jeudi 19 novembre 2015

Tolérance sans compromis



Triste lundi à l’aéroport Charles De Gaulle, aérogare clairsemée habituellement si cosmopolite, au lendemain d’un week-end qui restera dans l’histoire comme celui du 13 Novembre 2015, celui où une poignée d’extrémistes se réclamant de Dieu, mais qui en réalité n’en sont que l’exacte contraire, ont semé la terreur dans la Ville Lumière, massacrant plus de 200 personnes, dont près de 130 morts ; par ce qu’elles eurent la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment.
Les attentats de New-York du 11 septembre 2001 furent un coup de semonce épouvantable qui avait bouleversé le monde. Et depuis les choses n’ont fait que se dégrader, incidemment.
Chacun a son opinion quant aux raisons qui ont conduit à cela. Et mon propos n’est pas ici de me lancer dans une interprétation nécessairement subjective et partisane. Il y a pour cela des spécialistes. Juste de constater la montée des périls de cette guerre dissymétrique, glissement insidieux vers des tensions mondiales que le modeste entrepreneur-voyageur que je suis ressens profondément.

Le triple 7 d’Air China roule maintenant sur le taxiway vers la piste de décollage. A travers le hublot une vue saisissante sur le terminal 1 arborant fièrement les couleurs tricolores, symbole de « résistance » et de liberté face à ce fanatisme, en réalité ni plus ni moins qu’un fascisme féodal fédérant des marginaux endoctrinés qui, en marge de la société, partent dans des délires totalitaires sous prétexte de principes religieux.

12h30 locale. L’appareil se pose à Pékin au terme d’une longue approche dans le smog de la capitale. En transit vers Fuzhou, les yeux rougis par un long vol de nuit sans sommeil, je me plante sur une table de café, commande un jus d’orange et un café histoire de sortir de ma torpeur, puis connecte l’ordinateur pour jeter un coup d’œil sur le flux de mails en attente. A ma grande surprise, nombreux sont encore les messages de soutien provenant du monde entier, petits mots de relations professionnelles ou personnelles, d’autres citoyens du monde touchés par l’évènement.
Le café est épouvantable. Je le sirote sans plaisir en regardant passer les gens quand le fond musical de l’aérogare m’interpelle. Je ne l’avais par remarqué immédiatement, mais ce sont des airs de musique Française qui tournent en boucle, Piaf, Trenet, Bécaud joués à l’accordéon façon guinguette de Montmartre. Délicate et discrète intention de nos amis Chinois, dont je ne suis pas sûr qu’elle soit même perçue par ce tourbillon de voyageurs. Mais peu importe, le message discret est puissant.
Parcourant rapidement tous ces messages quelque chose me frappe : l’allusion faite plusieurs fois à la montée du Nazisme dans les années trente. Bien que le parallèle ne m’apparaisse pas au premier abord évident, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement : tout comme les Allemands n’étaient pas, et de très loin, tous des Nazis, méfions-nous des amalgames insidieux fait par certains entre musulmans et islamistes, ce dernier mot étant le plus souvent employé pour désigner les extrémistes. Chacun sait bien qu’ils sont une infime minorité avec lesquels aucun compromis n’est possible. Et c’est pourtant sur cette confusion que d’autres extrémistes agitent chez nous, en Europe et ailleurs, le spectre de la peur, pour diviser et instiller un climat de méfiance, voire de défiance entre communautés, exactement ce que cherchent à faire les terroristes.

Ne tombons donc pas dans panneau en laissant s’installer le doute. Avec eux non plus, ces politiciens pervers, et tous ces gens bien-pensants glissant vers les thèses du Front National, aucun compromis n’est possible sur ces principes fondamentaux de Liberté et de Tolérance.
Et c’est peut-être là que l’Islam bienveillant, celui de la très très grande majorité des musulmans, a un grand rôle à jouer, en s’exprimant plus fort sur ce sujet crucial, pour éliminer, avec le reste de la coalition en marche du monde civilisé, ces nouveaux Nazis que sont Daesh.


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