A la queue leu leu, une noria de bus converge
vers le mont Yangtou, province du Shanxi en Chine. Autour de la ville de Gaoping,
toutes les routes sont bloquées pour laisser passer ce flux ininterrompu de
dizaines de milliers de visiteurs, je devrais dire pèlerins, vers le temple érigé
en hommage au légendaire empereur Yandi.
Yandi aurait régné antérieurement aux dynasties
Chinoises, il a plus de 4000 ans, avant même le début de l’écriture. C’est dire
combien la tradition orale relayée d’écrits à postériori ont dû magnifier sa
légende d’inventeur de l’agriculture, de la monnaie, de la soie, et de tant d’autres
progrès dont a bénéficié la civilisation de l’empire du milieu et bien au-delà sans
doute...
Impeccablement organisé, sur le site l’accueil
se fait dans un ordre parfait. Déchargement des visiteurs par groupes numérotés
derrière un guide arborant une pancarte numérotée.
Et nous voilà parti procession, chacun paré
d’un foulard jaune, à pied derrière une jeune fille au port altier tenant à
bout de bras la petite pancarte telle un précieux étendard. Malgré la foule
immense, impossible donc de la perdre.
Sur invitation d’un nouveau client avec
qui nous allons officiellement signer, à cette occasion, un important contrat
de fourniture de génétique porcine, notre groupe est constitué de ses nombreux
partenaires, fournisseurs, clients, collaborateurs, autorités locales, amis. L’opportunité
unique de renforcer des liens à la fois personnels et bien entendu spirituels...
De part et d’autre de l’allée nous
conduisant vers le temple, des figurants vêtus de costumes traditionnels rouges
et jaunes brandissent fièrement des oriflammes dorées, tandis que d’autres tapent
en rythme sur de gros tambours traditionnels. Ici et là, la combustion lente de
bâtons d’encens distille les volutes bleutées du parfum élevant les âmes.
L’allée nous conduit jusqu’à un escalier
monumental montant tout droit jusqu’au temple. De part et d’autres des colonnes
de pierre sculptées d’idéogrammes rendant grâce à Yanti.
Nous franchissons plusieurs portes
imposantes dans la plus pure architecture traditionnelle chinoise : toitures
de tuiles en céramiques ornées de pointes et dragons, sous lesquelles de
magnifiques bas-reliefs sculptés et colorés s’étalent sur les imposantes
charpentes. Iconographie d’histoires légendaires peuplées de personnages
extraordinaires.
Au seuil des portes, un petit muret qui
s’agit de franchir sans marcher dessus, au risque de s’attirer la foudre des
esprits. J’avoue avoir fait la gaffe. Apparemment sans conséquence....
Enfin nous rejoignons l’esplanade
bordant le temple.
Tel un bouda monumental, à l’intérieur on
aperçoit la statue dorée au visage noir et grands yeux blancs de Yanti qui vous
écrase de son regard impénétrable, comme pour vous ramener à votre modeste
condition de mortel.
Notre guide nous amène jusqu’à un coin
clairement délimité d’où nous allons pourvoir assister aux commémorations. La
ferveur est évidemment palpable. Reprise d’une frise chronologique de la grande
Chine millénaire à l’origine de tant de progrès. Succession de courtes
allocutions, mais surtout d’hommages à Yanti, père de la civilisation Chinoise,
avec remises de fleurs, danses traditionnelles puis lâché de ballons. Il est
ici question de la Chine, pas du pouvoir de la Chine. Participent aussi de nombreux Taïwanais,
tout autant Chinois, venus spécialement pour un éphémère retour aux sources de
leur civilisation.
En tant que très rare étranger, à vrai
dire je n’en ai pas vu d’autre, quelques visiteurs me demandant un selfie
devant le grand temple, image qui circulera certainement comme une curiosité
sur leurs réseaux sociaux.
Et lorsque je demande à mes hôtes la
raison du visage noir de l’empereur, étonnés ils me disent ne s’être pas posé
la question, consultent Baïdou (Google Chinois), pour me répondre qu’il se
serait involontairement empoisonné en testant des plantes médicinales, après en
avoir heureusement tant découvert aux vertus positives.
Où comment meurent les
légendes...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire