Voyager sans but est l’opportunité de
jouer d’une manière inédite avec l’espace-temps.
Passer d’une époque à l’autre sans se
soucier de la cohérence intellectuelle de la démarche, profitant simplement de
l’instant présent :
Découvrir à Orléans le labo du CNRS où travaille Lou, notre
fils ainé, avec une équipe de doctorants internationaux et multidisciplinaires – sur les moteurs spatiaux
à propulsion ionique, préfigurant les futurs voyages interplanétaires – avant de
marcher dans la cathédrale millénaire sur les dalles polies par les pas de plus
de 40 générations de fidèles. Grand écart étourdissant mais tellement
stimulant.
S’arrêter déjeuner dans une gargote de pêcheurs, éblouis par les flots
irisés du fleuve, avec en perspective les panaches de vapeur des tours de
refroidissement d’une centrale nucléaire, tandis que, poussé par l’onde
tranquille, passe une gabare, bateaux à fond plat typique des bords de Loire.
Puis dormir dans une cabane sur pilotis, chez une Parisienne reconvertie en
apicultrice-chambre d’hôte, descendante d’une guérisseuse recluse dans un
taudis au sommet de « la Montagne aux Alouettes ».
Certains y perdraient peut-être leur
latin, mais j’avoue que ce type de journée totalement improvisée est assez
jouissive, surtout quand on est bien accompagnée comme je le suis.
Alors on y prend goût.

Puis repartir sous les orages pour descendre
dans un hôtel propret de Paray-Le-Monial où le sens du service est la raison d’être
des gérants de l’établissement, jusqu’à gentiment gronder leur petite fille
quand elle ne sourit pas assez aux clients.
Paray Le Monial, de manière forte
inattendue pour nous, se retrouvent des pèlerins du monde entier venus ici se
recueillir dans la Chapelle de la Visitation, lieu d’une triple apparition
supposée du Christ à une religieuse, puis dans la splendide basilique Romane où repose
Saint Claude La Colombière. Il ait des lieux comme cela où la spiritualité se
concentre, créant, malgré l’omniprésence des marchands du temple, une atmosphère
particulière faite de « zenitude » un peu béate, un peu hors du temps
aussi, comme si tout le reste n’avait plus vraiment d’importance.
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