Au cœur de Montréal, arrêté à un feu
tricolore, l’œil rivé sur le GPS de mon smartphone en attendant le passage au
vert, quand un gars à bord d’une camionnette à notre hauteur sur la file de
droite nous fait signe de baisser la vitre. Un peu surpris j’appuis sur le
bouton de la commande électrique.
-
Super
car mon gars ! Ca fly bien ? nous lâche t-il avec enthousiasme, tout
sourire et des étoiles plein les yeux.
-
Ben
oui, une bonne voiture de location… que
j’lui réponds, tandis que le feu passe au vert.
J’écrase alors la pédale de droite et
la voiture s’envole effectivement, poussée par les 400 CV du puissant V8 Hemi
de 5,7 litres de cylindrée, au son des grandes orgues de Bach démarrant dans
les octaves les plus basses, de celles qui vous prennent aux tripes à faire
trembler les fonds baptismaux de cathédrales, pour s’envoler vers des notes
plus aigües de la marche nuptiale, moment de jubilation, tandis que l’aiguille
du compte-tour s’affole comme celle d’un chronomètre perdant la notion du temps,
corps plaqué au fond du siège. Et déjà il faut freiner sur le feu suivant.
...
Sur ce
coup nous avons eu de la chance.
Débarquant il y 2 jours des USA, nous
nous sommes présentés au comptoir Avis prendre la voiture de location réservée
depuis la France. Aucun véhicule de la catégorie intermédiaire commandée n’étant
plus disponible, l’agent nous propose une Fiat 500. Aïe, sûr ça ne va pas le
faire à 3, dont 2 femmes... avec armes et bagages. Le gars nous propose alors un
véhicule de catégorie supérieure en montrant à l’écran une BMW série 3 noire à coté d’une
superbe auto rouge à bandes blanches, quelque chose de très discret dans le
style Starsky et Hutch si vous voyez ce que je veux dire.
En insistant un peu, Flo réussit à le
convaincre de nous la laisser pour le même prix. Ce que veulent les femmes… Et
nous voilà au volant d’un rutilante Dodge Challenger RT rouge, moteur Hemi V8
5,7 litres et jantes chromées de 20 pouces, véritable "muscle car" américaine. Rien de très discret. Mais comme dit
Nina, on s’en fout, ici personne ne nous connait.
...
-
Tu prends
à droite sur l’avenue Lorimier en direction du pont Jacques Cartier, me dit
Flo.
Nous roulons doucement, façon
road-movie, dans le flux de la circulation sur le bel ouvrage métallique,
toutes vitres et toit ouverts, histoire de profiter du temps magnifique sans
rien manquer de la symphonie mécanique du gros bouilleur à 8 cylindres.
Nous passons sur l’île Sainte Hélène
puis rejoignons l’île Notre Dame sur la Rivière Nord du Saint Laurent. C’est bien
là, inscrit en gros : « Circuit Gilles Villeneuve ». Et aussi
étonnant que cela puisse paraître, nous voilà directement sur la piste, à bord
d’une vraie voiture de sport, entre rails de sécurité et grillages
de protection ; de quoi passer à l’acte…
Petit coup d’accélérateur :
WROOOOAP !
Mais au milieu de la bande d’asphalte des plots délimitent l’espace. A gauche réservé aux vélos et rollers…, à droite aux
voitures, avec une limitation à 30 ! Fin du rêve d’un instant et triste
destin pour une piste où se sont écrites quelques belles pages de l’histoire de
la F1.
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