Alors sans être Britannique, on se
prend volontiers au jeu de ce défi, histoire de ne rien manquer de cette
expérience unique.
Expérience, ce mot magique souvent utiliser par les anglo-saxons
pour qualifier une réalisation singulière.
En y regardant de plus près, on
découvre que la montagne culmine à l’altitude vertigineuse de 1344 m, celle de
mamelons du Massif-Central… Mais lorsque l’on considère que c’est ici que Sir
Edmund Hillary, premier vainqueur de l’Everest avec Tensing Norgay, fit ses
premiers pas d’alpiniste, alors « l’expérience » prend une dimension
quasi religieuse. Rendez-vous compte, marcher sur les pas d’un géant. Peut-être
même fouler les mêmes cailloux !
"L’expérience" peut aussi se considérer
sur l’angle vintage.
Au même titre que piloter une voiture
ancienne n’a rien d’une performance en tant que telle, cela procure un réel
plaisir de rouler à 80 km/h sur les petites routes de campagne toutes
fenêtres ouvertes ou, mieux encore, décapoté dans un cabriolet des années 60.
Et l’on s’en réjouit toujours à l’avance sans tout à fait savoir pourquoi. Ce
sera tout simplement un bon moment.
Pour le pèlerinage sur le Ben Devis, il
y a probablement un peu de tout cela à fois. L’idée irrationnelle que l’on s’en
fait, associée à la certitude que la balade sera belle comme la plupart de
celles en montagne. Sans doute le fait de s’élever, prendre de la hauteur sur
le plancher des vaches et découvrir de nouvelles perspectives, de celles qu’ont
le privilège d’embrasser les aviateurs.
Avant de s’attaquer au sommet, nous
démarrons les jours précédant par de belles randonnées forestières et sur les
prairies d’altitude des Highlands. C’est juste magnifique. Il y pleut souvent,
mais nous sommes équipés. Sauf que quand la pluie s’installe pour de bon en une
douche continue, drue et froide, cela devient moins intéressant. On décide alors
de rentrer rapidement.
Sortant du brouillard, nous apercevons
en bas le petit parking où est la voiture nous attend. Descente bon train sur
un terrain glissant mais franchement sans aucune difficulté, jusqu’à ce que mon
pied droit ne dérape sur l’herbe verte et que mon genou heurte LE
caillou posé là. Le choc me fait l’effet d’une balle de fusil – autant que je
puisse en juger n’ayant heureusement jamais été confronté à ce type « d’expérience »
– donc j’imagine, où plutôt je subis et parts dans les vapes sous la douleur.
Quelques secondes pour revenir à moi sous les encouragements de ma coéquipière,
je tente de me relever complètement tétanisé. Dopé par l’adrénaline je m’invective
pour rejoindre la voiture sur 3 pattes : ma jambe valide et deux battons
de marche. Nous y sommes. Je tremble comme une feuille morte et retiens mes
spasmes. Flo qui avait tout prévu, par chance ou intuition, m’administre un
antidouleur de cheval. Je suis en de bonnes mains mais la perspective du Ben Devis
s’évanouit et les vacances en Ecosse se terminent en queue de poissons par un retour en
urgence.
Ce n’est que partie remise.
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