Faute à un pied récalcitrant, à grand regret
je n’ai pas d’autre choix que d’abandonner le road-trip moto avec les amis
pour me rabattre en solo sur le Gemini (notre camion de voyage). Pas drôle,
mais y a quand même bien pire dans la vie.
Alors vers où aller ?
En cette période professionnelle
particulièrement agitée, mon but étant de m’installer rapidement dans une « coolitude
rassérénante », je choisis les bords de Loire par les plus petits routins,
quasi au départ de la maison. Pas toujours nécessaire d’aller loin pour s’évader.
Il suffit de vouloir sortir des sentiers battus, emprunter les chemins vicinaux,
éventuellement quelques pistes agricoles, et se laisser guider, sans stress,
par son instinct en disant que si je suis arrivé là je pourrai toujours
rebrousser chemin.
Je remonte ainsi La Loire depuis Nantes,
d’abord rive gauche sur la digue protégeant la campagne environnante des
caprices du grand fleuve. A vrai dire cela fait des années que je ne l’avais
pas vu si pleine. A tel point qu’un grand nombre de bancs de sables sont
immergés sous des flots apparemment tranquilles mais dont le volume
considérable s’écoule en arabesques tourbillonnantes et scintillantes. Courants
légendaires et autres sables mouvants dont on nous mettait en garde étant
enfant... Il y avait, dans le même registre, la remontée de la marée au Mont
Saint Michel « à la vitesse du cheval en galop » que le maîtresse de
CE2 nous décrivait avec émoi. Et cela prenait des dimensions considérables dans
mon esprit d’enfant crédule.
Un pont Eiffel permet de rejoindre une
grande île. La petite route me mène jusqu’à sa pointe Est pour se terminer dans
la cour d’une maison abandonnée en contrebas du mamelon la protégeant des crues.
Je fais demi-tour et change de rive pour
profiter d’une autre perspective depuis le coteau surplombant la vallée.
Superbe point de vue sur le fleuve que la lumière du soir magnifie tel un
serpent doré dans la campagne verdoyante.
Il est temps de chercher le bon bivouac.
Ne pas se précipiter pour trouver l’endroit parfait. La troisième tentative est
la bonne. J’atterris je ne sais comment sur la « gravel road » de la
Loire à Vélo, apparemment sur un tronçon sans interdiction pour les véhicules
motorisés. Quelques kilomètres sans croiser âme qui vive et je repère le spot
idéal. A 20 mères devant moi une petite plage dorée où s’écoule tranquillement
le fleuve. Quelques hirondelles viennent s’y abreuver en vol rasant. Plus loin
une famille de cygnes, dont un noir, barbote sur un petit banc de sable aux
côtés d’élégants échassiers aux becs orange courbés, tandis que tel un
crocodile passe un bois flotté dérivant sur les flots. En contre-jour des nuées
d’insectes ondulent entre les branches de saules.
Fermer les yeux et écouter le gazouillis
des oiseaux. Les rouvrir. Je pourrais tout aussi bien être sur les rives du
fleuve Niger, à moins de deux heures de la maison.
1 commentaire:
Nous y étions la semaine dernière...Depuis mon enfance chez mes grands parents à La Pointe-Bouchemaine,je suis chaque fois émerveillé par la Loire..Meme à 76 ans !!!
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