23 heures : l’œil rivé sur le
GPS, je roule doucement sur une longue allée bordée de résidences
cossues qui me conduit jusqu’à l’hôtel réservé pour la nuit.
Bien qu’il fasse nuit noire,
l’endroit semble assez chic, au milieu d’un golf 19 trous. Devant la réception
une affiche annonce un tournoi professionnel international pour le lendemain.
Je comprends qu’il doit y avoir du beau monde.
Tirée à quatre épingles, la jeune
fille de l’accueil semble fatiguée. Je me présente. Elle me tend la clé et nous
échangeons un sourire.
-
Chambre
C95 Monsieur. Au bout de l’allée, vous rejoignez une petite esplanade, puis
c’est sur votre gauche, m’indique-t’elle en me montrant la direction derrière
la porte d’entrée.
Tirant ma valise à roulette je marche
doucement sur une passerelle en béton sur pilotis.
A ma droite dans la pénombre, le
parcours de golf au milieu duquel je crois apercevoir les reflets argentés d’un
petit lac.
Sur ma gauche de jolis bungalows en
bois montés sur des structures métalliques, également sur pilotis, en dessous
desquels sont impeccablement parquées les « golfettes », voiturettes
électriques pour se déplacer sur le cours.
Les numéros sont fléchés. Je gravis
quelques marches pour rejoindre le seuil de ma chambre au demi-étage supérieur.
Derrière la porte, une vaste chambre
à l’Américaine à la décoration contemporaine sobre. Fourbu le m’affale un
instant sur le lit les yeux perdus dans les reflets de l’abat jour pendu au
plafond, lorsque des gémissements me parviennent aux oreilles. Je me lève. Ils
semblent venir de la porte double donnant sur la chambre voisine. Curieux j’approche…
les gémissements saccadés ressemblent à la ceux d’un petit animal, puis je
distingue nettement la voix d’une femme dont les halètements ne laissent aucun
doute sur l’origine de tant d’émotions. Ah, les nuits coquines à l’hôtel !
J’en souris intérieurement en me broussant les dents, avant de sombrer dans les
bras de Morphée seul dans mon « king-size bed ».
…
7h, encore en tenue de jogging je
rejoins la salle du petit déjeuner l’esprit frais et reposé pour les deux jours
de séminaires qui m’attendent avec mon équipe de direction.
C’est pour moi la meilleure heure de
la journée, celle où tout est encore possible.
D’excellente humeur je profite du
moment en dégustant une délicieuse omelette lorsque, au moment où une femme
entre dans la salle, le souvenir de la veille me traverse l’esprit.
Une image subliminale :
serait-ce ma voisine ? Elle est seule et je n’arrive pas à l’imaginer… Je
suis alors pris d’un irrésistible fou rire à la pensée de la scène tout en
avalant un yaourt à la Myrtille. Non décidément ça ne peut-être cette femme
assez banale sur laquelle je ne peux transférer « mon fantasme »
matinal.
Attendons donc la prochaine entrée
féminine…
(Force est de constater que dans ce
type d’établissement la clientèle est essentiellement masculine.)
Dix minutes plus tard, quatre jeunes
femmes entrent quasi simultanément dans la salle, puis cinq ou six hommes. Il
s’agit visiblement d’un groupe en séminaire dans ce lieu agréable. On se dit
bonjour à grand renfort de bises sonores. Mine de rien je ne peux m’empêcher de
les observer discrètement tout en sirotant mon thé brûlant, imaginant que ça
ait pu se passer entre personnes de ce groupe, à la faveur d’une petite escapade
coquine à l’hôtel. Pure supposition bien sûr... je n’aillais tout de même pas
me lever demander qui occupait la chambre 93, même si l’envie ne m’en manquait
pas.
Qui a dit voyeur ?
Non, non, juste « la solitude »
de l’homme d’affaire en déplacement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire