« Toutes nos excuses M. Grimaud,
mais un changement de dernière minute oblige notre Président à se rendre à Hong-Kong en urgence. Pouvons-nous organiser la rencontre là-bas, plutôt qu’à
Bangkok comme initialement convenu ?
Signé S ».
Mince, pas d’autre choix que de
s’adapter. Déjà en Asie, j’appelle Delphine qui recale aussitôt le programme
pour Hong-Kong. Après tout, cela fait longtemps que je n’y suis pas allé…
L’atterrissage sur le nouvel aéroport
n’a plus le charme d’antan, quand l’approche finale se faisait au-dessus de la
ville, perpendiculairement à la piste, et qu’au dernier virage on avait
l’impression que l’aile droite de l’appareil allait accrocher le linge étendu
sur les terrasses des immeubles. On pose maintenant sur des pistes construites sur
la mer au terme d’un impressionnant chantier de plusieurs années et qui, tout
en ajoutant de la sécurité, avait permis de libérer de l’espace pour le développement
urbain tentaculaire de l’ancienne enclave britannique dans l’empire du milieu.
De l’aéroport on prend un taxi rouge
vers la ville que l’on découvre progressivement derrière quelques collines,
avant que la ligne de ponts suspendus ne nous projette jusqu’à la baie,
saisissante vision d’un immense lac couvert de cargos, et entouré de montagnes
au pied desquelles pousse une forêt de gratte ciels dont les sommets se perdent
dans la brume évanescentes de la fin d’après-midi.
Tandis que le soleil se couche, les
étoiles urbaines s’allument progressivement pour former un halo scintillant de
mille feux électriques réfléchis par la mer, comme un bijou dans un écrin.
Comment résister à une telle force
d’attraction ?
Peu de villes au monde distillent d’un coup d’œil une telle
émotion visuelle : Manhattan vue depuis Ellis Island, San Francisco
depuis l’autre côté du Golden Gate, la sky line de Shanghai depuis les rives de
la mer de Chine... Sans doute ces images
nous renvoient-elles une expression du génie humain, château de Blanche Neige pour adultes, eldorado
artificiel aux allures de cités extraordinaires pleine de promesses.
En se rapprochant, les constructions
prennent des allures de cathédrales, perspectives célestes jouant avec la
lumière artificielle réfléchie en rayons multicolores par les façades de verre
et d’acier entre lesquelles bourdonnent les hélicoptères des VIP. A se
demander si tout cela est bien réel.
…
68ème étage : depuis le
bureau transparent les perspectives s’inversent, belvédère artificiel et nouveau choc visuel, de ceux ressentis face à
un paysage naturel exceptionnel. Sauf qu’ici tout a été façonné par la main de
l’homme, grisante impression de puissance peut être propice au
« business ».
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