samedi 22 septembre 2012

Ce que veulent les femmes...



Tandis que nos « négociations Suisses » se poursuivent, me voilà projeté en express vers l’Asie à la faveur de la demande urgente d’un important prospect manifestement intéressé par nos produits. Y aller ou pas ? Bouleverser un programme déjà bien rempli pour donner priorité à l’action commerciale, et tenter d’établir des relations personnelles peut-être décisives dans un contexte économique tendu où aucune opportunité ne peut-être négligée. Oui évidemment, seulement c’est à l’autre bout du monde. Et comme rien ne remplace encore un premier « contact physique » pour créer la confiance, je n’hésite pas longtemps. Il sera ensuite toujours temps de déléguer d’avantage.
Et c’est donc parti pour un nouveau long vol intercontinental à bord d’un Boeing triple 7 - 300 flambant neuf d’Air-France piloté par un commandant sympathique, visiblement passionné par son métier, et dont la bonne humeur rayonne positivement sur tout l’équipage commercial.
12h plus tard je retrouve l’ambiance moite de Bangkok au petit matin en heure locale, pour moi encore le milieu de la nuit ; pas le meilleur moment.
Le temps de déposer les valises à l’hôtel, prendre une douche bienfaisante, et nous partons en voiture dans ce cloaque de circulation automobile qu’est Bangkok, malgré les travaux titanesques effectués ces dernières années avec maintenant, au dessus des maisons basses « traditionnelles », un dense réseau d’autoroutes aériennes qui s’enfilent entre les buildings modernes en offrant des perspectives urbaines spectaculaires, comme si l’on volait à une vingtaine de mètres en décrivant de jolies courbes au dessus de la ville. Rien d’autre à faire que de prendre son mal en patience en transpirant sur les sièges en skaï usé d'un taxi à bout de souffle.
Nous nous présentons au bureau de notre contact, mais notre hôte a décidé de nous recevoir à la maison. Plutôt de bon augure.
Quelques kilomètres plus loin nous entrons dans un quartier résidentiel cossu après avoir franchi la barrière sous bonne surveillance. Puis la voiture s’engage dans une longue allée bordée de plantes fleuries luxuriantes aux couleurs jaunes et rouge du plus bel effet. Au bout de l’allée une grande batisse devant laquelle un garage abrite pas moins d’une dizaine de voiture de luxe. Ca fait toujours son effet !
En sortant du taxi je fais un rapide panoramique des lieux. Nous sommes dans un grand parc arboré, en plein cœur de la ville, où se nichent plusieurs maisons. Non loin de la maison de maître devant laquelle nous sommes arrêtés, une grande salle vitrée, sorte d’aquarium climatisé donnant sur le jardin au seuil duquel une petite dame nous fait signe d’avancer. En approchant je découvre notre hôtesse, la soixantaine sophistiquée, grosses bagues aux doigts et, sous une épaisse et volumineuse chevelure brune, un visage apprêté, joufflu, aux lèvres soigneusement rougies, illuminé d’un regard volcanique qui en dit long sur sa détermination. Sont allure me fait immédiatement penser à Imelda Markos en espérant que la comparaison ne s’arrête qu’à une vague ressemblance physique.
A l’évidence le rendez-vous est important pour les deux parties et il ne s’agit pas de louper le coche. Elle sait que nous arrivons à l’instant de France et fait preuve d’une attention bienveillante, offrant de délicieux jus de fruits frais, café, thé, avec quelques Viennoiseries. Madame est accompagnée de son fil, sa belle fille et quelques conseillers techniques. Sans plus de préalable nous entrons dans le vif du sujet…
La discussion se déroule rondement, droit au but sur les intérêts mutuels d’un accord commercial. Notre proposition est claire, créative, dans un esprit gagnant-gagnant rapidement intégré par nos interlocuteurs. Tandis que nous entrons dans des détails techniques, Madame se met à l’écart pour un conciliabule avec un homme de confiance. Dix minutes plus tard elle revient tout sourire. J’ai alors la conviction que le deal est fait, même si rien n’est encore définitivement confirmé, validant du même coup l’opportunité de ce déplacement express à l’autre du bout du monde.

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