L'arrivée
sur la Piazza del Campo est un choc, vision presqu'irréelle d’un théâtre géant.
L'esplanade ovale recouverte de briques en chevrons descend doucement en rayons
sur le Palazo publico comme le décor de fond de scène. D'une rare élégance,
superbe façade crénelée sur 3 niveaux, marbre blanc surmonté de briques ocres.
La fameuse couleur « terre de Sienne. »
A gauche de l'édifice, telle une flèche défiant les cieux, la tour
Del Mangia s'élève à plus de 100 mètres. L'aspect visuel de l'ensemble dégage
une impression de luxe et d'opulence à peu d’autres pareilles.
En y
regardant de plus près, on découvre quelques facettes de ces constructions
monumentales. Du gros œuvre - défis techniques de tenu de ces grands ensembles
- portée des voutes et des charpentes, hauteur des plafonds - jusqu’aux plus
fins détails artistiques - sculptures, dorures, couleurs… Et je ne peux m'empêcher
de faire le lien avec l'économie qui y fut associée.
Combien
d'architectes, d'ingénieurs et d'artisans, de 1000 corps de métiers complémentaires,
ont développé de façon marchande le meilleur de leur savoir-faire sur de telles
réalisations ? Combien de nouvelles techniques ont ainsi émergé ? Tous ces
domaines d'excellences qui ont pu croitre grâce au défi considérable des grands
travaux d’investissements de cette époque si bien nommée La Renaissance.
Comme à
d'autres périodes de notre histoire le progrès n’arrive que par la volonté de
voir plus loin, plus grand, plus haut – les révolutions agricoles, puis
industrielles de la fin du 18ème au début du 20ème, la
conquête spatiale de la fin du 20ème, la révolution numérique qui bouleverse
aujourd’hui nos sociétés de manière un peu anarchique, dans un grand mouvement
de globalisation sans vrai fil conducteur. Et la révolution énergétique à venir
que nos politiques tardent à mettre en œuvre de manière concertée et
volontariste, laissant en panne de croissance nos sociétés dite développées.
Pas de doute qu’il nous faudrait maintenant une nouvelle Renaissance portée par
de grands projets. Mais qui en a la volonté ?
Mais
revenons-en à notre découverte de Sienne et l’une de ses coutumes séculaires
devenue légendaire, sorte de fossile vivant de traditions moyenâgeuses où des
cavaliers montent à cru des chevaux représentant des quartiers de la ville,
pour une chevauchée fantastique de 3 tours de la Piazza del Campo où tout est
permis : coups de cravache, tirage de casaque, coups de pied, coups de
poing…
Précédée
d'un long rituel aux accents religieux, devant une foule en transe agglutinée
depuis des heures au milieu de la place et chauffée à blanc par tout ce
cérémonial préliminaire, la course très courte (à peine plus d’une minute), et
très dangereuse, est d’une extrême violence. Le vainqueur est le cheval arrivé
en tête, avec ou sans cavalier, qui déchaine une véritable hystérie de ses supporters proportionnelle à l’émotion générée par ces
joutes d’un autre temps.
Puis la
vie reprend son cours comme si de rien n’était, jusqu’au prochain Palio, dans
cette ville magique où chaque quartier est un enchantement, mélange d’histoire, de culture, d’arts et d’art de vivre.
Découvrir
Sienne est une expérience qui se s'oublie pas.
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