Triste lundi à l’aéroport Charles
De Gaulle, aérogare clairsemée habituellement si cosmopolite, au lendemain d’un
week-end qui restera dans l’histoire comme celui du 13 Novembre 2015, celui où
une poignée d’extrémistes se réclamant de Dieu, mais qui en réalité n’en sont que
l’exacte contraire, ont semé la terreur dans la Ville Lumière, massacrant plus
de 200 personnes, dont près de 130 morts ; par ce qu’elles eurent la malchance
d’être au mauvais endroit au mauvais moment.
Les attentats de New-York du 11 septembre
2001 furent un coup de semonce épouvantable qui avait bouleversé le monde. Et
depuis les choses n’ont fait que se dégrader, incidemment.
Chacun a son opinion quant aux raisons
qui ont conduit à cela. Et mon propos n’est pas ici de me lancer dans une
interprétation nécessairement subjective et partisane. Il y a pour cela des
spécialistes. Juste de constater la montée des périls de cette guerre dissymétrique,
glissement insidieux vers des tensions mondiales que le modeste
entrepreneur-voyageur que je suis ressens profondément.
Le triple 7 d’Air China roule
maintenant sur le taxiway vers la piste de décollage. A travers le hublot une
vue saisissante sur le terminal 1 arborant fièrement les couleurs tricolores,
symbole de « résistance » et de liberté face à ce fanatisme, en
réalité ni plus ni moins qu’un fascisme féodal fédérant des marginaux
endoctrinés qui, en marge de la société, partent dans des délires totalitaires
sous prétexte de principes religieux.
12h30 locale. L’appareil se pose à
Pékin au terme d’une longue approche dans le smog de la capitale. En transit
vers Fuzhou, les yeux rougis par un long vol de nuit sans sommeil, je me plante
sur une table de café, commande un jus d’orange et un café histoire de sortir
de ma torpeur, puis connecte l’ordinateur pour jeter un coup d’œil sur le flux
de mails en attente. A ma grande surprise, nombreux sont encore les messages de
soutien provenant du monde entier, petits mots de relations professionnelles ou
personnelles, d’autres citoyens du monde touchés par l’évènement.
Le café est épouvantable. Je le sirote
sans plaisir en regardant passer les gens quand le fond musical de l’aérogare
m’interpelle. Je ne l’avais par remarqué immédiatement, mais ce sont des airs
de musique Française qui tournent en boucle, Piaf, Trenet, Bécaud joués à
l’accordéon façon guinguette de Montmartre. Délicate et discrète intention de
nos amis Chinois, dont je ne suis pas sûr qu’elle soit même perçue par ce tourbillon de voyageurs. Mais peu importe, le message discret est puissant.
Parcourant rapidement tous ces messages
quelque chose me frappe : l’allusion faite plusieurs fois à la montée du Nazisme
dans les années trente. Bien que le parallèle ne m’apparaisse pas au premier
abord évident, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement : tout
comme les Allemands n’étaient pas, et de très loin, tous des Nazis,
méfions-nous des amalgames insidieux fait par certains entre musulmans et
islamistes, ce dernier mot étant le plus souvent employé pour désigner les
extrémistes. Chacun sait bien qu’ils sont une infime minorité avec lesquels
aucun compromis n’est possible. Et c’est pourtant sur cette confusion que d’autres
extrémistes agitent chez nous, en Europe et ailleurs, le spectre de la peur,
pour diviser et instiller un climat de méfiance, voire de défiance entre
communautés, exactement ce que cherchent à faire les terroristes.
Ne tombons donc pas dans panneau en
laissant s’installer le doute. Avec eux non plus, ces politiciens pervers, et tous
ces gens bien-pensants glissant vers les thèses du Front National,
aucun compromis n’est possible sur ces principes fondamentaux de Liberté et de
Tolérance.
Et c’est peut-être là que l’Islam bienveillant,
celui de la très très grande majorité des musulmans, a un grand rôle à jouer,
en s’exprimant plus fort sur ce sujet crucial, pour éliminer, avec le reste de la
coalition en marche du monde civilisé, ces nouveaux Nazis que sont Daesh.
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