Le téléphone sonne dans la chambre de l’hôtel.
-
Monsieur,
votre voiture est arrivée m’annonce gentiment l’hôtesse.
-
Merci
Mademoiselle, je descends.
Dans le lobby le chauffeur m’attend en
arborant une affichette à mon nom. Je le salut et il me conduit à la Mercedes
noire dernier cris garée ostensiblement devant l’entrée, allant jusqu’à
m’ouvrir avec classe la porte arrière gauche pour que je m’installe plus
facilement sur la vaste banquette fleurant bon le cuir de qualité.
Puis nous partons dans le flot de la
circulation dense de Bangkok, vers le siège social d’un groupe important dont
je dois rencontrer le Président, l’un des hommes les plus puissants d’Asie.
Trente minutes plus tard nous arrivons
au pied de la tour, siège social de l’entreprise. Même pas le temps d’ouvrir la
porte de la voiture, une charmante hôtesse montée sur talons aiguilles s’en
charge pour moi, m’invitant à la suivre sur un tapis rouge, sous le regard des
dizaines de personnes présentent dans le vaste hall dont j’imagine qu’ils se demandent
quel est cet occidental ayant rendez-vous avec leur Président, ici une
véritable icône vivante.
Devant l’ascenseur réservé, une seconde
hôtesse dans le même stéréotype prend le relais pour me conduire au dernier étage et m’accompagner
jusqu’à la salle de réception, visiblement le saint des saints.
D’ici la vue sur la ville est
imprenable : de la brume d’humidité et de pollution, émergent quelques
grattes ciels au-dessus de plus modestes constructions plus ou moins hétéroclites. Entre les tours, les autoroutes
aériennes dessinent au-dessus des habitations de jolies courbes, donnant au paysage
urbain des allures de citée du futur, comme on peut les voir dans les BD de
science-fiction.
Deux hommes m’attendent déjà et se confondent
en salutations exagérées avant de m’inviter à m’assoir. Ils sont sur leur 31,
visiblement impressionnés par l’audience qui m’est réservée.
Tandis que nous bavardons du temps qu’il
fait, s’ouvre un grande porte à doubles battants. Entouré de deux photographes,
costume marine impeccable, chaussures vernies, cravate de soi rouge et or, Monsieur
le Président s’avance vers moi en arborant un sourire contenu. Nous nous
serrons chaleureusement la main sous le crépitement des flashes tandis que ses
deux collaborateurs reculent discrètement.
Le Président m’invite à m’assoir à ses
côtés sur un vaste fauteuil de bois précieux sculpté recouvert de coussins de
soi. Entre nous, sur une table basse un sublime bouquet de fleurs fraiches
distille de délicieuses effluves exotiques.
Tandis que les flashes continuent de
crépiter, j’essaie de faire bonne figure tout en peinant à trouver une position
confortable entre les trop gros coussins encombrant mon fauteuil. Un dernier
petit sourire aux photographes et ils se retirent enfin.
S’installe alors à ma droite le
traducteur de mon hôte. Nous parlons en anglais qu’il comprend parfaitement
mais ne pratique pas.
Les discussions peuvent enfin démarrer
après cet accueil digne d’un chef d’état dont je demande s’il est à mon
attention ou plus certainement le film normal de la vie de VIP de mon hôte.
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