Terminant un saut de puce depuis
Nantes, le petit ATR 42 se pose à la pointe du jour sur le tarmac de Paris Orly. Cela fait
des années que je n’y suis pas passé, transitant le plus souvent par Roissy
Charles de Gaulle ou Amsterdam pour mes vols internationaux. En réalité je pars
seulement vers Londres pour un rendez-vous important calé au tout dernier
moment, et il n’y avait plus de place sur les vols directs. Nous transitons donc par ce lieu chargé d’histoire, premier grand aéroport Français, symbole de modernité à l’aube des années 60.
L’un des charmes des petits appareils
à hélice est que l’on en sort par les portes escaliers directement sur la piste,
étant trop bas pour venir apponter directement les tunnels télescopiques prévus
pour les plus gros avion.
On profite donc des premiers rayons du
soleil dans les vapeurs de kérosène et les sifflements moteurs des nombreux appareils
déjà en mouvement sur la plateforme. J’adore.
Quelques pas dans cette ambiance si
particulière où hommes et machines en tout genre se croisent dans un balai
réglé au millimètre n’ayant pour autre objectif que d’assurer fluidité et
sécurité des mouvements aériens, sous l’œil vigilant de la tour de la tour contrôle,
telle le donjon d’une forteresse contemporaine.
Car il faut bien admettre que les
aéroports sont aujourd'hui devenus de véritables forteresses où la sécurité est
omniprésente. Et même si le contexte actuel justifie certainement des mesures
particulières, je ne peux m’empêcher de penser qu’on en fait quant même beaucoup,
entretenant une sorte de psychose, un peu comme celle de la guerre froide à l’époque
où il fallait se protéger de la menace nucléaire venue de l’Est. Et tout cela
est devenu un énorme business alors que les terroristes n’ont pas vraiment de
raison de viser plus particulièrement aéroports et avions quand il est si facile
de faire un massacre dans la rue comme nous le vivons malheureusement
actuellement.
Sur ces considérations je suis happé
par les escalators électriques de l'aérogare. Traversant le grand hall du
terminal Ouest sous la magnifique horloge astronomique très vintage, je repense à
la belle époque où la génération de nos parents venaient ici en R16 le Dimanche après-midi, assister en toute liberté depuis
les terrasses des bâtiments aux mouvements des avions - merveilleuses machines à rêve, élégantes Caravelles et majestueux Boeing 707, le premier jet commercial intercontinental - en partance pour
les quatre coins du monde. Le progrès était en marche et tout paraissait alors
possible.
Que dire alors quand aujourd'hui le moindre projet progressiste se heurte aux blocages d'une société en panne ? (Cf. Notre Dame des Landes). Que serait devenue la France si nos parents n'étaient pas allés de l'avant, confiants dans la construction d'un avenir meilleur ?
Que dire alors quand aujourd'hui le moindre projet progressiste se heurte aux blocages d'une société en panne ? (Cf. Notre Dame des Landes). Que serait devenue la France si nos parents n'étaient pas allés de l'avant, confiants dans la construction d'un avenir meilleur ?
Encore un contrôle de sécurité avant d’accéder
à la porte d’embarquement alors que j’en ai déjà subi deux depuis mon départ de
Nantes...
Puis nouveau saut de puce vers l’aéroport de
London Heathrow pour un atterrissage sous un ciel moutonneux typique des îles Britanniques.
Arriver en Angleterre a toujours un
parfum d’ailleurs. Rapide et efficace passage de douane électronique pour les
résidents de l’Union Européenne, et nous voilà dans l’aérogare où les titres des
tabloïds s’affolent sur les « Panama Papers », ces fuites de capitaux
privés vers les paradis fiscaux sous couvert de sociétés off-shore au Panama.
Et il se trouve que le 1er ministre Britannique serait un peu
concerné, parmi bien d’autres Hommes d’états et célébrités fortunées. Pourquoi s’étonner
ensuite de la désillusion populaire, voire de la défiance contre la politique et l'économie ? Heureusement que tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac.
Suivant le jeu de piste des terminaux
connectés par trains automatiques, nous rejoignons l’hôtel du rendez-vous
avec notre correspondant venu des Etats-Unis : importante discussion en « terrain
neutre » concernant l’avenir de notre Groupe. La journée de travail
peut vraiment commencer.
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