vendredi 15 janvier 2010

"Pékin Express"


L’annonce du commandant de bord nous informant du début de descente vers Pékin me fait émerger de la torpeur dans laquelle je suis tombé.
Au terme d’un vol de nuit paisible, le triple 7 flambant neuf d’Air France a croisé 7 fuseaux horaires dans sa trajectoire stratosphérique vers le soleil levant, marquant simplement son passage, tel une comète, d’une discrète et éphémère trainée de condensation.
Il est 11 du matin local. En ouvrant le hublot à ma droite, je suis ébloui par la lumière cristalline de ce ciel d’hivers sublimé par la réflexion des rayons du soleil sur le sol enneigé.
On nous annonce -15° dehors, température exceptionnellement basse dans cette région.
Effectivement, la sortie de l’avion par le tunnel de jonction vers l’aérogare est glaciale, et tous les petits hommes en tenues fluo qui s’activent sur le tarmac autour de l’appareil semblent comme au ralenti, émettant une bouffé de vapeur à chacune de leur respiration.
Rapidement je fais mon transfert par bus vers le terminal 3 pour un petit vol domestique à destination de Qingdao dans la province du Shandong.

De la chambre de l’hôtel où je suis descendu, une perspective imprenable sur la baie où ce sont déroulées quelques épreuves nautiques des dernières olympiades. Pas le temps de profiter de la vue, nous sommes attendus pour un dîner d’accueil avec un gros prospect.
Tapis rouge : tout le top management de l’entreprise, 4ème producteur mondial d’aliment du bétail, est là pour nous recevoir dans un excellent restaurant dont la salle de dîner porte le nom de l’entreprise. Il y des détails qui ne trompent pas.
A ma gauche est assis l’un des prioritaires de l’entreprise, petit homme d’une cinquantaine d’année aux yeux malicieux et souriants desquels émane la sérénité de ceux qui ont réussi quelque chose. A sa gauche sa fille, assez jolie jeune femme coiffée d’un bonnet de laine noir donnant un air poupin à un visage tout rond éclairé d’un jolie sourire naturel. Puis tout un aréopage de managers. Ambiance décontractée, toasts au vin rouge portés à l’amitié et à notre future coopération ponctuant l’enchainement des plats dans un service impeccable. Ce soir il n’est pas encore question de business, seulement d’amitié.

Les petits matins en décalage horaire ont toujours quelque chose de brumeux. Vers l’Est le temps s’est compressé et je me lève à ici à l’heure où Flo se couche à la maison.
Encore dans un demi-sommeil j’enfile ma tenue de jogging et ouvre en grand les rideaux avant de descendre me dégourdir les jambes. Il fait encore noir et le fond de l’air glacé me saisit le visage. Petite course tout droit le long d’une grande avenue pendant 20 minutes, puis demi-tour pour être sûr de retrouver l’hôtel. A cette heure matinale les boutiques sont encore fermées et je croise seulement quelques balayeurs de rue dont la vie semble ici se résumer à déplacer de la poussière.

De retour dans ma chambre, le soleil le soleil se lève sur la mer, diffractant une lumière brouillée à travers des vapeurs humides que seuls les peintres chinois savent restituer avec tellement de poésie.

Il existe dans le monde au moins trois sortes de petits déjeuner : English avec la traditionnel becon & eggs, continental avec ses toasts beurrés, et chinois où l’on retrouve une variété de plats incroyable : œufs sous toutes les formes, légumes verts, riz et pâtes déclinés de mille et une façons, viandes, fruits, et j’en passe ; tout cela dans des effluves que ma sensibilité d’européen à quelque mal à apprécier de si bonne heure.

L’unique rendez-vous de la journée se passe idéalement. Nous concluons une très efficace et longue réunion de travail par la signature d’un mémo préfigurant, j’espère, la confirmation d’un important contrat lors de la très prochaine visite en France de notre futur client.

Retour sur pékin le cœur léger par le vol de fin d’après-midi. Bien que mal installé, genoux coincés dans le siège de devant des lignes domestiques chinoises haute densité, je me laisse aller le temps de ce petit vol en prévision du prochain rendez-vous de la soirée.
L’avion à peine arrivé à son point de stationnement sur le tarmac encore enneigé, les passagers se précipitent dans une cohue indescriptible vers l’allée centrale pour récupérer leurs bagages à main placés dans les coffres au dessus des sièges. Comportement typiquement chinois, même si parfois les français ne sont pas mal aussi dans leur genre...
En sortant de l’avion par la passerelle de descente au bas de laquelle un bus nous attend, frappé par l’ambiance lumineuse « étrange » de l’instant, j'attrape machinalement mon PDA pour prendre une photo sans réel intérêt d’un avion stationné en contre jour à côté de nous. Je ne sais pas si c’est le froid, la fatigue du décalage horaire, ou autre chose, mais je trouve cette ambiance de fin d’après-midi particulière, un je ne sais quoi dans la lumière, tant et si bien que j’en parle à mon collège Huang Shi qui me dit ne rien remarquer de spécial. Bon, ça doit être moi.

En sortant de l’aérogare nous nous engouffrons dans un taxi lorsque, à peine parti Huang m’interpelle :
- Have look on the sun Fred! It looks like the moon.
Effectivement, rasant l’horizon, le soleil couchant à la forme d’un croissant orangé, "mangé" par la lune qui passait par là.
Jour d’éclipse à l’autre bout du monde…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La compétition de points gps autour du monde à commencée !
Attrapes pas froid mon Fred
Did