De loin on dirait quelques nuages
accrochés au sommet d’une imposante montagne enneigée. Puis au fur et à mesure
que l’on s’en approche, ce qui pouvait être confondu avec de gentils cumulus
apparait en fait comme de puissantes nuées éructant du sommet de l’Etna,
cheminée géante crachant ses fumées en de spectaculaires arabesques gazeuses d’un
blanc immaculé.
Etrange impression que d’attaquer l’ascension
d’un des plus actifs volcans de la planète : la route d’abord qui serpente
sur sa large pente sud. On quitte les plantations de fruitiers pour serpenter
dans des champs de laves refroidies, capharnaüm minéral quasi stérile sorti des
entrailles de la terre où renaissent quelques fleurs multicolores et chétifs arbustes.
A chaque virage nous tournons la tête pour ne pas perdre de vue la gueule du
dragon.
2000 m d’altitude : un funiculaire
hors de prix nous dépose à 2400, puis un camion 4x4 jusqu’à 2700 au pied du cône
sommital. Par mesure de sécurité, impossible de monter plus haut en cette
période de forte activité. D’impressionnantes coulées de lave encore tièdes
marquent la ligne à ne pas dépasser. Dommage, mais tout de même quelle impression
de se trouver si près du cratère éruptif de la bête légendaire iconographié par
tant de voyageurs.
Ne reste alors qu’à profiter du spectacle
offert par cette nature brute, celle de nos origines, à une époque où notre
petite planète, bien que pleine de promesses, était encore inhospitalière.
Marcher sur ce tapis de cendres et scories noire sans cesse renouvelé, paysage
lunaire changeant au gré des colères du monstre à des parfums de début du
monde. Imaginez que les premiers pas de Neil Amstrong sur la lune l’ont été sur
ce type de sol originel, « au commencement du monde » la lune ayant
été arrachée à la terre lors d’une collision cataclysmique avec un astéroïde a
de quoi donner le vertige.
Plus loin, un dôme d’où s’échappe de
légères fumerolles. Nous nous en approchons prudemment. La paysage vibre dans
la chaleur émanant du sol comme au-dessus d’un toaster géant. Nous entrons dans
le petit cratère crachant sa vapeur tel une cocotte-minute, avec cette drôle d’impression
qu’à tout moment cela pourrait exploser. Et l’on comprend mieux pourquoi le
diable y aurait élu domicile.
Plongeant le regard en contrebas vers
la vallée verdoyante le cerveau se reconnecte au monde réel. La ligne de côte finement
dessinée appelle à d’autres « explorations ». Il est temps de
redescendre vers des terres plus hospitalières.
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