23h, perchés sur un belvédère
dominant Montréal, nous profitons de la vision de nuit toujours magique d’une
grande citée moderne brillant de mille feux, comme une guirlande de Noël
s’étalant à perte de vue de part et d’autre du fleuve Saint Laurent.
De retour du match de hockey,
play-off de la coupe Stanley entre l’équipe des « Canadiens » de Montréal
et les « Sénateurs » d’Ottawa, Luc, notre hôte de quelques jours, fait
un petit crochet pour nous faire découvrir, non sans une certaine fierté, le flamboyant spectacle de sa ville natale. Et effectivement cela vaut de détour.
Même si nous sommes encore sous le
coup de la défaite, ayant évidemment encouragé l’équipe Québécoise en scandant
le « go habs go ! » qui va bien, quel plaisir que ce
grand moment de communion avec les
partisans (comprendre supporters en bon français…) soutenant leur équipe favorite
dans une ferveur quasi religieuse, sorte de grand-messe où l’on vient en famille
partager un intense moment de bonheur et d’émotion.
Imaginez plus de 20 000
personnes dans une enceinte fermée plongeant sur une patinoire brillante comme
un diamant, au dessus de laquelle une sono du diable crache des décibels à gogo
tandis que les écrans géants et autres effets de lumières, tels les éclairs d’un
violant orage, flashent le public pris d’une incroyable ferveur ; version contemporaine
de quelques unes des plus belles réalisations de la Renaissance Italienne où l’on
découvrait au peuple d’impressionnantes voutes décorés par les
plus grands artistiques de l’époque, peintures multicolores évoquant avec force
les choses du ciel et de la terre, à la fois enthousiasmantes et terrifiantes.
Et là vous pensez que j’exagère et devrais
aller plus souvent au stade pour me soigner. Mais vous vous trompez. Car ce que
nous avons vu n’a vraiment rien à voir avec le coté soporifique de bien des
matchs de foot. L’intensité est ici multipliée par 10 quand on considère que
les joueurs pénètrent dans l’arène dans un roulement ininterrompu d’entrées-sorties
pour un engagement moyen de 45 secondes (oui, vous avez bien lu quarante cinq
secondes), tels des gladiateurs casqués et équipés de véritables armures pour
un vrai combat physique. Im-prés-sion-nant !
Regard perdu dans les étoiles
électriques de la ville, ce retour au calme me ramène étrangement à notre
visite matinale de la Basilique Notre Dame de Montréal.
Entrer dans une église est toujours
un moment singulier où l’on plonge, qu’on le veuille ou non, dans une ambiance particulière faite de recueillement et de dévotion propice à l'introspection, où
l’on réfléchit au sens de la (sa) vie, aux valeurs fondamentales de l’humanité,
à l’état du monde, dans un décors solennelle :
ici sous un magnifique plafond bleu profond égayé d’étoiles argentées, douce pénombre
illuminée de scintillantes « lumières célestes » à travers de
merveilleux vitraux figuratifs, avec sourdine de grandes orgues en musique de
fond.
Il ne fait aucun doute que tous ces
ingrédients incitent à la méditation.
Déambulant dans le vaste édifice je laisse
aller mes pensées en suivant les tableaux toujours frappants de la passion du
Christ, dans un style de peinture classique presque identique à celui de
l’église de mon village associée pour toujours aux commentaires acerbes et
culpabilisants du curé de ma petite enfance, au long des 14 stations du chemin
de croix où nous devions pour chacune d’elle réciter une prière, et ne peux
m’empêcher une nouvelle fois de me demander pourquoi montrer tant d’horreur et
de souffrance quand d’autres religions exhortent au contraire une certaine idée
du bonheur et de la sérénité par des figuratifs illustrant joie, abondance
et félicité.
Chemin faisant, je croise des
visiteurs du monde entier, croyants ou simples curieux venus découvrir le bel
édifice. L’instant est agréable.
Arrivant au fond de la basilique au
terme de ce saisissant « retour vers le futur », je tombe sur une
vaste chapelle connexe où un office est célébré, moment particulier pour les pratiquants qui se retrouvent à cimenter ensemble les fondamentaux
de leur foi. Il est vrai que nous sommes en semaine, mais je suis tout de même frappé
par le petit nombre de fidèles, surtout par leur âge. La chrétienté décline
ici aussi, et cela me ramène à la lecture récente du petit recueil de
mémoires d’un oncle aujourd’hui âgé, relatant entre autre l’engagement des
jeunes de son âge, à une époque finalement pas si lointaine où Catholicisme
était synonyme de modernité et de progrès. Les jeunes s’y engageaient alors volontiers
avec enthousiasme, participant à des cérémonies festives ou l’on sortait les
oriflammes et défilait derrière la fanfare du village, étrange parallèle avec la
ferveur vécue ce soir au « Centre Bell », profane cathédrale érigée aux Dieux
du stade.
1 commentaire:
VEINARD !!!!!
Le rêve d'un ex hockeyeur choletais.
Marco
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