Vienne, Autriche, avec l’équipe de
gouvernance de l’une de nos importantes participations : Allemand,
Autrichien, Brésilien, Américain, Ecossais, Anglais, Suédois, Français, nous
nous retrouvons avec plaisir pour 2 jours de travaux intenses.
Il est tout juste midi. Nous démarrons
par un rapide déjeuner informel debout, quelques sandwiches disposés sur des
assiettes, en parlant du temps qu’il fait. Et naturellement le mouvement initié
en France par les Gilets Jaunes est LE sujet de conversation.
A l’étranger, les
images relayées par les médias font un effet désastreux et je suis bombardé de
questions sur le pourquoi du comment tant de violence.
Tout d’abord dédramatiser en
relativisant l’importance de l’état d’insurrection apparent : tant bien
que mal j’essaie d’expliquer (une nouvelle fois) que protestations et
manifestations font partis de notre culture, quelque chose de notre patrimoine
Gaulois où l’on aime la confrontation pour faire entendre sa voix et défendre
ses intérêts. Si le plus souvent je m’en sors avec humour, j’avoue ici peiner
face à la violence de ce qui est en train de passer. Sauf à justifier l’expression
d’un malaise profond, accumulé de longue date, sans doute de ceux à l’origine du Bexit en
Grande Bretagne, de l’élection de Trump aux USA, et de la montée des populismes
un peu partout en Europe.
Nous qui avions pourtant élu un jeune
et brillant Président et pensions échapper au marasme ambiant, nous y sommes bel et bien.
Tandis que d’autres l’on exprimé dans
les urnes en élisant d’épouvantables populistes, « nous » l’exprimons
dans la rue contre le pouvoir en place que nous venons juste de choisir.
Alors qu’est ce qui ne va pas ?
A l’évidence nous changeons d’époque.
Nul doute que les attentes des femmes et des hommes d’aujourd’hui changent aussi, attentes instantanément relayées par des réseaux sociaux à la puissance
extraordinaire. Et cela donne à beaucoup l’impression d’être laissé pour compte
quand ils confrontent leurs doutes et difficultés à ceux des autres.
Où l’on en oublie parfois la réalité objective, certes pas toujours simple, en
partageant ses états d’âmes à la communauté qui s’y reconnais et l’amplifie.
Car on croit d’avantage ses « amis » que les médias traditionnels représentant
pour beaucoup une certaine intelligentsia fustigée par les extrêmes. Et c’est
comme cela que Trump est arrivé au pouvoir ou que les extrêmes droites
prospèrent en Italie, Hongrie, Pologne, Autriche et dans une certaine mesure en Grande Bretagne...
De tout cela nous débattons avec passion
pour constater la montée des périls comme celle d’un tsunami où, dans un autre
registre, du réchauffement climatique qui finit par impacter concrètement la
vie quotidienne quand il s’agit de taxe carburant-carbone, l’étincelle qui a
allumé le feu des manifs encours chez nous.
-
Et
pourtant, me lance un collègue, en France santé et éducation sont quasi gratuites
n’est-ce pas ?
-
Ben
oui, mais pour nous c’est normal.
-
Et vous
avez aussi un système d’aide social unique au monde ?
-
C’est
vrai aussi. Et d’ailleurs cette semaine Sylvain Tesson disait que « La France est
un paradis où les gens ont l’impression de vivre en enfer ». Il faut
voyager pour s’en rendre compte. Mais il n’empêche que beaucoup de gens tirent
le diable par la queue.
En fait le problème est peut-être aussi ailleurs.
Nous avons choisi un jeune et brillant Président. Mais depuis son élection il semble ne plus écouter « les
gens ». Il ne leur « parle » plus. Il avance à marche rapide, certes
sur le programme pour lequel il fut élu – je le crois un vrai projet de
réformes indispensables au changement d’époque – mais que les gens trouvent
totalement injuste et déconnecté de leur réalité concrète immédiate ; forcément.
Pendant ce temps-là, de l’autre côté de
l’Atlantique, la popularité de Trump prospère par ce qu’il semble justement
parler le langage des gens, en s'adressant directement à eux, ce que confirme un autre collègue en affirmant que
ses trois colocataires de bureaux n’ayant pas voté Trump le soutenait
maintenant…
Brrr, vu de chez nous ça fait peur, tout
autant que ce qui se passe chez nous fait peur à nos voisins, installant les
germes de funestes tensions.
...
En arrivant dans ma chambre d’hôtel je
lance l’application France Info. Le flash reporte la déclaration du premier
ministre annonçant l’annulation pure et simple d’un grand nombre de réformes.
Tellement prévisible...
Pendant ce temps, le Président, qui
semble vouloir garder sa posture non exécutive, ne s’adresse toujours pas aux
Français, s’isolant encore d’avantage de la population. Exactement le contraire
de ce qu’il faudrait faire ! Alors qu’il s’agit justement de créer du
lien, en écoutant et expliquant les réformes nécessaires au changement d’époque.
Communiquer avec les moyens d’aujourd’hui, ceux-là même que les gens utilisent
et comprennent – et qui lui ont permis d’accéder au pouvoir – quitte à faire
évidemment des compromis, mais aussi rebondir sur de bonnes propositions,
plutôt que de garder une posture « du monde d’avant » pour finir par
reculer.
Le monde change. La manière de gouverner
le doit aussi si l’on veut éviter le chaos.
1 commentaire:
Tellement vrai... merci pour ce bon billet d'humeur !
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