
Pour le business la capitale
Thaïlandaise reste l’un des « hub’s » de l’Asean. La position
géographique y est certainement pour quelque chose. Mais il a autre chose que
seuls les Thaïlandais réussissent : assurer la continuité des échanges commerciaux
malgré une situation politique pour le moins singulière, avec ses soubresauts
réguliers faits de protestations populaires rapidement reprises en main par les
militaires contrôlés par une monarchie bienveillante et paternaliste. Etonnant,
mais cela fonctionne depuis des décennies et personne ne semble avoir à y
redire tant ici les gens sont d’une rare gentillesse. Comme si finalement les
sourires gommaient tout le reste. Le pouvoir du sourire et de l’optimisme comme
lien social… Et j’en vois qui s’amusent de mon idéalisme. On ne refait pas.
Le rendez-vous du jour est dans l’un
des très beaux hôtels de la capitale. On m’y attend dans le business center,
salle de réunion aveugle climatisée, à la sauce Américaine. Je déteste, à l’exception
des petits bouquets d’orchidées joliment disposés sur la table. Les clients
sont « des amis » et j’y viens donc seul en tenue décontractée. Ils
sont six et je vois bien que ce déséquilibre les met un peu mal à l’aise en
même temps qu’il les fascine. Je viens de l’autre bout du monde, et il ne peut
être question de toujours voyager en délégations…
Quatre heures de discussions intenses
avec mots choisis de part et d’autre pour ne pas tendre des débats aux enjeux
importants. Pas vraiment de conclusion tranchante, mais la poursuite des
échanges par écrits, chacun cherchant à construire le partenariat dont il est
question. Normal aussi que ça n’aboutisse pas aussi simplement aux compromis
acceptables de part et d’autre. Il y a encore du chemin à faire, ce dont nous
convenons autour d’un excellent diner dans un restaurant Japonais choisi avec
soin par mes hôtes.
Nous nous quittons dans une atmosphère
chaleureuse, seule manière de poursuivre la construction d’un deal prometteur.
Je décide de rentrer à pied vers mon
hôtel, établissement de qualité mais beaucoup moins cher.
J’aime ces petits moments de liberté au
contact de la vraie vie des gens. Non pas que les affaires ne soient pas une
part de cette vraie vie, mais elles ne concernent finalement que quelques « privilégiés ».
Alors sortir du contexte a toujours quelque chose de rafraîchissant, permet en
tout cas de relativiser les enjeux et profiter de l’instant, juste pour soi.
Sous la sky-road des centaines d’échoppent
proposent les même choses : street food aux senteurs épicées et produits
de première nécessité. Micro-économie qui fait vivre modestement des milliers gens.
Modestement certes, mais librement, le sourire au coin des yeux.
Au détour d’une rue, une petite fille
et sa maman confectionnent des bracelets et autres colliers de fleurs.
Magnifique artisanat de l’éphémère. Sauf qu’il s’agit ici d’art de la rue dans
sa plus simple et belle expression. L’art n’ayant d’autre but que de produire
des émotions positives en élevant l’âme de l’artiste et du public, je m’arrête
les regarder et profiter des effluves légères, ému par la grâce de cette jeune
femme et de sa fille, touché par l’utilité de leurs créations finalement toutes
aussi importantes que celles qui me font avancer sur un registre évidemment
très différent. Nous nous sourions. La petite fille me donne une fleur et je ne
peux m’empêcher de l’embrasser sous les yeux étonnés mais bienveillants de sa
maman.
J’aurais voulu prendre une photo mais n’ose
pas en rajouter, préférant rester sur cette impression de grâce, lors de l’une
de mes pérégrinations sur la petite planète.
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