samedi 12 mars 2011

Tsunami

20h aéroport de Bangkok. Une rumeur émane de petits groupes de personnes agglutinées devant les écrans de TV. L’image est saisissante : une énorme vague déferle sur des paysages balayant tout sur son passage – les arbres comme des allumettes, les constructions telles des maisons de papiers, les voitures comme des jouets pour enfants, les bateaux tels des coquilles de noix. Un instant j’imagine un film catastrophe, puis reste pétrifié. Ces images me font l’effet de celles du 11 septembre 2001 lors de l’attentat sur les tours jumelles de New-York. Rien à voir entre ces deux évènements, sauf l’extrême violence des situations et la vulnérabilité d’innocentes victimes ayant eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
A cet instant, dans cette aérogare des gens du monde entier regardent effarés les images diffusées en boucle par le programme live de BBC news :
Un vieux couple d’indiens se tient la main comme hypnotisé par le « spectacle ».
Les yeux exorbités et la main sur la bouche comme pour retenir un cri, l’air terrorisée une jeune femme occidentale regarde de gauche à droite comme à la recherche de secours.
Un homme d’affaire Japonais pleure accroché à son téléphone cellulaire.
Sans obtenir de réponse un petit garçon demande à son papa s’il s’agit d’un film ou si c’est bien vrai.
Un peu à l’écart un petit groupe de touristes japonais prostrés et hagards…
Et je suis là, le regard à contre sens, dévisageant ces femmes et ces hommes de toutes origines touchés au cœur, presque gêné de ne pas regarder dans la même direction qu’eux, bouleversé par leurs expressions d’émotions si personnelles mais tellement universelles. Des milliers de personnes sont en train de mourir en direct sous nos yeux, instant unique de douleur partagée.

A l'instant où nous embarquons vers Paris, le vol pour Tokyo est annoncé retardé.
Tandis que nous nous éloignons de l’horreur, dans quelques heures d’autres vont devoir affronter le chaos.

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