveille,
absorbant tout en souplesse les aspérités du terrain.
Nous
redescendons dans la vallée. Quitter alors la piste pour retrouver l'asphalte
procure toujours la même impression soudaine de douceur : rouler, presque glisser, comme
sur un billard ; répit pour la machine et le pilote.
Cette fois-ci
l’horizon se dégage complément sur le massif rocheux entraperçu un peu plus tôt
et vers lequel nous-nous dirigeons, Monserrat.
Comme
toujours, les montagnes apparemment si proches, semblent fuir quand on cherche
à les atteindre. Mais la route est plaisante, succession de virages agréables
jusqu’à la montée finale en épingles à cheveux taillées dans la roche.
L’arrivée
au sommet est spectaculaire : parkings et esplanades bondés (nous sommes
samedi), sous le monastère et les lieux de cultes surplombés par des flèches de
cathédrales naturelles taillées par l’érosion millénaire de ces roches granitiques
aux formes adoucies. En se retournant, la vue sur la vallée plonge le regard à
des dizaines de kilomètres, belvédère d’où l’on apprécie tel un Dieu l’activité
humaine : villes et villages comme posés sur des terres agricoles où les
champs semblent avoir été parfaitement disposés pour structurer le paysage, la
Terre de Hommes chère à Saint Ex' le Grand.
Rien d’étonnant
que ce lieux unique, à l’origine de bien belles légendes, ait subjugué les hommes
au point d’être devenu un des hauts lieux de culte de la chrétienté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire