20h15, par habitude je mets le nez
dehors et jette un œil au zénith, réflexe d’un amoureux des étoiles en quête de
perspectives célestes. Il faut dire que depuis des mois nous ne sommes pas
gâtés, baignés dans une grisaille déprimante sous une épaisse et persistante
couverture nuageuse. C’est simple, il pleut, il pleut et il pleut ; et ça
fini par saper le moral.
Machinalement je jette donc un œil
dehors, et oh surprise, constate que ce soir le ciel est clair, dégradé d’un
bleu marine profond à l’est vers les orangés de l’horizon ouest.
Plein sud, les premières étoiles d’Orion
s’allument doucement tandis que Jupiter brille déjà au dessus des Pléiades.
Sans hésiter je monte à mon bureau
prendre la paire de binoculaires 20 x 100 d’occasion récemment acquises, les
fixe à un pied d’appareil photo, attrape mon petit tabouret pliable, enfile un
anorak, un bonnet, des gants, et me poste au fond du jardin où l’horizon ouest
est bien dégagé.
Elle devrait être là…
J’écarquille les yeux au dessus des
dernières lueurs crépusculaires. Un peu plus haut peut-être ? Non, je ne
distingue rien.
Je pointe alors les jumelles et balaye
doucement le ciel vers l’ouest. La voilà…
Dans le champ de vision des
puissantes binoculaires elle rempli l’espace, image saisissante de la comète
Panstarrs tel un ange plongeant vers l’horizon dont la chevelure évanescente s’évapore
dans l’éther. Instant magique où l’on s’immerge dans le cosmos à la poursuite
d’un astre rare et éphémère, dans sa longue course elliptique à travers le
système solaire pour venir frôler l’astre du jour en vaporisant dans l’espace
un spectaculaire panache laiteux, et repartir, pour ce qu’il en reste, se
perdre au-delà des plus lointaines planètes pour peut-être ne jamais
réapparaitre.
Certaines théories prétendent que les
comètes seraient à l’origine de la vie en dispersant derrière elles leur
semence cosmique de molécules carbonées complexes à l’origine de la vie,
ajoutant à la beauté du spectacle une touche de mystère presque métaphysique.
Je suis sous le charme, totalement ailleurs, absorbé par ce spectacle unique.
Et progressivement l’image se trouble
en se rapprochant de la ligne d’horizon – là où l’atmosphère épaisse absorbe
les rayons lumineux – puis s’estompe pour disparaître complètement…
Un ange est passé.
(L’avez-vous
aussi aperçu ? Rassurez-vous, 2013 est une année exceptionnelle où l’on
attend pour décembre prochain le passage d’une autre comète que l’on annonce
encore plus spectaculaire, et probablement visible à l’œil nu. Peut-être
tomberez-vous alors aussi sous le charme de ces visiteuses célestes auxquelles
ont été si souvent associés d’extraordinaires évènements.)
1 commentaire:
très belle façon de concevoir la vie
Enregistrer un commentaire