A
l'embarquement une haie d'honneur accueille les passagers du vol Air-France
Paris CDG - Tokyo Haneda. Procédure quelque peu inhabituelle pour un équipage
Français que de faire des courbettes aux clients sur la passerelle d'accès au
triple 7. Mais lorsqu’il s’agit du vol inaugural d’une nouvelle ligne on met les
petits plats dans les grands. Et il faut bien reconnaître qu’il est assez
valorisant de se faire accueillir de la sorte, et tout particulièrement
apprécié par les Japonais.
Pas
si souvent qu'une compagnie ouvre une nouvelle ligne intercontinentale. Tout
sourire l'équipage nous reçoit sur son 31. Pour ces professionnels du voyage
l'instant est empreint de solennité, héritage de leurs prestigieux ainés, pionniers
des lignes commerciales à une époque pas si lointaine où prendre l'avion était
une aventure : on s’envolait de « champ d'aviation », pistes en
herbe où l'on montait littéralement en avion par une échelle en aluminium, dans
les flaveurs d’huile et d’essence mélangées, sous d'énormes hélices accrochées à
des moteurs en étoiles. Les cabines étaient
ni pressurisées ni vraiment chauffées, et l’on voyageait dans le vacarme
assourdissant de ces grandes orgues mécaniques, ballotés par les turbulences de la
couche nuageuse, emmitouflé dans des manteaux fourrés, chapeauté et ganté. Sûr qu’il
fallait alors avoir le cœur bien accroché et le porte feuille bien garnis, pour
des voyages de plusieurs jours s’il s’agissait de rejoindre l’Asie, via d’indispensables
et exotiques escales indispensables au ravitaillement et à la maintenance de l’avion.
L'annonce
du commandant de bord est quelque peu surfaite, mais l'on sent la passion du
métier. Et je dois reconnaitre que je l'envie un peu. Tracer « tous les
jours » de belles courbes comme une comète éphémère dans la stratosphère
reste encore un peu magique et ne doit pas trop prendre la tête...
Vol
de nuit parmi les étoiles au dessus de l'immense Russie dans une indicible
sensation d'ailleurs, longue somnolence comme une parenthèse entre deux mondes.
Devant
nous le ciel pâlit. En quelques minutes les rayons du levant envahissent la
cabine comme tous les matins radieux à 10 000 mètres d'altitude.
Petit
déjeuner, descente après un long virage à droite au dessus du Pacifique, parfait « kiss landing »
à Tokyo Haneda sous les applaudissements des passagers. Et cette impression de
vivre un instant unique quand le commandant nous remercie d'avoir été les
premiers sur cette nouvelle ligne Air-France, tandis que les hôtesses remettent
un diplôme à chacun, comme une page du rêve de la longue et belle histoire de
l'aviation.
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