Nous remontons la péninsule de Basse
Californie du Sud en Voiture, traversant d’improbables bourgades désertes sur
les bords de la route n°1. Normal, il n’y en a qu’une... Il ne ferait pas
vraiment pas bon vivre au milieu de ce désert hérissé de cactus. D’ailleurs peu
de maisons semblent encore habitées…
Puis nous bifurquons vers l’ouest pour
rejoindre la côte Pacifique au village d’Adolfo Lopez Mateos dont la rue
principale s’échoue sur un petit ponton à quelques encablures d’une pêcherie en
activité.
C’est ici que nous embarquons sur un canot motorisé.
Moteur à mi-régime, nous naviguons tranquillement
sur un bras de mer protégé des affres de l’océan derrière une longue dune au
pied de laquelle pousse une mangrove clairsemée. Soudain Gustavo pointe du
doigt une forme rasant les flots, puis une deuxième. De quoi peut-il bien
s’agir ?
Une baleine grise et son petit, à peine
100 m devant nous ! Nous approchons doucement mais elles disparaissent. C’était
trop beau. Tout sourire notre pilote stoppe l’embarcation en scrutant les flots
scintillants de ses yeux plissés illuminant un visage tanné par le soleil et
les embruns. Brusquement, à seulement quelques mètres de notre embarcation, un
souffle puissant projette une gerbe d’eau en fine pluie diffractée en
arc-en-ciel. Apparaît alors le dos d’un cétacé, épaisse cuirasse grise recouverte
par endroits de petits coquillages parasites, qui, dans une ample ondulation déroule
entièrement son corps de géant jusqu’à la puissante nageoire caudale qui
propulse l’animal avec puissance et élégance dans ces eaux calmes. Impressionnant !
A peine remis de l’effet de surprise, une
autre baleine grise accompagnée de son petit vient raser notre coque noix sur l’autre
bord, découvrant au passage son gros œil curieux au regard bienveillant sur des
petits bonshommes stupéfiés par une telle rencontre.
Tandis que notre pilote redémarre, une
autre baleine se dirige droit sur l’embarcation, énorme masse noire qui au
dernier moment passe avec délicatesse sous le bateau sans faire de vague, comme
si elle jouait avec nous avec une incroyable douceur.
Nous naviguons maintenant plein gaz
dans un chenal entre deux dunes vers le large. Le courant est assez fort,
dessinant sur les flots de larges arabesques scintillantes. Devant nous une
autre baleine développe toute sa puissance pour avancer à contre-courant,
découvrant à chaque ondulation de son corps puissant, telle l’hélice d’un supertanker,
une magnifique nageoire caudale aux reflets argentés. Nous la rejoignons pour
voguer de concert, moment magique dont les images s’impriment à jamais, souvenirs indélébiles dont on aimerait
étirer le temps pour profiter d’un ralenti en live. Puis elle disparait.
Il est temps de faire demi-tour.
Nous rentrons vers l’embarcadère.
Absorbé par ces géants, je n’avais pas
remarqué le vol rasant des pélicans en escadrilles, par trois ou quatre, dont
quelques solitaires aux allures de vieux sages, posés à la proue des barques appontées,
semblent surveiller la petite activité de l’embarcadère aux baleines, et se
moquer de l’étonnement de petits hommes encore sous le charme de ces rencontres
exceptionnelles.
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