dimanche 10 avril 2011

Dolce Vita

Tandis que le soleil tombe sur l’horizon, l’Embraer 145 de Régional caresse le sommet de l’Europe pour redescendre paresseusement vers Venise, glissant dans l’air calme et cristallin de ce début de printemps.
A la gauche de l’appareil, déjà étincelantes de mille feux, en longue finale nous apercevons la cité des Doges à travers les petits hublots de l’étroit fuselage avant un parfait kiss landing sur le tarmac du modeste aéroport.

Tout sourire Giovanni nous accueille chaleureusement. Il est déjà tard et nous allons manger la pasta dans l’un de ces merveilleux petits restaurants du Nord de l’Italie, où tout juste entré c’est comme si l’on faisait parti de la famille : gentillesse du patron, sourire de la serveuse, prévenance du garçon de salle.
Dans un décor simple mais soigné, on s’installe sans plus de manière avant d’ouvrir la carte des menus, partition d’une symphonie culinaire aux milles saveurs ensoleillées, plats simples dont la seule lecture (bien que très approximative pour qui ne pratique pas la langue de Léonardo) aiguise l’appétit comme aucune autre.
Ne sachant où donner des papilles je confie le choix des plats à notre hôte, certain du plaisir de déguster des plats exceptionnels : 3 sortes de pâtes fraîches fondantes accompagnées de petits légumes de saison, une joue de veaux confite aux herbes aromatiques – à tomber par terre – accompagnée d’un parfait Cabernet-Sauvignon, puis, pour terminer, quelques douceurs autour d’un expresso que seul les Italiens savent faire – concentré de nectar de café d’une force et douceur incroyable aux des notes de chocolat et de noisette.
- On est bien ! lance Giovanni.
Tu parles qu’on est bien… comme des coqs en pâte. Et Giovanni l’Epicurien de se lancer dans un français customisé de jolies notes Italiennes sur sa théorie des incomparables vertus du « bien manger » pour faciliter la conclusion des affaires, expliquant avec force convictions et arguments choisis le rationnel de l’approche :
- Tou comprendes, quand on mange biene on prend dou plaisir...
Argument évidemment indiscutable.
- Et quand tou prends dou plaisir tou te détends…
… alors les tensions éventuelles, tou vois, elles diminouent tout doucement…
- Je te suis Giovanni,
- Et en prenant dou plaisir les rapports de force d’estompent…
Et si tou bois en même temps oune bone vino, ça facilite encore les choses. Tout ça c’est natural, tou comprends ?
Si je comprends…
- Et alors seulement tou peux commencer les affaires.
Tou vois, on ne devrait jamais regarder les dépenses de repas…

Rien à ajouter ni à enlever. Tout est parfait et la démonstration imparable.

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