dimanche 21 août 2011

Un américain à Shanghai

Shanghai a quelque chose de New-York ou San-Francisco, mégapoles côtières où des gens du monde entier se croisent dans une sorte de frénésie trépidante, mélange de cultures, incroyable melting-pot où se côtoient habitants de la cité, businessmen pressés, touristes en tout genre, dans une ambiance électrique dégageant une incroyable énergie positive.

J’y retrouve mes équipiers européens et américains pour une importante négociation avec un très grand groupe agro-alimentaire Asiatique (20 milliards de $ de chiffre d’affaires). Le Président en personne sera là, il s’agit de ne pas se louper. Nous avons tous un peu la pression, mais peut-être moins que nos interlocuteurs habituels au sein de la société pour qui la venue de leur Président est un enjeu considérable…
- Selon son intérêt, notre Président peut participer à la réunion une demi-heure ou trois heures nous avait t’on prévenu !
Nous étions avertis. A la surprise et satisfaction générale il restera six heures avec nous, preuve de son grand intérêt pour le projet.

Alors que nous avions été briefé sur le « dress code » requis pour la rencontre – costume cravate (je ferai personnellement l’impasse sur la cravate) – arrivant de Chicago un peu décalés et pensant faire un court arrêt à l’hôtel avec la réunion, sans le savoir nos collègues américains rejoignent directement le meeting à leur sortie de l’avion, pas rasés, en jeans froissés.
La surprise s’ajoutant à la fatigue ils ressemblent à deux adolescents qui auraient fait une grosse bêtise. Pas de lézard, tout le monde a bien compris la situation plutôt cocasse qui ajoute à la décontraction de l’atmosphère.

Pour Mark, solide Américain débarquant de l’Iowa, c’est le premier voyage en Chine. Tandis que nous allons dîner avec nos hôtes il se confond en excuses. J’ai beau lui expliquer qu’il n’y a vraiment aucun problème, je crois qu’il pense que j’en rajoute.
Pendant le repas je ne peux m’empêcher de sourire de ses yeux d’enfant découvrant un monde aux antipodes de ses repères habituels. Manger à la baguette légumes croquants, poisson et crevettes à la vapeur n’a rien de commun avec le sirloin steak de 400 grammes accompagnée de la grosse pomme de terre à la crème engloutis au steak-house de son quartier ; mais il s’en sort plutôt bien.

Le lendemain, au terme d’une excellente matinée de travail entre notre équipe et celle de nos partenaires, nous décidons de rentrer à l’hôtel à pied, convaincus que c’est « la porte à côté » ; Pieter et moi en tête, Jim et Mark suivant derrière.
Arrêt au Starbuck Café du coin. Mark reprend des couleurs dans cet environnement qu’il connait. Nous allons même jusqu’à manger un hamburger au Mac’Do face à la Pearl Tower (l’équivalent local de notre Tour Eiffel) pour le mettre parfaitement à l’aise. Du coup il est complètement sous le charme, fasciné par cet environnement ultra moderne aux antipodes de l’image de la Chine traditionnelle, véritable révélation de ce qui se passe ici, lui qui débarque de sa toute puissante Amérique.

Nous marchons depuis plus d’une demi-heure sous un soleil de plomb, avec 90% d’humidité, transpirant comme des coureurs de 10 000 m. Bien que convaincus de ne pas être bien loin de l’objectif, entre les spectaculaires perspectives verticales se reflétant sur les façades de verre cristallin des tours du quartier d’affaire, à l’évidence nous sommes bel et bien perdus. Je sens Mark légèrement stressé par cette situation plus comique qu’autre chose lorsque nous essayons avec difficulté de demander notre route à quelques jeunes gens passant par là.
- It’s amazing (c’est étonnant) ne cesse t-il de répéter. Amazing ! Amazing !
Nous finissons par retrouver l’hôtel…
C’est vrai que c’est étonnant et il n’est pas au bout de ses surprises.

Le soir je propose à mon équipe une petite sortie sur Nanjing Road, les Champs Elysée local.
- Taxi ? propose prudemment Mark…
Je lui réponds métro et observe avec amusement son étonnement.
Tandis qu’à la borne automatique nous achetons les tickets pour la station « People Square », j’entends les commentaires étonnés et admiratifs sur la propreté des lieux de mes amis Américains.

People Square Station : direction la sortie par un dédale de couloirs impeccables. Quelques marches puis sortie sur l’esplanade donnant sur Nanjing Road.
Mark est sous le choc, ébloui par les flashes électriques de milliers d’enseignes lumineuses mutlicolores.
- Ouah, plus impressionnant que Time Square (à New York) lâche t-il !
Avant d’ajouter :
- Et tous ces gens. Ils sont des dizaines de milliers, des centaines de milliers ! Tous jeunes. T’as vu, dans cette foule on compte les vieux sur les doigts de la main !

Le lendemain après-midi nous roulons vers l’aéroport. Je partage le taxi avec Mark qui rentre vers Chicago tandis que je poursuis mon voyage asiatique vers Bangkok.
Mark a le mot de la fin :
- Fred, la puissance change de côté, c’est ici que ça se passe maintenant.
Même pas peur de Jackie Chan Mark !

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