samedi 8 août 2020

De la Provence indolente au grand théâtre des Alpes

 

Du plateau des Cévennes, le hasard de nos pérégrinations nous mène en Provence où la chaleur étouffante nous plonge dans l’indolence de ses paysages arides écrasés par le soleil du midi.

Ici tout semble marcher au ralenti, sauf peut-être le crissement entêtant des cigales, comme celui, en soirée, des grenouilles au bord des marigots. Allez savoir pourquoi l’on tolère, dans leur contexte, des bruits autrement plus forts que bien des nuisances de voisinages… 

 
Les villages aux volets fermés ponctuent les départementales tortueuses. Nous contournons par le Nord le Mont-Ventoux et son allure de glace à la vanille s’abandonnant sous la canicule.
Puis nous rejoignons la route des Baronnies de Provence surplombée par quelques imposants châteaux construits sur des promontoires naturels. Quand le pouvoir s’affichait à l’aune de la position dominante sur le paysage.
Au gré des sinuosités de l’approximative bande d’asphalte, des fragrances de lavande titillent nos narines. La récolte tire à sa fin, et les champs perdent leur belle couleur bleutée pour la tenue d’hivers, longues bandes parallèles comme des balais brosses.
 
Les contreforts montagneux annoncent le grand théâtre des Alpes où l’on s’engage avec délectation. Les ondulations laissent place à des reliefs plus marqués. Les vallées se resserrent et l’horizon disparait derrière des massifs rocheux tels des murs infranchissables. La route commence à serpenter vers des cols mythiques. Nous n’avons que l’embarras du choix. La Madeleine, puis la Croix De Fer que l’on attaque avec gourmandise, laissant s’exprimer la puissance du bolide. Sortie d’épingles en 2ème, puis franche accélération en 3ème puis 4ème pour apprécier la poussée virile et le feulement du 6 cylindres turbo, avant de sauter sur les freins en rétrogradant rageusement, histoire de profiter des râlements rauques de la machine. Et recommencer jusqu’au prochain virage…

La forêt laisse place aux alpages avant d’atteindre le sommet sous un soleil radieux. En perspective, le majestueux Mont-Blanc, les aiguilles acérées des écrins, et le cône sommital du mythique Cervin. Nous en avons la tête qui tourne tant la vue est à couper le souffle.

Nous partons randonner sur les sentiers d’altitude respirer l’air pur de cette grande nature. Nul besoin de parler, juste jouir du spectacle comme des privilégiés, éphémères rois du monde fixant les images inoubliables de cette promenade pour les jours de mauvais de temps.

On s’arrête au hasard dans un petit hôtel de montagne donnant sur une vallée profonde, et l’on s’installe à la terrasse siroter un café en dégustant un bon livre…

         -       On va où demain ? 

-       Regarde donc la carte…

-       Par-là ?

-       Et pourquoi pas plutôt par-là ?

-       N’es-tu pas un peu contrariant ?

-       Pas du tout puisque nous n’avons pas de plan.

-       C’est vrai, j’avais oublié.

-       Alors d’accord. Allons donc à Aix-les-Bains par le lac d’Annecy.

 

 

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