35° à Bangkok, moins 5 à Pékin. J’ai
pourtant tout prévu mais n’arrive pas à me réchauffer dans la chambre mal
isolée du Beijing International Hôtel, grand établissement dans la pure
tradition Chinoise des années 80, lorsque l’état monopolisait encore ce business.
Pas terrible, service brut, mais pratique et pas cher.
Il est 21h30 et je décide de partir
courir un peu le long de la grande avenue menant jusqu’à la place Tiananmen et
la Cité Interdite.
Collants longs, petite polaire,
coupe-vent, gants, col et bonnets, parfait accoutrement pour amuser la galerie
en traversant le lobby.
Me voilà dehors piqué par un vent
glacial. Je trottine le col remonté sur le nez et les yeux mi-clos pour me
protéger de l’air vif. Un jeune Chinois à vélo me rejoint, se retourne en me
dévisageant, puis me tape la causette dans sa langue. Normal, j’ai les yeux
bridés me dis-je en souriant, ce qui ne fait qu’accentuer encore la fermeture
de mes paupières, (comme dirait mon assistante préférée…)
Je me réchauffe doucement. A cette heure
pourtant tardive l’avenue est encore chargée de voitures à touche-touche. Je me
souviens de ma première visite ici au tout début des années 90, me rappelant alors
les embouteillages de vélos noirs de petits bonshommes habillés en tenues Mao… Quel
bouleversement en seulement juste une génération.
Les vélos encombrent maintenant les
trottoirs. Mais plus les mêmes qu’à cette époque. Pagaille de centaines de
bicyclettes oranges et jaunes comme laissées à l’abandon. En fait elles ne le
sont pas tout à fait. Juste la conséquence du système de « Velib» local
sans station. A toute heure, vous pouvez prendre un vélo n’importe où et le
laisser n’importe où. Juste à scanner le QR code de l’engin sur votre smartphone
et une appli vous donne la combinaison de déblocage du système entravant la
roue, tout en prélevant le montant de la location. A priori génial ! Sauf
que c’est le « bordel », chacun laissant les vélos n’importe où, n’importe
comment ; et je ne vous dis pas la maintenance…
Je n’ai plus froid en arrivant sur la
place Tiananmen pourtant balayée par un courant d’air polaire. Pas vraiment le
temps de m’attarder car il se fait tard. Mais toujours la magie de cette perspective
unique sur la Cité Interdite protégée par d’imposantes portes rouges, lourdes
comme celle d’un coffre-fort, derrière lesquelles tant d’intrigues ont fait la
grande histoire de la Chine éternelle.
Un souvenir me revient comme un
boomerang. Nous étions là avec ma femme dans les années 90, émerveillés par la
majesté des lieux. Un break biologique devenait nécessaire et nous nous dirigeons
vers les toilettes publiques, si je me souviens bien situées sous un coin de la
grande place. En sortant je retrouve Flo, pas vraiment dans son assiette.
- -
Ca
va pas ?
- -
J’ai
pas pu faire pipi !
- - Comment
ça, t’es malade ?
- - Non,
mais les toilettes des dames étaient collectives et ça m’a coupé l’envie !
- - Ben
oui, c’était pareil chez les hommes…
Ce souvenir coquasse me refait plisser
les yeux. Faut qu’j’arrête, ils vont me reprendre pour un des leurs…
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