À bord du bel A350, nous filons vers Hanoï. Trente-trois mille pieds, dans un azur limpide. L’air semble nous appartenir. Loin sous l’appareil, quelques nuages bourgeonnent, comme des massifs de coton flottant paresseusement au-dessus de la mer Noire. Leurs ombres glissent sur les flots, dessinant d’éphémères continents imaginaires qui s’effacent au gré du vent. Le tumulte des hommes est loin. Seul demeure le souffle des moteurs qui propulse la machine à près de neuf cents kilomètres à l’heure.
Vu d’ici, le monde paraît tellement plus beau. Les blessures terrestres disparaissent sous l’harmonie des formes. Les cicatrices des villes, les routes encombrées, les brouhahas et tensions géopolitiques se dissolvent dans une perspective élargie. C’est peut-être cela le véritable privilège du vol : changer d’échelle, prendre de la hauteur, et découvrir que là-haut la beauté l’emporte sur le chaos.
Vu d’ici, le monde paraît tellement plus beau. Les blessures terrestres disparaissent sous l’harmonie des formes. Les cicatrices des villes, les routes encombrées, les brouhahas et tensions géopolitiques se dissolvent dans une perspective élargie. C’est peut-être cela le véritable privilège du vol : changer d’échelle, prendre de la hauteur, et découvrir que là-haut la beauté l’emporte sur le chaos.
J’ai toujours aimé voler. Les avions sont pour moi des machines à rêves. Ils adoucissent le monde en donnant à chacun la possibilité de se hisser au-dessus des frontières, des distances, et parfois même des peines. Ils offrent une échappée hors du quotidien, une promesse d’ailleurs, un frisson d’infini.
J’ai donc aussi appris à voler pour le plaisir, sur des appareils légers. Pas de sièges inclinables, pas d’écrans individuels ni de cabines pressurisées. Seulement une verrière, un cockpit exigu, quelques cadrans, et l’air.
Le premier vol solo demeure gravé comme une initiation. Le moteur vrombit, l’herbe de l’aérodrome défile, et soudain, un frisson : les roues quittent la terre. À ce moment précis une frontière invisible est franchie et tout devient possible. La sensation est incomparable. La machine réagit au moindre geste. Le manche, les palonniers, tout semble prolonger le corps. Dans une incomparable sensation de liberté, on vire, on monte, on descend, comme si l’on dessinait soi-même les lignes invisibles du ciel. L’horizon se déploie à 360 degrés, les perspectives se dilatent tandis que le monde se contracte sous vos pieds.
Ce qui m’a toujours fasciné dans le vol n’est pas seulement la technique, mais avant tout la liberté qu’il procure. Aller d’un point à un autre par le chemin le plus court. La ligne droite, pure et simple, comme une vérité élémentaire. Ou bien simplement zigzaguer au gré de sa fantaisie dans l’air du matin.
Voler, c’est aussi se détacher du temps. Là-haut, les minutes s’étirent différemment. Le ciel n’a pas d’horloge ; il se mesure en luminosités changeantes, en nuages qui naissent et s’effilochent, en vents qui caressent ou bousculent. Et puis il y a la part du rêve. Passer au-dessus d’un relief, longer une côte découpée, survoler des fleuves et vallées…
Chaque vol est un récit, une épopée miniature où le pilote se fait conteur de paysages. Et le ciel n’est pas seulement un espace physique, mais un état d’âme. C’est là que l'on retrouve, peut-être, une part d’éternité.
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