Nous
entrons dans des églises séculaires, je devrais dire millénaires. Franchir le
seuil de tels édifices est un étrange voyage dans le temps. On marche doucement
sur des dalles polies par tous les fidèles venus chercher ici un peu de réconfort,
ou simples curieux attirés par le lieux de culte.
Les yeux
doivent d'abords s'habituer à l'obscurité avant de pouvoir percevoir la
solennité de l’endroit. Sous une imposante voute de pierres taillées, plafonds
et murs recouverts de fresques figuratives ont des allures de chapelle Sixtine
où les artistes de la renaissance italienne ont raconté, par des images
saisissantes, quelques-uns des plus hauts faits bibliques. D’une esthétique
puissante, l'effet est frappant : étrange mélange, tel un documentaire, de la
beauté du monde d’alors et d'horreurs infernales, associations naïves du Bien
et de Mal capables de convertir à la religion la plus insensible des âmes.
Dans une
des ailes du transept, le reliquaire de Sainte Fina, adolescente morte à l’âge
de 15 ans dans d'atroces souffrances lui garantissant bonheur pour la vie
éternelle.
Fascinant
de voir comment l’Eglise de cette époque (13ème siècle) a su construire
ce type de légende pour assoir son autorité sur le peuple, en produisant les
symboles nécessaires à l’acceptation de sa condition. Les Hommes ont parfois juste
besoin d'exemples simples auxquels se référer pour masquer l’incurie des
puissants qui les exploitent sans qu’ils s’en aperçoivent. L’Eglise était alors
experte en la matière.
Puis l’on
ressort de la basilique par la porte principale pour descendre un escalier
monumental donnant sur la place principale de San Gemignano. L’effet visuel est
époustouflant, du même type que celui procuré par la vue du Mont Saint Michel
depuis la baie du Couesnon, des pyramides de Gizeh que l’on découvre progressivement en sortant du Caire, ou de Manhattan abordé par la mer : esplanade dominée par une spectaculaire « sky line » d’une dizaine de tours dont
les plus hautes culminent à plus de 50 mètres, gratte-ciels médiévaux parfaitement
préservées depuis plus de 700 ans, ayant résisté aux affres du temps et à
la succession d’une trentaine de générations jusqu’à nos jours, et leur
inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les chefs œuvres sont immortels.
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