samedi 6 octobre 2012

Nuit torride



23 heures : l’œil rivé sur le GPS, je roule doucement sur une longue allée bordée de résidences cossues qui me conduit jusqu’à l’hôtel réservé pour la nuit.
Bien qu’il fasse nuit noire, l’endroit semble assez chic, au milieu d’un golf 19 trous. Devant la réception une affiche annonce un tournoi professionnel international pour le lendemain. Je comprends qu’il doit y avoir du beau monde.
Tirée à quatre épingles, la jeune fille de l’accueil semble fatiguée. Je me présente. Elle me tend la clé et nous échangeons un sourire.
      -      Chambre C95 Monsieur. Au bout de l’allée, vous rejoignez une petite esplanade, puis c’est sur votre gauche, m’indique-t’elle en me montrant la direction derrière la porte d’entrée.
Tirant ma valise à roulette je marche doucement sur une passerelle en béton sur pilotis.
A ma droite dans la pénombre, le parcours de golf au milieu duquel je crois apercevoir les reflets argentés d’un petit lac.
Sur ma gauche de jolis bungalows en bois montés sur des structures métalliques, également sur pilotis, en dessous desquels sont impeccablement parquées les « golfettes », voiturettes électriques pour se déplacer sur le cours.
Les numéros sont fléchés. Je gravis quelques marches pour rejoindre le seuil de ma chambre au demi-étage supérieur.
Derrière la porte, une vaste chambre à l’Américaine à la décoration contemporaine sobre. Fourbu le m’affale un instant sur le lit les yeux perdus dans les reflets de l’abat jour pendu au plafond, lorsque des gémissements me parviennent aux oreilles. Je me lève. Ils semblent venir de la porte double donnant sur la chambre voisine. Curieux j’approche… les gémissements saccadés ressemblent à la ceux d’un petit animal, puis je distingue nettement la voix d’une femme dont les halètements ne laissent aucun doute sur l’origine de tant d’émotions. Ah, les nuits coquines à l’hôtel ! J’en souris intérieurement en me broussant les dents, avant de sombrer dans les bras de Morphée seul dans mon « king-size bed ».
7h, encore en tenue de jogging je rejoins la salle du petit déjeuner l’esprit frais et reposé pour les deux jours de séminaires qui m’attendent avec mon équipe de direction.
C’est pour moi la meilleure heure de la journée, celle où tout est encore possible.
D’excellente humeur je profite du moment en dégustant une délicieuse omelette lorsque, au moment où une femme entre dans la salle, le souvenir de la veille me traverse l’esprit.
Une image subliminale : serait-ce ma voisine ? Elle est seule et je n’arrive pas à l’imaginer… Je suis alors pris d’un irrésistible fou rire à la pensée de la scène tout en avalant un yaourt à la Myrtille. Non décidément ça ne peut-être cette femme assez banale sur laquelle je ne peux transférer « mon fantasme » matinal.
Attendons donc la prochaine entrée féminine…
(Force est de constater que dans ce type d’établissement la clientèle est essentiellement masculine.)
Dix minutes plus tard, quatre jeunes femmes entrent quasi simultanément dans la salle, puis cinq ou six hommes. Il s’agit visiblement d’un groupe en séminaire dans ce lieu agréable. On se dit bonjour à grand renfort de bises sonores. Mine de rien je ne peux m’empêcher de les observer discrètement tout en sirotant mon thé brûlant, imaginant que ça ait pu se passer entre personnes de ce groupe, à la faveur d’une petite escapade coquine à l’hôtel. Pure supposition bien sûr... je n’aillais tout de même pas me lever demander qui occupait la chambre 93, même si l’envie ne m’en manquait pas.
Qui a dit voyeur ?
Non, non, juste « la solitude » de l’homme d’affaire en déplacement.

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