A cette heure encore matinale, quelques
bancs de brumes cotonneuses s’effilochent comme de la barbe à papa au creux de la
vallée. Le soleil encore froid donne aux goutes de rosée des reflets scintillants,
telles des milliers d’étincelles magnifiant les belles couleurs d’automnes. A
petite vitesse, nous montons sur les hauteurs de Villeuneuve d’Allier. Dans les
sapinières, quelques chasseurs dans leurs tenues de camouflages oranges à l’affut
de gros gibiers. Alain, notre guide, s’arrête les saluer. Un peu plus loin, 2
promeneurs emmitouflés dans leurs doudounes s’adonnent à la marche nordique.
Nous passons au ralenti en échangeant des petits signes amicaux. Ici, les
amoureux de la nature et des grands espaces cohabitent paisiblement, respectueux
de l’environnement, bien conscients qu’il ne peut y avoir d’exclusivité. On est
bien loin des caricatures écolo de gens bien-pensants, comme si l’espace était
réservé aux seuls marcheurs du dimanche.
La piste caillouteuse se fait plus
raide. Rester concentré. Regarder loin devant, bien anticiper la trajectoire en dosant la poignée de gaz pour franchir la difficulté comme sur
des œufs.
Puis l’on sort de la forêt pour retrouver
une vaste prairie. Nous stoppons profiter d’un panorama à couper le souffle :
en bas l’Allier serpente dans la vallée. De l’autre coté le château de Saint
Ilpize surplombe le village et son vieux pont suspendu. Les fumées bleutées montant
des cheminées donnent au paysage la touche de vie qu’aucune photo ne saura jamais
rendre.
Il fait encore frais et nous repartons sur ces sentiers comme s’ils avaient été tracés pour nous. Merveilleuse sensation que de pouvoir rouler dans ces paysages en toute liberté sur des machines développées pour cela.
La piste rejoint un hameau de quelques maisons
de pierre crues. Un peu à l’écart une grange antédiluvienne où sommeillent des tracteurs hors d’âge. On passe sur un filet de gaz pour ne pas
déranger, avant de retrouver les sous-bois aux senteurs de champignons où s’épanouissent
de magnifiques coulemelles.
Le chemin débouche sur une petite route
que nous traversons pour poursuivre la ballade en surplomb de la rivière sur
une ancienne voie romaines bordée d’un muret de pierres. Vertigineuse rétrospective
que de compter les générations de voyageurs l’ayant emprunté, et se dire que
nos crampons y laissent aussi une petite marque éphémère.
Nous traversons l’Allier par un pont séculaire
très étroit pour se retrouver au pied d’un prieuré abandonné autour duquel s’enroule
un méandre de la rivière. La lumière est magnifique sur cette vieille bâtisse
qui auraient tant à raconter. On s’arrête profiter de l’endroit comme pour
ralentir le temps en se disant le plaisir d’être là. Il est midi. Peut-être avons-nous
roulé 30 km depuis notre départ, et pourtant déjà cette sensation d’être loin
de tout, pour une journée totalement déconnectée des contraintes de nos vies.
Merci Alain. C’était juste (très) bien !
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