vendredi 26 août 2011

Beer Festival à Qingdao

Sans doute y a-t-il quelques buveurs de bière réguliers dans les lecteurs assidus de mes petites chroniques. A ceux-là je suggère de ne pas poursuivre la lecture de celle-ci. Ils pourraient être déçus et ne plus revenir sur le blog. Ce qui serait dommage pour une simple histoire de bière, cas particulier dont il n’y a vraiment aucune raison de tirer de généralités. Quoi que…

L’action se déroule à Qingdao, sympathique cité balnéaire de 8 millions d’âmes sur la côte nord-est de la Chine donnant sur la Mer Jaune.
C’est encore l’été et dans la journée les familles en villégiature profitent des lieux dans une ambiance bonne enfant.
On s’étale sur la plage ensoleillée d’où émerge la guérite du maître nageur surveillant les baigneurs. Les enfants construisent les châteaux de sable ou jouent au cerf-volant. Au large quelques hors bords rebondissent sur la houle dans des gerbes d’écumes. Ici et là on s’amuse à des jeux de raquette où de ballon, tandis que les garçons roulant les mécaniques reluquent discrètement les jeunes filles aux maillots très pudiques. Peut-être d’ailleurs la seule vraie différence avec la plage de St Brévin les Pin où, au grand plaisir des observateurs attentifs, chacune fait de son mieux pour minimiser les marques de bronzage. Et je ne vous parle pas du front de mer de Copacabana où il devient parfois carrément difficile de distinguer le maillot. Comme si plus on allait vers l’ouest, plus le centimètre carré de bikini coûtait cher. C’est à n’y rien comprendre, sauf à imaginer que payer cher une ficèle libère les filles de toute inhibition…
Mais là je m’rends compte que je m’éloigne du sujet et que les buveurs de bière dont l’intérêt commence à monter sont toujours là. Ce qui, soyons parfaitement honnêtes, n’a rien à voir avec la bière… Tant pis. Vous l’aurez bien cherché.

Chaque année se déroule ici la fête de la bière. Pas une p’tite fête de quartier comme on en trouve fréquemment. Non, du lourd, du solide, du germanique ! Il faut dire que Qingdao fut une enclave Allemande au début du siècle dernier, jusqu’à ce que les Japonais les en délogent manu militari puis qu’elle redevienne chinoise dans les années 20. C’est sous initiative Allemande qu’a été installée une brasserie industrielle, puis est née la fameuse « Tsingtao Beer », célèbre à travers tout l’Empire du Milieu et au-delà vers le Levant.
Si, comme nous l’avons vu, il existe des inégalités culturelles pour les observateurs des filles sur la plage, et que de ce point de vu mieux vaut être Brésilien que Chinois, tous sont égaux devant la bière ; surtout après…

Vous payez donc 20 Yuans (environ 2 €), et accédez à l’enceinte du festival. Au début ça ressemble à une ambiance de fête foraine, mais à y regarder de plus près il y a des signes qui ne trompent pas :
Tout d’abord toutes ces grandes tentes arborant fièrement une marque de bière où l’on fait tout son possible pour retenir le chaland en lui présentant des shows pitoyables, pin-up se dandinant sur des talons aiguille à contre rythme de musiques « traditionnelles » ou du dernier tub à la mode, concours de beuverie (qui boira la pinte en un minimum de temps), vente aux enchère de lots minables, dons de gadgets beaufs en tout genre, tout cela pour le fixer une bonne fois pour toute sur des bancs de bois autour de tables crasseuses et lui faire ingurgiter un maximum de breuvage, sans doute histoire de fidéliser le client. Marques de bières Chinoises bien sûr, mais aussi Allemandes, Hollandaise, Tchèques, sur de ridicules airs de musiques bavaroises ici totalement hors de propos. Mais il faut bien reconnaître qu’après quelques chopes ça n’a plus vraiment d’importance.
Entre les tentes, bien qu’il y ait des stands toilettes, ayant perdu toute notion de dignité, on se soulage comme on peut : messieurs debout se pissant sur les pieds en chantant… mesdames accroupies par terre sans plus de façon…
Plus loin les stands de fête de foraine où ceux qui ont pu aller jusque là vont se faire secouer sur des manèges, histoire de vérifier qu’ils ont l’estomac bien accroché, à moins qu’il ne s’agisse de faciliter une évacuation forcée histoire d’y retourner. Tout cela dans un bruit assourdissant. Vous pensez que l’exagère ?
Histoire de ne rien manquer à la fête, j’achète quant même une canette de bière blanche Allemande à deux jeunes filles déguisées en lapin (allez savoir pourquoi) tenant le stand de la marque. Elle est tiède et je n’arrive pas à finir. M’approchant d’une poubelle pour la jeter, un mince filet de liquide s’écoule à côté. Dans la pénombre une petite fille est en train de faire pipi sous l’œil bienveillant de sa maman…
En ayant assez vu je sorts de l’enceinte du « festival » et tombe sur les mendiants, fait rare en Chine, faisant la manche. Je lâche 10 yuans en me disant qu’eux ont tout compris, presque certains de soudoyer quelques sous aux festivaliers éméchés.

En marchant vers l’hôtel à un kilomètre de là, de la viande saoule hurle des chansons entrecoupées d’invectives incompréhensibles. Vous me direz que c’est normal pour qui ne parle pas le Chinois. On parie que ça n’a rien à voir ?
Ici et là la police tente de gérer une circulation chaotique, entre crissements de pneus et coups de klaxonnes intempestifs. Même s’il est vrai que la législation contre l’alcool au volant s’est ici considérablement renforcée (et je peux réellement témoigner de la sobriété des chauffeurs parmi nos clients) je préfère ne pas avoir à prendre de voiture ce soir.

Dans les couloirs de l’hôtel le personnel tente avec difficulté de calmer quelques individus complètement ivres.
Entrant dans ma chambre au 10ème étage du Kilin Crown j’ouvre la fenêtre. Des notes de musique montent jusqu’à la chambre, airs repris en cœur tel des hurlements sortant du Karaoké provisoire installé au coin de la rue sous le chapiteau d’une brasserie.

Sacrée soirée !

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