mardi 3 août 2021

Les beaux bivouacs de Gemini

Certains rêvent de résidence secondaire dans un lieu paradisiaque. On peut les comprendre et même les envier. Mais aussi agréable soient-ils, de tels lieux de villégiature ne seraient-ils pas un fil à la patte où, certes il fait bon aller se reposer dans une cadre idyllique, mais en se privant des beautés du vaste monde ?

Depuis des années nous nous sommes dit que le jour où nous pourrions le faire, plutôt qu’une maison secondaire, ce serait plutôt une tiny house à roulettes, véhicule de voyage capable de sortir des sentiers battus pour nous transporter vers les plus beaux endroits de la terre. Un camping-car ? Pas vraiment. Plutôt un camion léger, tout terrain, aménagé pour le voyage et capable d’aller partout, ou presque. Confinement aidant nous avons franchi le pas avec l’acquisition de notre « Gemini », en hommage aux petites capsules spatiales des pionniers de l’espace Américain dans les années 60. Pour ceux que cela intéresse, un sprinter Mercedes 4x4, boite auto avec réducteur, aménagé par Hymer, et éguipé des dernières interfaces multimédias. Le détail qui tue : en plus du lit permanent à l’arrière, le toit relevable offre un deuxième couchage XL. On ne va pas vous mentir, c’est une merveille.

Nos premiers tours de roue nous conduisent vers les grands espaces du Massif-Central puis de la Lozère sauvage. En fin de journée, la lumière chaude et rasante donne aux cônes parfait des volcans éteints de la Chaine des Puys des allures de Jurassic Park. Ne manquerait plus que de croiser quelques dinosaures pour qu’au voyage s’ajoute une dimension extra-temporelle.

Parce qu’ici la vue est parfaite, on s’arrête bivouaquer sur une prairie au bord de la départementale sur les pentes de la Banne d’Ordanche. Et c’est comme si la perspective s’étirant sur des dizaines de kilomètres élevait l’esprit. Au petit matin on enfile les chaussures de rando, les sacs à dos, et partons randonner un peu au hasard sur les hauts plateaux que l’herbe ondulante décore en plaines Mongols. L’imagination se laisse porter. Le voyage prend alors sa vraie dimension. 

Avec plaisir nous retrouvons notre Gemini.

Et maintenant, on va où ?

-       La Lozère, ça te dit ?

-       C’est sauvage...

-       Ben oui. Justement.

Et l’on se laisse transporter par la route. Prendre les départementales pour ne surtout pas éviter les villages de cette France « profonde » où il fait bon s’arrêter. Prendre un café au troquet hors d’âge de la place de l’église et acheter le pain frais à la seule boulangerie où la patronne rondelette vous accueille derrière son comptoir en bois ciré.

La réserve naturelle des Cévennes autour du Mont Lozère n’a rien à envier aux parcs naturels Américains. Les paysages lunaires des grands causses à l’origine de bien des légendes et où sévit la bête du Gévaudan sont à couper le souffle. Nous empruntons les pistes autorisées d’abord larges et roulantes avant qu’elles ne se dégradent en étroits chemins caillouteux. Gemini fait des merveilles, confirmant son pédigrée de véhicule d’expéditions au potentiel hors du commun. S’arrêter ici, remettre les chaussures pour rejoindre le Pic Cassini orné de se son cône géodésique et y pique-niquer sans parler, les yeux perdus dans l’immensité du paysage...


Sur les traces de Stevenson, nous poursuivons notre pérégrination le nez au vent au gré des beaux itinéraires proposés par la carte Michelin au 1/250 000ème. Choisir les plus petites routes vertes au creux des gorges, ou vers les cols les plus élevés. On tourne un peu en rond, mais on s’en fiche. Peu importe la destination. Seul le voyage compte. Plaisir de se déplacer dans des paysages somptueux, découvrir des villages isolés où le temps semble s’être arrêté, puis choisir un beau bivouac en pleine nature pour la nuit.

Ah, si seulement la vie pouvait être aussi simple.

 

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