vendredi 18 août 2017

Le nez au vent : chapitre 6 - Epilogue



Et maintenant on fait quoi ? Pourquoi pas le viaduc de Millau. Nous l’avions aperçu peu après son entrée en service mais jamais emprunté. Alors pourquoi ne pas y aller voir ?

Les petites routes traversant les Cévennes sont un délice pour motard. On surfe sur la Corniche surplombant les gorges du Gard et profitons du panorama en cinémascope 3D, comme si le paysage avait été dessiné juste pour le plaisir des yeux : profondeur des perspectives où les lignes d’horizon de superposent comme les décors d’un théâtre classique, nuances des couleurs de la terre et du ciel, tout le corps au contact de l’air vivifiant de la moyenne montagne.
Au détour d’une jolie courbe à droite, une indication « Pont du Gard ».
-       Tu l’as vu toi aussi ?
-       Ben oui. Et si on y allait ?
-       Pourquoi pas. Y’a plus qu’à suivre les indications…
Une demi-heure plus tard nous arrivons sur le site. Parking parfaitement organisé avec péage automatique, puis fléchage jusqu’aux caisses. Surprise, nous qui pensions arriver sur un site naturel, alors que l’abord ressemble plus à parc d’attraction. Il y a 2000 ans les constructeurs Romains n’auraient certainement pas imaginés cela.
L’approche se fait ensuite pas de larges allées ombragées descendant doucement sur l’ouvrage, et quel ouvrage ! Presque 300 m de long, 50 m de haut sur 3 étages enjambant la vallée encaissées. L’impression est saisissante d’élégance et de puissance mélangées. Remis dans le contexte de l’époque, l’émotion devait être plus forte encore devant une telle réalisation technique permettant d’amener, en débit constant, plus de 40 000 litres d’eau par jour jusqu’à Nîmes.
Mais sous sommes bien en 2017. Et notre objectif était d’aller voir un autre ouvrage d’art exceptionnel, enjambant aussi une large vallée, non pas pour acheminer l’eau, mais pour assurer la fluidité du trafic autoroutier. Autre époque, autre contrainte que le génie de l’Homme a permis de surmonter : cette belle notion de progrès qui fait que, n’en déplaise à certains, notre condition s’améliore et que nous devons rester confiants dans notre faculté de relever les défis permanents auxquels nous sommes confrontés.
Comblés par cette visite improvisée, et aussi un peu contraint par le temps, nous faisons finalement l’impasse, pour cette fois, sur le pont de Millau. « L’éternité » attendra, et poursuivons notre route à la recherche d’un lieu insolite pour passer la nuit. 

Notre pérégrination nous emmène jusqu’au Camping du Vieux Château, à Rozan, dans les vignobles de Saint Emilion. Un bon endroit à bien des égards, et notamment pour dormir en altitude dans une cabane au toit transparent, au milieu de ce petit camping familial loin de l’agitation, simplement fait pour se reposer. Tout ce pourquoi sont faites les vacances.
Nous étions partis le nez au vent vers le Mont Gerbier des Joncs.
Nous voilà de retour à la maison, tels des oiseaux migrateurs qui jamais ne se perdent,
toujours prêts à s’envoler pour de nouveaux voyages. Et ce dernier, sans autre ambition que de profiter d’une brève parenthèse espace-temps ne fut pas le moins agréable.



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