Nous sortons de la conférence de
presse sous un soleil radieux. Toujours agréable de prendre l’air après
quelques heures dans les locaux exigües des villes Japonaises.
Ici l’espace est millimétré,
optimisé, super bien tenu mais il ne faut pas être claustrophobe. Ma chambre
d’hôtel de la nuit dernière ne devait pas faire plus 4 m2, juste de quoi se
glisser sur un bord du lit de 180 cm (de long), pieds et tête contre les cloisons.
Quant à la valise, impossible de l’ouvrir ailleurs que sur lit. Amusé
j’essayais d’imaginer un américain de 130 kg habitué au "king size bed" dans des chambre-appartements
de 30 m2.
Notre salle de conférence faisait
moins de 15 m2 pour 12 personnes. Pas besoin de parler fort pour de faire
entendre.
D’un pas vif, notre client nous
conduit par les ruelles étroites impeccablement entretenues, où quelques mini-vans
aux formes carrés circulent doucement et se garent au millimètre dans les
courettes jouxtant les habitations. On se croirait dans une ville Playmobile
tant c’est ajusté propre et rangé. Ici rien de dépasse, tout simplement par ce
que rien ne peut dépasser. Et le champ de vision se limite au coin de la rue
d’après.
Nous débouchons sur le parc d’Ueno,
en fait un point d’eau entouré d’arbres en fleurs pareils à des centaines de
bouquets géants. C’est un véritable festival végétal, comme si l’instant précédent
notre arrivée, tous les boutons avaient éclos en même temps. Coïncidence
heureuse, nous nous trouvons là les quelques jours de floraisons des cerisiers
si chers au cœur des Japonais. Et ils
sont des milliers à pratiquer l’art du « hanami », consistant à
regarder les fleurs tout en flânant dans les allées bordées d’arbres d’un blanc
immaculés, d’où se détachent quelques roses pastel.
Dans des fragrances
subtiles de printemps, les amoureux se tiennent la main - pas si courant ici -
et se prennent en photo sous les branches fleuries, tandis que familles ou groupes
d’amis pique-niquent sur des couvertures étalées sous les arbres. Quelques
risées fugaces agitent les arbres libérant des milliers de pétales blancs,
flocons légers caressant les têtes comme des baisers parfumés. Le sol,
recouvert d’innombrables confettis blancs et roses a des allures de lendemain
de festival.
En contre-jour, sur l’autre rive du
lac scintillant, un petit temple rouge au toit vert semble flotter sous les
tours de béton, contraste saisissant illustrant parfaitement le pays du soleil
levant, mélange de traditions et de modernité, dans une réelle cohérence où l’attention
aux détails est un art de vivre.
Sous le charme, nous poursuivons la
promenade. Et je me demande combien de voyageurs voulant profiter de cet exceptionnel
spectacle éphémère, entre nature subtilement agencée, tradition romantique,
poésie, et conditions météo adéquates, arrivés trop tôt ou trop tard, ont été
bien déçus de manquer cela.
Se trouver au bon endroit au bon
moment tient finalement parfois à bien peu de chose.
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