A tous les coins de rue des kiosques
proposent leur « street food » locale, tandis que les p’tits soldats de
l’Armée du Salut tournent les manivelles de leurs boites à musique désaccordées
en tendant leur chapeau pour une pièce ; agaçant.
Nous prenons un bus et partons vers le
Nord. La ville n’en finit pas de s’étirer, petites maisons de béton
multicolores, façon favelas construites en dur, les unes sur les autres,
jusqu’à flanc de montagne où la pente devenue trop forte ne permet plus de s’agripper.
De temps en temps l’autocar s’arrête
déposer et reprendre quelques passagers tout sourire.
Accompagné de sa guitare un gars
commence à fredonner des chansons d’amour, histoire de tuer le temps en
espérant glaner quelques pesos auprès des amoureux en ce jour de Saint
Valentin.
Puis l’on s’assoupit, bercés par la
musique et le roulis du véhicule.
-
Teotihuacan,
annonce le chauffeur en stoppant sur un petit parking de terre battue.
C’est notre destination et nous
descendons du bus, curieux de découvrir un lieu mythique de la civilisation
Maya, « Le Temple du Soleil », l’un de ceux qui inspira Hergé dans
les Aventures de Tintin.
Nous abordons le site par le sud pour
découvrir une saisissante perspective sur « l’allée des morts » - tout
un programme - large avenue pavée, bordée de constructions géométriques, dont
la perspective s’achève sur « la pyramide de la lune » quelques deux kilomètres
plus loin. Mais le plus spectaculaire est sans aucun doute « la pyramide
du soleil » dominant le site du haut de ses 60 mètres, presqu’aussi
imposante que les pyramides de Kheops.
Nous démarrons l’ascension par un large
escalier sur la face ouest de l’impressionnante construction. Mexico étant à
plus de 2200 m d’altitude, il s’agit de doser son effort. Les plateformes
intermédiaires de la pyramide à degrés permettent de reprendre son souffle et
profiter d’un point de unique sur les ruines de l’antique citée qui a abrité
jusqu’à 200 000 âmes, avant son effondrement puis son abandon vers l’an
500, pour des raisons encore obscures, la culture Maya n’ayant pas laissé
d’écrits.
Pour autant, le lieu exerce toujours autant
de fascination sur quelques esprits éclairés venus chercher ici La Lumière, et
qui s’abandonnent en rituels mystiques, mains levées vers l’astre du jour.
Nous poursuivons la montée sur un
escalier plus étroit aux marches plus hautes, tandis que quelques visiteurs
essoufflés s’en arrêtent là, les yeux dans le vague, à se demander peut-être ce
qui les avait poussé à se mettre dans cet état.
Du sommet la vue embrasse toute cette
cité perdue seulement redécouverte au 18ème siècle, passée presque inaperçue
pour les conquistadores et qui, étonnamment, avait même été quasi oubliée par les
populations locales, devenues de simples collines recouvertes d’herbes folles
noyées dans le paysage, comme si, un jour le soleil s’y était couché pour
une nuit séculaire, ajoutant encore au mystère de ce lieu unique.
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