La traversée du plateau des Cévennes, devenu aujourd’hui réserve naturelle, n’a probablement pas beaucoup changé depuis Stevenson. Bien sûr il y a maintenant des routes. Mais ce sont plutôt des « routins », chemins muletiers élargis suivants les irrégularités du relief naturel et recouverts de goudron rapiécé.
Sur les grands causses, de vastes prairies ondulantes ponctuées de gros rochers, comme s’ils avaient été posés là pour la beauté du paysage. Entre les fermettes, quelques troupeaux paissent paisiblement sur des parcelles délimitées par des kilomètres de fils barbelé rouillé tirés le long de poteaux de bois grossièrement taillés. Très loin, la ligne d’horizon magnifiquement dessinée par les reliefs de moyenne montagne que l’on finit par rejoindre. Et l’on entre alors dans un autre monde où l’horizontalité cède sa place à la verticalité des gorges. Parfois les nuages s’accrochent aux reliefs, ajoutant au mystère du panorama une touche de poésie ressemblant aux estampes traditionnelles Chinoises. Au creux des vallées, la route en lacet finit toujours par rejoindre un village, la plus souvent point de traversée des rivières par d’antiques ponts de pierres aux voutes élancées plusieurs fois centenaires.
On s’y arrête faire quelques courses alimentaires chez l’épicier du coin, puis déguster un expresso à l’ombre des platanes. Le temps n’a plus vraiment d’autre dimension que l’instant de cette déambulation estivale. La pluie se met à tomber mais ça n’a aucune espèce d’importance. Les goutes en seraient presque agréables.Les paysages changent. Les odeurs aussi. On entre en Provence et ses senteurs d’herbes aromatiques. Les Alpilles nous projettent dans les tableaux de Paul Cézanne que l’œil de l’artiste a su magnifier dans ses interprétations magistrales.
Les champs d’oliviers alternent avec les fruitiers, les vignes, et les rangs de lavande. Tout semble parfaitement posé, génie de l’homme ayant su organiser le potentiel d’une nature généreuse. On s’arrête au hasard découvrir un village. Juste parce qu’il semble faire bon y vivre au pied des restes d’un château médiéval. Marcher sous la pluie tiède dans ces ruelles étroites et mal pavées où quelques résidents s’accrochent encore. Croiser quelques originaux venus d’on ne sait où, ayant trouvé là leur eldorado spirituel... Le petit restaurant nous accueille chaleureusement. On y déjeune délicieusement. Cuisine simple et de qualité, magnifiée par la gentillesse du couple dont c’est toute la vie.Nîmes et ses arènes. Impossible de ne pas s’y arrêter, comme certainement des milliers de voyageurs fascinés depuis 2000 ans par cette construction exceptionnelle dont on parle à des centaines de kilomètres à la ronde.
Imposantes de l’extérieur, les arènes prennent toute leur dimension à l’intérieur. Du haut des gradins, la perspective projette le regard vers le centre de la scène ovale, comme l’œil d’un cyclone vu de l’espace. L’impression est saisissante, sans aucun doute le but recherché par ses concepteurs et promoteurs : faire converger regards et émotions du peuple sur le spectacle donné par le pouvoir, marquer les esprits, fédérer les masses populaires autour d’évènements dont on se souviendra longtemps. Quel pouvait être l’effet de combats de gladiateurs sur les spectateurs ? Peu de doute qu’à l’époque nous y serions allés pour voir...
On y donne aujourd’hui concerts et spectacles historiques. Autre temps autre mœurs. Mais toujours ce besoin de vibrer ensemble.
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