lundi 10 août 2020

La Riviera des Alpes...


Aix-Les-Bains sur les bords du Lac du Bourget, la Riviera des Alpes disent les slogans publicitaires. Rien que ça !

A eux seuls, ces deux noms ont déjà quelque chose de vintage. La grande époque des stations thermales où l’aristocratie y prenait ses quartiers d’été pour profiter des eaux aux vertus magiques. Quand l’aérodrome du Bourget qui n’a rien à voir - si ce n’est la concordance de nom et d'époque - était le hub des premiers vols commerciaux, et où Charles Lindbergh, du haut de ses 25 ans, touché par la grâce divine réussit la première traversée de l’Atlantique Nord à bord du monomoteur Spirit Of Saint Louis, et s'y posa saint et sauf le 20 mai 1927.

Nous descendons au « Carré d’Aix », hôtel hors d’âge tenu par une Italienne qui ne l’est pas moins. La dame comme le lieu sont charmants. Et l’établissement, idéalement situé à deux pas du Casino.

Marcher au hasard dans les rues d’Aix est une immersion dans une époque que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître... Une « éternité » qui nous replonge dans l’extravagante insouciance des années folles et son architecture un rien prétentieuse. On croyait alors au progrès. Les inventions, comme l’on disait, promettaient un avenir radieux au plus grand nombre. Jusqu’à ce que l’inconsistance des politiques d’alors conduise au désastre de la seconde guerre mondiale, seulement 20 ans après la précédente.

Mais ce qui frappe ici, est le nombre de personnes âgés, petits enfants des contemporains de La Belle Epoque, comme un balbutiement de l’histoire, presque la fin d’un cycle.

Dans la rue, tous sont masqués, comme apeurés par le contexte inédit du moment. Surtout des vieilles dames, preuve s’il en est encore besoin, qu’elles résistent mieux à l’usure du temps.

-        - Et si nous allions au Casino ?

-       - Nous n’avons pas la tenue...

-       - Car il faut une tenue maintenant ?

-       - Regardons les gens qui y rentrent... 

     - T’as raison, rien de très spécial.

Nous échouons à la première tentative. Tenue correcte acceptée, mais faute d’une pièce d’identité. Heureusement l’hôtel est à 2 pas...

Nous entrons masqués comme tous les clients. Mais s’agit-il de clients ou de pigeons ? Car l’endroit, aussi clinquant soit-il, ressemble à un attrape-nigauds. Les strass semblent agir sur le public comme des appâts de pêche. Bienvenue dans le monde merveilleux des rêves de fortune instantanée où l’on sa fait plumer !

 -       -  Sais-tu comment on joue ?

-       - Par vraiment... On n’a qu’à faire comme dans James Bond : commander un Martini on the rocks au shacker et s’installer à une table de jeu.

-      -  Sauf qu’on ne connait pas les règles...

-       - On pourrait peut-être se les faire expliquer ?

-       - Tu parles. Rabattons-nous sur quelque chose de plus simple. Les batteries de machines à sous nous attendent.

-       - T’as raison. As-tu des sous ? Regarde, la machine prend directement les billets.

-       - A moins qu’elle ne les dévore. C’est d’ailleurs le but de ce business.

-       - Que tu es rabat-joie...

-       - Bon d’accord, commençons pas 20 Euros.

Un billet avalé, puis on appuie sur les boutons d’une machine programmée pour gagner. Même si au tout début elle donne l’illusion de vouloir nous laisser empocher un peu d’argent. Alors on se prend au jeu en remettant les « gains ». Puis on finit par tout perdre.

 -    -  On essaie un autre coup ?

-       - Il ne me reste que 10 Euros en cash.

-      -  Allez...

Même scénario, même résultat !

C’est donc allégés de 30 Euros que nous déambulons dans le temple du jeu pour observer les gens. Et il y en a des « pauvres gens », totalement hypnotisés par le scintillement des écrans et le tintement des pièces de monnaie tombant dans les gobelets. Surtout des femmes âgées que l’on vole, profitant de la solitude du crépuscule de leur vie. Quelques curieux aussi, comme nous, qui s’y essayent sachant pertinemment qu’en entrant ils ont déjà perdus. A moins que ce ne soit le simple prix à payer pour profiter du spectacle de déchéance offert en ces lieux.

-       - Et si on allait diner ?

-       - T’as encore un peu de sous ?

-       - T’inquiète...

 

 

 

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