L'endroit
est impressionnant, presqu'intimidant, quelque part à 1h30 de voiture au large
de Varsovie, vers l'ouest, très grand bâtiment perdu dans une vaste zone
forestière rougeoyante en ce début d'automne.
C'est
ici, au cœur de la Pologne que notre équipe locale a décidé d'inviter nos
clients pour une importante action promotionnelle.
Débarquant
la veille de Paris en jeans et blouson de cuir, le ton m'est donné par Stanislaw,
le patron de notre opération locale, lorsque très diplomatiquement il me fait
comprendre que la dress-code de l'événement est "habillé". Je le
rassure en indiquant avoir, une fois n'est pas coutume, en plus de mes runnings
un costume dans mon bagage à main et le sens immédiatement rassuré. Il faut
dire qu'il a la pression le Stanislaw, s'apprêtant à recevoir près de 200 invités
représentant la fine fleur de l'industrie porcine polonaise.
19h précises,
au terme d'une dense journée technique très réussie, avec une ponctualité quasi
germanique, nos invités se présentent "sur leur 31" à l'entrée de la salle gala :
Messieurs le plus souvent en costumes, les Dames en tenues de soirée à la
taille et longueur inversement proportionnelle à leur maturité...
Le diner
se déroule de façon très convenue autour de tables rondes propices à l'échange,
les toasts à la vodka échauffant doucement l'atmosphère, jusqu'au moment ou les
"boys" font leur entrée sur scène sous les vivats des convives.
Sacrée
allure les "boys", groupe de chanteurs-danseur local un peu
burlesque, bien connus en Pologne, tous habillés de noir avec blouson Perfecto
et pantalons bouffants façon souk de Marrakech, en totale décalage avec le
style de la soirée. Mais dès les premières notes la salle reprend en cœur la
chansonnette sur un rythme endiablé, tandis que sans attendre on se précipite
sur la piste de danse, pour se laisser aller sans complexe et sans transition
dans une fête totalement débridée, à des années lumières de l'atmosphère
professionnelle assez retenue de la journée.
Sur la scène les 4 grands gaillards reprennent des airs populaires en dansant
sur d'improbables chorégraphies un peu pataudes, mais drôles, façon Blues
Brothers, soutenus par les voix de la salle qui ne s'agite pas moins sur la
piste qu'autour des tables un verre de vodka à la main. Quelle ambiance ! Comme
si une soupape s'était soudainement ouverte, laissant échapper la fantaisie
cachée de l'âme slave.
- Imagine
la même chose à West De Moine Iowa me lance Pieter.
Impossible
pour les américains, malgré leur apparente décontraction, de se lâcher de la
sorte dans un cadre professionnel.
Et de
jeter un œil amusé sur Jennifer, l'une des représentantes de notre équipe
recherche et développement basée aux USA dont c'est la première visite en
Europe Centrale, entrainée dans rock endiablé par solide Polonais tout à
sa joie de faire danser une jolie américaine et qui, finissant la soirée un peu
éméché, ne la lâche plus en déclamant les seuls mots de son vocabulaire anglais :
I love America, I love Obama, I love you Jennifer !
Où comment
nait l’amitié entre les peuples...
1 commentaire:
J'imagine assez bien en effet 'Jen' dans un rock polonais. -thom-
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