mercredi 30 juillet 2014

Gratte-ciels médiévaux



Nous entrons dans des églises séculaires, je devrais dire millénaires. Franchir le seuil de tels édifices est un étrange voyage dans le temps. On marche doucement sur des dalles polies par tous les fidèles venus chercher ici un peu de réconfort, ou simples curieux attirés par le lieux de culte.
Les yeux doivent d'abords s'habituer à l'obscurité avant de pouvoir percevoir la solennité de l’endroit. Sous une imposante voute de pierres taillées, plafonds et murs recouverts de fresques figuratives ont des allures de chapelle Sixtine où les artistes de la renaissance italienne ont raconté, par des images saisissantes, quelques-uns des plus hauts faits bibliques. D’une esthétique puissante, l'effet est frappant : étrange mélange, tel un documentaire, de la beauté du monde d’alors et d'horreurs infernales, associations naïves du Bien et de Mal capables de convertir à la religion la plus insensible des âmes.
Dans une des ailes du transept, le reliquaire de Sainte Fina, adolescente morte à l’âge de 15 ans dans d'atroces souffrances lui garantissant bonheur pour la vie éternelle.
Fascinant de voir comment l’Eglise de cette époque (13ème siècle) a su construire ce type de légende pour assoir son autorité sur le peuple, en produisant les symboles nécessaires à l’acceptation de sa condition. Les Hommes ont parfois juste besoin d'exemples simples auxquels se référer pour masquer l’incurie des puissants qui les exploitent sans qu’ils s’en aperçoivent. L’Eglise était alors experte en la matière.

Puis l’on ressort de la basilique par la porte principale pour descendre un escalier monumental donnant sur la place principale de San Gemignano. L’effet visuel est époustouflant, du même type que celui procuré par la vue du Mont Saint Michel depuis la baie du Couesnon, des pyramides de Gizeh que l’on découvre progressivement en sortant du Caire, ou de Manhattan abordé par la mer : esplanade dominée par une spectaculaire « sky line » d’une dizaine de tours dont les plus hautes culminent à plus de 50 mètres, gratte-ciels médiévaux parfaitement préservées depuis plus de 700 ans, ayant résisté aux affres du temps et à la succession d’une trentaine de générations jusqu’à nos jours, et leur inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Les chefs œuvres sont immortels.


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