samedi 4 mai 2013

Grand-Messe à Montréal



23h, perchés sur un belvédère dominant Montréal, nous profitons de la vision de nuit toujours magique d’une grande citée moderne brillant de mille feux, comme une guirlande de Noël s’étalant à perte de vue de part et d’autre du fleuve Saint Laurent.
 
De retour du match de hockey, play-off de la coupe Stanley entre l’équipe des « Canadiens » de Montréal et les « Sénateurs » d’Ottawa, Luc, notre hôte de quelques jours, fait un petit crochet pour nous faire découvrir, non sans une certaine fierté, le flamboyant spectacle de sa ville natale. Et effectivement cela vaut de détour.

Même si nous sommes encore sous le coup de la défaite, ayant évidemment encouragé l’équipe Québécoise en scandant le « go habs go ! » qui va bien, quel plaisir que ce grand moment  de communion avec les partisans (comprendre supporters en bon français…) soutenant leur équipe favorite dans une ferveur quasi religieuse, sorte de grand-messe où l’on vient en famille partager un intense moment de bonheur et d’émotion.
Imaginez plus de 20 000 personnes dans une enceinte fermée plongeant sur une patinoire brillante comme un diamant, au dessus de laquelle une sono du diable crache des décibels à gogo tandis que les écrans géants et autres effets de lumières, tels les éclairs d’un violant orage, flashent le public pris d’une incroyable ferveur ; version contemporaine de quelques unes des plus belles réalisations de la Renaissance Italienne où l’on découvrait au peuple d’impressionnantes voutes décorés par les plus grands artistiques de l’époque, peintures multicolores évoquant avec force les choses du ciel et de la terre, à la fois enthousiasmantes et terrifiantes.
Et là vous pensez que j’exagère et devrais aller plus souvent au stade pour me soigner. Mais vous vous trompez. Car ce que nous avons vu n’a vraiment rien à voir avec le coté soporifique de bien des matchs de foot. L’intensité est ici multipliée par 10 quand on considère que les joueurs pénètrent dans l’arène dans un roulement ininterrompu d’entrées-sorties pour un engagement moyen de 45 secondes (oui, vous avez bien lu quarante cinq secondes), tels des gladiateurs casqués et équipés de véritables armures pour un vrai combat physique. Im-prés-sion-nant !

Regard perdu dans les étoiles électriques de la ville, ce retour au calme me ramène étrangement à notre visite matinale de la Basilique Notre Dame de Montréal.

Entrer dans une église est toujours un moment singulier où l’on plonge, qu’on le veuille ou non, dans une ambiance particulière faite de recueillement et de dévotion propice à l'introspection, où l’on réfléchit au sens de la (sa) vie, aux valeurs fondamentales de l’humanité, à l’état du monde, dans un décors solennelle : ici sous un magnifique plafond bleu profond égayé d’étoiles argentées, douce pénombre illuminée de scintillantes « lumières célestes » à travers de merveilleux vitraux figuratifs, avec sourdine de grandes orgues en musique de fond.
Il ne fait aucun doute que tous ces ingrédients incitent à la méditation.
Déambulant dans le vaste édifice je laisse aller mes pensées en suivant les tableaux toujours frappants de la passion du Christ, dans un style de peinture classique presque identique à celui de l’église de mon village associée pour toujours aux commentaires acerbes et culpabilisants du curé de ma petite enfance, au long des 14 stations du chemin de croix où nous devions pour chacune d’elle réciter une prière, et ne peux m’empêcher une nouvelle fois de me demander pourquoi montrer tant d’horreur et de souffrance quand d’autres religions exhortent au contraire une certaine idée du bonheur et de la sérénité par des figuratifs illustrant joie, abondance et félicité.
Chemin faisant, je croise des visiteurs du monde entier, croyants ou simples curieux venus découvrir le bel édifice. L’instant est agréable.
Arrivant au fond de la basilique au terme de ce saisissant « retour vers le futur », je tombe sur une vaste chapelle connexe où un office est célébré, moment particulier pour les pratiquants qui se retrouvent à cimenter ensemble les fondamentaux de leur foi. Il est vrai que nous sommes en semaine, mais je suis tout de même frappé par le petit nombre de fidèles, surtout par leur âge. La chrétienté décline ici aussi, et cela me ramène à la lecture récente du petit recueil de mémoires d’un oncle aujourd’hui âgé, relatant entre autre l’engagement des jeunes de son âge, à une époque finalement pas si lointaine où Catholicisme était synonyme de modernité et de progrès. Les jeunes s’y engageaient alors volontiers avec enthousiasme, participant à des cérémonies festives ou l’on sortait les oriflammes et défilait derrière la fanfare du village, étrange parallèle avec la ferveur vécue ce soir au « Centre Bell », profane cathédrale érigée aux Dieux du stade.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

VEINARD !!!!!
Le rêve d'un ex hockeyeur choletais.
Marco