Plus d’une heure que nous n’avançons
plus. Je commence à m’impatienter. Le chauffeur du taxi pianote sur les trois
smartphones fixés sur pare-brise de la Hyundai jaune et verte, donnant au
tableau de bord des allures d’arbre de Noël. Décidément, malgré la régulation
quotidienne de la circulation fonction des numéros de plaque minéralogique, le
trafic routier évolue de mal en pis autour de Pékin. Ça me rappelle Bangkok
dans les années 90, où il n’était pas rare de passer 2-3 heures en voiture pour seulement quelques kilomètres. Mais comment faire autrement
quand vous avez des bagages à transporter ? Alors je prends mon mal en
patience et par curiosité demande à Google l’adresse de l’hôtel. Magie de la
techno, le navigateur s’ouvre automatiquement et m’indique le chemin. Un peu plus
d’un kilomètre. Je décide de terminer à pied.
Sac à dos et valise à roulette, je suis
les indications du GPS dans les ruelles étroites derrières les grandes avenues
encombrées de milliers de voitures. L’air est proprement irrespirable. Aux gaz d’échappement
s’ajoute un smog poussiéreux qui asphyxie la capitale, effet microclimatique
qui ramène et bloque sur la ville les pollutions industrielles de toute la
région, à tel point que le Marathon qui s’y est couru il y a quelque jour fut un
véritable désastre physiologique pour les participants : malaises et
abandons en série, sans parler de ceux qui s’y sont essayés avec un masque.
Absurde.
Dire qu’il y a tous justes 20 ans, ici les bouchons étaient de vélos, me donne le vertige, soudaine impression d’avoir
déjà vécue plusieurs vies dans ma course trépidante de par le monde pour développer
notre entreprise.
Malgré la fraîcheur, en nage, je
rejoints mon rendez-vous dans le lobby de l’hôtel, tout surpris de me voir
arriver dans cet appareil. Le temps de prendre possession de ma chambre et
d’une rapide douche, je le retrouve pour diner. A peine installé, il me branche
sur la lamentable attaque juridique que nous subissons d’un de nos grands
concurrents dans la génétique poule pondeuse, sous prétexte de brevet de
procédé contrefait. Le monde est petit et les nouvelles vont vites, très vites.
- Et
vous en pensez quoi ?
- C’est
évident, me répond-il sans hésiter, cela prouve que vos produits sont
excellents et qu’il vous considère comme un concurrent redoutable. On n’attaque
jamais un mauvais concurrent. Vous n’avez pas de souci à vous faire. Personne
ne va tomber dans le panneau.
Je souris en opinant.
Je souris en opinant.
Et mon contact d’ajouter :
-
Personne
n’aime les postures impérialistes. Il est évident que votre arrivée sur cette filière
remet en cause des positions bien établies. On compte sur vous.
-
Merci,
j’apprécie. Nous comptons aussi sur vous.
Tout en dinant nous devisons sur l’état
du monde : les manifestations à Hong Kong, la guerre au Moyen-Orient, la crise économique en Europe. Et une fois
encore je suis frappé par l’apparent peu d’attention que portent les Chinois au
reste du monde, comme si, dans l’Empire du Milieu, seuls les enjeux plaçant
leurs intérêts au centre avaient de l’importance. Et il se trouve que nous servons une partie de ces intérêts.
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