samedi 1 février 2020

Démocratie

En haut du Centennial Olympic Parc d’Atlanta, l'Atrium du CNN Center est un endroit à ne pas manquer. Des tables – disposées dans ce vaste square couvert, autour duquel on peut acheter la junk-food locale – accueillent visiteurs de toutes origines venus ici humer l’air du journalisme d’information branché en continue sur l’actualité de la planète : défilement de breaking-news sur les écrans géants où les images se succèdent, comme un kaléidoscope de la dynamique du monde.
Sont assis là des hommes d’affaires tapant frénétiquement sur les claviers de leurs laptops derniers modèles, des ouvriers du bâtiment mangeant un bout à deux pas de leur chantier sur Marietta Street, des étudiants installés sur les marches de l’escalier monumental grimpant jusqu’au globe terrestre dominant le vaste hall. Et en perspective, une bannière étoilée, impeccablement tendue entre de plus petits drapeaux aux couleurs de CNN, complètent ce décor des années 90 qui mériterait sans doute un petit rafraichissement.

J’attrape un café au Starbucks corner et m’installe au hasard à une table déjà occupée par une famille d’Indonésiens, ou peut-être de Bengalis. On se sourit sans se parler. Ils sont entre eux. Je suis tout seul. Nous sommes de passage.

« Les faits, rien que les faits », rappelle une charte affichée à l’entrée des lieux. Et le fait marquant du moment est le procès en destitution contre Donald Trump.
Comme une mauvaise série B, les images un peu surréalistes des dépositions et réquisitions, en direct devant le sénat des Etats-Unis. Et ce qui pourrait sembler un peu ridicule prend ici une toute autre dimension. Rien de moins que l’illustration XXL de ce qu’est la démocratie. Celle-là même qui peut porter au pouvoir le plus improbable des Présidents, puis tout aussi bien le remettre en cause, pour faits de corruption et de trafic d’influence, devant ceux qui l’ont élu. Et cela se déroule en temps réel, aux yeux de tous, chacun pouvant se faire ainsi sa propre opinion.
Cela pourrait sembler surfait, exagéré, peut-être même un peu vulgaire. Comme un spectacle de décadence. Mais finalement, ce à quoi nous assistons n’est autre que l’essence de la liberté d’expression. Celle où pouvoirs et contre-pouvoirs s’expriment librement, sans filtre, avec subjectivité, permettant de se faire sa propre opinion.
Trump ne sera probablement pas destitué, encore soutenu au sénat par une majorité conservatrice campée sur des valeurs dépassées. Pour autant, la procédure est bien en cours.

Quel autre pays dans le monde peut se targuer d’une telle transparence ?



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