Décors postcolonial soigné :
boiseries patinées, murs de briques, plafond blanc d’où descend un grand
ventilateur, tableaux d’époques ; le tout dans une agréable ambiance
lumineuse tamisée. Nous sommes installés à une table ronde dans un coin de la
salle principale. J’ai invité les responsables de nos équipes travaillant au
Vietnam où notre Groupe se développe rapidement tant en volailles, porc,
qu’aquaculture, avec des implantations physique sur le pays. Ils sont
Vietnamiens bien sûr, mais aussi Européens et Américains. Et c’est un
privilège que d’animer cette équipe en travaillant avec des hommes aux cultures si
différentes au service d’un même projet d’entreprise.
Des serveurs zélés tirés à 4 épingles
nous apportent la carte dont la seule lecture stimule les papilles : rouleaux
de printemps, porc au caramel, poulet curry, soupes et autres délicieux desserts. Même
si c’est un peu-surfait la cuisine est de qualité.
Pourtant la gastronomie n’est pas
l’objectif principal du dîner, mais le prétexte pour créer du lien en partageant
un moment agréable et informel permettant de dépasser les différences, ou
plutôt de les faire apprécier comme autant de saveurs complémentaires d’un même
plat aux riches saveurs.
Qu’y a-t-il de commun entre une
Américain de 1m90 pour 100 kg et un Vietnam de 1m60 et 55 kg « tout
mouillé », lorsque face à l’assiette le premier avale un steak capable de
nourrir la famille entière du second ?
Que ressent un Européen se
retrouvant à l’autre bout du monde dans un cadre colonial ressemblant aux
maisons bourgeoises de nos provinces ?
Apprécie t-on un plat de la même
façon qu’il soit avalé à la fourchette ou mis en bouche entre deux baguettes ?
Chacun ne voient donc forcément pas
le monde de la même façon. Et c’est justement la beauté de la situation : combiner
des talents complémentaires comme les ingrédients d’une excellente recette associant
saveurs sucrées-salées et épices à priori peu compatibles. Risqué, mais lorsque
ça fonctionne, le résultat produit des goûts inattendus et sublimes.
Et si le management était aussi une
affaire de cuisine ?
Il y a la recette, celle que l’on
trouve dans les livres et que chacun peut se procurer. Mais il y a surtout le
tour de main, toute la sensibilité du cuisinier qui peut faire la différence quand
il s’agit de mettre un peu plus de ceci, un peu moins de cela, de goûter, de
cuire avec précision, d’ajouter du liant à la sauce pour améliorer l’onctuosité
du plat et permettre d’exhaler des flaveurs inattendues.
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