La neige tombe sur Loveland,
Colorado. Nous sommes pourtant le 23 avril et il fait moins 6°. C’est à n’y
rien comprendre.
Il est 3 heures du matin et je n’ai
pas sommeil, en décalage horaire, l’esprit encombré par des états d’âmes de
globe-trotter loin de son port d’attache à courir après je ne sais quelle
chimère sans avoir vraiment le temps de se poser pour profiter peut-être plus
simplement d’une existence paisible auprès des miens.
Ma femme me manque terriblement, nos
enfants grandissent, j’aimerais aussi passer plus de temps avec mes amis, avoir
tout simplement plus de disponibilité pour faire toutes ces choses qui
m’intéressent aussi, pour profiter d’avantage.
Mais une vie n’y suffira pas et je ne
voudrais pas non plus avoir de regrets. Alors j’essaie de tout concilier avec
le sentiment parfois désagréable de vivre un peu sur le fil du rasoir, sans
pouvoir totalement jouir de l’instant présent, pris dans une course contre la
montre où il s’agit de ne pas perdre une miette du bref instant qui nous est donné.
Au hasard je clique sur la liste de
musiques favorites dans mon répertoire et tombe sur la jolie chanson de Chris
de Burgh « The snow is falling ». Il est parfois d’amusantes
coïncidences…
Demain deux rendez-vous importants
dont les scenarii tournent en boucle dans ma tête avec les effets somatiques classiques : boule au ventre et légère migraine. J’essaie de
rationaliser et me motiver en générant des images positives, de celles qui permettent
d’avancer au 35ème kilomètre du marathon ou bien, quand perdu dans les
hautes solitudes, le corps refuse de
poursuivre l’ascension en vu du sommet et qu’il ne peut être question de ne pas
y aller. Putain c’est dur et je m’accroche à l’objectif d’entreprise que je me
suis fixé, malgré les coups nombreux, dans l’univers impitoyable de l’économie
mondiale où le moindre faux pas est sanctionné cash ; au sens le plus strict du
terme.
Ne rien lâcher, persévérer encore et
encore, se dire qu’on peut le faire quand d’autres auraient déjà peut-être
renoncé, qu’on est là pour quelque chose, et que c’est un privilège d’en avoir
l’opportunité. Exister tout simplement.
J’ai envie d’appeler ma femme pour
lui dire combien sans elle je ne suis qu’une moitié, combien malgré tout je me
sens vivre en faisant ce que je fais, que j’ai besoin de son soutien, de ses
ondes magiques qui relance la machine, que j’aimerais lui consacrer plus temps,
plus d’attention ; mélange de sentiments un peu confus que je serais bien
incapable d’exprimer clairement par téléphone, « paumé » dans mon hôtel
au bord de la route 87 à 10 000 km de là, au beau milieu de la nuit. Il y
aurait de quoi l’inquiéter…
Il faut que je me calme, fais
quelques pompes pour évacuer un peu de tension, puis retombe dans ma torpeur
en me disant que demain - tout à l’heure - sera un autre jour plein de
promesses qu’il s’agira de ne pas manquer de transformer en réalité pour
continuer à se sentir vivre pleinement, savourer chaque instant, même si certains ont
parfois un goût amer.
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