samedi 10 septembre 2011

Tango ou Samba ?

Buenos Aires est de ces villes qui ont une âme et dont on ne peut rester indifférent. Pas vraiment belle, ni moche non plus, mais avec ce je ne sais quoi de charme un peu suranné.
Ici la « 5ème Avenue » s’appelle « L’Avenue du 9 juillet » (jour de l’indépendance). Il y avait la plus belle Avenue du monde, la plus longue aussi, alors les argentins ont inventé la plus large et l’affiche fièrement. Il faut bien dire qu’ils n’y sont pas allés de main morte : mieux vaut retenir sa respiration pour traverser, avec pas moins de 8 files de voitures, 4 dans chaque sens, plus les contres allées et les larges trottoirs scrupuleusement entretenues chaque matin par les résidents des pas de porte avec force jets d’eau, ballets brosse et huile de coude. Au moins ici il ne reste ni mégot, ni papiers gras, ni crotte de chien. Pour autant l’avenue ne présente pas de grand intérêt, sauf peut-être une curieuse obélisque érigé au milieu.
C’est plutôt du coté des passants qu’il faut regarder. Le matin des « nounous pour chiens » promènent en laisse de véritables meutes très éclectiques avec toute sorte de représentants de l’espèce canine - du plus gros au plus petit et de toutes les couleurs - que les maîtres leur ont confié pour la journée ; assez étonnant. Le soir on retrouve les maîtres sur leur 31 marchant tranquillement bras de dessus bras dessous, comme s’ils se rendaient à un bal de tango Argentin, Messieurs en costumes italiens cheveux gominés coiffés en arrière, Mesdames fardées et perchées sur des talons hauts cliquetant sur le pavé. Drôle de représentation façon sud européenne très années 30.

S’arrêter dans un café est ici un plaisir : commander un cortado (expresso à la mode espagnole) et le siroter tranquillement juste en observant les gens commentant l’actualité dans la langue de Cervantes soutenue de gestuelles latines très expressives.

Trafic intense dans les rues ou des bus hors d’âge aux chromes encore rutilants chargent et déchargent des grappes de passagers pressés. Dans le flot de la circulation, des milliers de petits taxis jaunes et noirs sillonnent la ville en tous sens, au gré des courses commandés par les passagers souvent entassés à 3 sur l’étroite banquette arrière. Quelques vieilles Ford Falcon, très joli modèle fabriqué ici dans les années 70 continuent d’assurer le service de conducteurs désargentés.

En ville de nombreux théâtres aux façades défraîchies présentent des spectacles de tango commercial aux touristes essentiellement venus de pays voisins. Ah le tango Argentin, danse de séduction certes, mais surtout hymne à la virilité locale que la gente masculine ne se prive pas ici d’exhiber : cheveux gominés, costumes à l’Italienne, chaussures lustrées impeccables - ou chemises ouvertes sur torses velus, ceinturons de cuir et bottes - selon que l’on soit citadin ou gaucho venu faire sont petit tour en ville. Plutôt rigolo, même si je force un peu le trait.

Le foot est ici une deuxième religion, entretenue par la rivalité avec le grand voisin Brésilien. Il faut dire que les relations entre les deux pays a parfois quelque chose de grand guignolesque pour qui voit cela de loin. C’est Tango contre Samba et les plaisanteries fusent entre les deux pays à la matière de celles entre Belges et Français. Sauf que nous n’avons ni tango, ni surtout Samba, dommage… et que la musette ne fait plus fantasmer grand monde.
Mais pour en revenir sur les relations tumultueuses entre Argentins et Brésilien, je me demande s’il n’y aurait pas derrière tout cela qu’une histoire de jalousie entre deux cultures latines hautes en couleurs ? D’un côté les Brésiliens envieux de la virilité Argentine quelque peu machiste exprimée dans le Tango, de l’autre les Argentins envieux (on les comprend) de la sensualité féminine brésilienne exprimé dans la samba.
Théorie « à 2 balles », je vous l’accorde, qui bien sûr n’engage que moi ; et encore…

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