Les check-lists s’allongent, se cochent, se modifient. On empile les objets, on trie les essentiels des superflus, on imagine les pannes possibles du véhicule. La pharmacie se complète, les documents administratifs se vérifient. Mais surtout, on tente d’évacuer toutes les bonnes excuses de ne pas partir, distillées par la petite voix de « la raison » : le travail, la famille, les risques physique ou géopolitiques, ou simplement la facilité de rester chez soi.
Car partir, partir vraiment, c’est accepter de quitter sa zone de confort. Cette fameuse zone de confort… Concept insaisissable, parfois plus mental que matériel. Elle est ce moment, ce lieu, cet état d’esprit où tout nous paraît familier, rassurant, maîtrisé. Alors pourquoi donc la quitter ? Pourquoi choisir l’effort plutôt que la douceur d’un quotidien balisé ?
Parce que c’est précisément dans cette rupture que l’aventure commence. L’aventure qui nait du décalage.
Voyager a toujours été pour moi un effort. L’effort de partir. Il faut une volonté presque obstinée pour franchir le seuil, accepter de laisser derrière soi la stabilité et les habitudes. C’est pourtant à ce prix que s’ouvre la promesse du voyage. Car s’il est vrai que partir demande un engagement, revenir est toujours un plaisir intense, enrichi d’une expérience inoubliable faite de rencontres, de moments, d’images indélébiles.
Les plus beaux souvenirs ne se commandent pas. Ils s’imposent dans l’intensité d’un paysage ou le sourire d’un inconnu au détour d’une gargote de bord de route. Ils naissent de l’engagement physique quand le chemin devient difficile, du silence profond d’un désert, d’une soirée improvisée sous les étoiles, de la beauté d’une rencontre.
Dans quelques jours, ce sera un nouveau départ. Les doutes se tairont pour laisser place à l’élan. Car finalement l’appel du voyage dépasse toujours les raisons de rester. On ne saurait manquer l’opportunité de se confronter au vaste monde, de se mesurer à soi-même, d’élargir ses horizons.
Car l’aventure, au fond, n’est pas tant une question de destination que d’état d’esprit : celui d’accepter l’inconnu, avec confiance et curiosité.
Et c’est peut-être là, précisément, que réside la magie du voyage. Cette fois-ci, peut-être jusqu’aux rives du fleuve Sénégal.