Magnifique journée de fin juin, annoncée comme caniculaire, et nous voilà partis à l'assaut du mythique Puy-de-Dôme à vélo. À peine six kilomètres d'ascension, mais un dénivelé brutal de 600 mètres avec une pente maximale à 16% ! Beau défi sportif sur ce pain de lave dominant majestueusement la chaîne des Puys, paysage somptueux semblant tout droit sorti d'un décor de Jurassic Park.
La route, exceptionnellement ouverte aux cyclistes pour l'occasion, est strictement réservée aux 400 participants. L’atmosphère est à la fois exaltante et légèrement intimidante, subtil mélange d'excitation et d'appréhension qui accélère le pouls avant même les premiers coups de pédale. Très rapidement, la pente se durcit, dépassant les 10%, et l’effort devient palpable. Le corps entre alors dans une danse exigeante : le rythme cardiaque augmente pour irriguer puissamment les muscles sollicités. Chaque inspiration apporte son flux d'air parfumé de blés murs remontant de la vallée, chaque expiration chasse le stress accumulé. Mes jambes tournent en cadence régulière, telles un métronome intérieur qui rassure et équilibre parfaitement l'effort et la douleur.
Psychologiquement, tout mètre gagné est une petite victoire. La concentration sur l'instant présent évite de ressentir l'intensité totale de l'engagement et repousse les limites perçues de mon endurance. L'étroite route serpente élégamment autour du massif en colimaçon vers la droite, dévoilant progressivement sur ma gauche un panorama vertigineux. La vue s’ouvre sur les volcans éteints aux cônes parfaits recouverts de prairies luxuriantes. Les bruits de la nature environnante, chant des oiseaux et léger bruissement de l’air, offrent une bande sonore apaisante qui soutient mentalement l’intensité physique.
Par erreur je n'ai pas pris de repère kilométrique au départ, ignorant donc la distance exacte qui me sépare du sommet. Je pédale alors sans réfléchir, totalement immergé dans une sorte d'état méditatif où le corps en mouvement communique directement avec mon esprit. La sueur perle abondamment, rafraîchissant ma peau chauffée par le soleil ardent. Dans mon effort, je dépasse de nombreux cyclistes, surpris moi-même par la régularité presque hypnotique de ma progression.
Bientôt, les encouragements chaleureux d'une foule enthousiaste réunie au sommet accueillent les arrivants. Ce soutien inattendu stimule une dernière libération d'endorphines provoquant un moment d’euphorie un peu hors du temps.
La ligne est passée. Dans un état second je poursuis mon chemin sur le sentier étroit parcourant la crête du dôme, savourant chaque seconde supplémentaire comme un bonus. Moment de contemplation des perspectives à perte de vue, prolongeant cet instant unique de satisfaction de l'effort accompli.