lundi 22 avril 2024

La Route de l'Aéropostale, J-6

C’est toujours pareil au moment de partir à l’aventure. Les choses se bousculent, tandis qu’arrive en sourdine la désagréable petite voix de toutes les bonnes excuses pour ne pas partir : contraintes professionnelles, personnelles, état physique, risques corporels ou géopolitiques… Bref, tout ce qui nous fait sortir de notre zone de confort pour des terres inconnues.

Heureusement, la raison, ou est-ce la déraison ? finit par l’emporter à l’aune de l’indispensable détermination nécessaire à un telle entreprise. Car c’est de cela dont il s’agit. Faire l'effort de sortir de son monde pour parcourir le vaste monde et en découvrir, en vrai, les beautés insoupçonnées.

Il s’agit alors de se raccrocher au rationnel. La préparation ! Réviser ses check-lists pour être sûr de ne rien oublier, tout en n’emportant que le minimum. Car, quel que soit le voyage, poids et encombrement sont les ennemis. Plus encore quand il s’agit de partir à moto par les chemins de traverse. Ne rien oublier, mais ne prendre que le nécessaire. Plus exactement l’indispensable pour ne pas s’embarrasser, mais sans devoir regretter le truc qui évite la galère. Et le reste suivra, au grès des rencontres et des lieux inattendus. Tout ce que nous recherchons et ne manquerons pas de partager avec vous.

Didier et moi y sommes presque. Nous décollons dimanche sur nos vénérables BMW 1200 GS de 2004 et 2006. Monter sur nos machines sera une délivrance.

 

 

vendredi 12 avril 2024

Au bon endroit au bon moment !

     

Mesdames et Messieurs, la durée de notre vol jusqu’à Dallas sera de 9 heures et 40 minutes, et nous devrions arriver au moment de l’éclipse solaire.

Mince ! Si j’avais réalisé, je serais parti un jour plus tôt pour profiter pleinement de ce phénomène naturel exceptionnel. Observer une éclipse totale du soleil est de ces évènements rares ponctuant une vie.

La route de l’Atlantique Nord projette le 787 vers le Groenland et ses étendues glacées, avant de redescendre vers le golfe du Mexique. Au-dessus de l’océan les cumulus dessinent des moutons clairsemés dont les ombres se projettent comme sur une pairie indigo. Puis en arrivant sur les terres américaines la couche nuageuse se referme, recouvrant « La Terre des Hommes » de son immensité immaculée. Vraiment pas de chance, au sol ils ne pourront pas profiter du spectacle.

Il est 13h quand nous amorçons la descente vers Dallas. L’appareil vire doucement à gauche. Tels des lasers, les rayons du soleil strient la cabine de leur lumière inhabituellement dorée pour la mi-journée. Protégé par 2 paires de lunettes de soleil, je jette un œil à travers le hublot. Déjà l’astre du jour est légèrement occulté par un quartier de lune.

Nous nous enfonçons dans la couche vaporeuse légèrement turbulente. Sortie des volets et du train d’atterrissage. L’appareil devient moins agréable. Et tandis que la lumière décline maintenant rapidement, nous posons dans une atmosphère crépusculaire. Au roulage l’aéroport s’allume de mille feux. 13h30, l’appareil rejoint son point de stationnement. Il fait quasiment nuit.

Je suis à l’avant et sorts rapidement. Etrange impression confirmée par l’excitation des passagers quelque peu perturbés par le phénomène. Inédit pour la plupart d’entre eux.

La passerelle mobile aboutit à un large couloir vitré orienté plein sud sur les pistes. Tous feux allumés, le ballet des avions continue comme si de rien n’était. Machinalement je lève les yeux au ciel comme je le fais à la maison à travers la bais vitrée de la mezzanine pour ne jamais manquer les étoiles lors de mes sorties nocturnes vers le lieu d’aisance…

A la seconde même, une trouée dans la couche nuageuse laisse apparaître le flash du premier rayon de soleil après le transit de la lune devant notre étoile, tandis que sa couronne brille telle une chevelure dorée autour du disque noir. Est-ce bien réel ? Je saisis mon appareil photo, le colle sur le vitrage, zoom un peu au hasard, et lance une rafale de photos en m’exclamant d’émerveillement. Quelques passagers se précipitent pour profiter du spectacle, mais déjà le rideau se referme.

Quel coup de chance extraordinaire !

Ai-je bien vu ce que j’ai vu ?

Le cœur battant j’ouvre la galerie d’image de mon smartphone et les fais défiler. La plupart sont floues, sauf une. Je la grossis, la recadre une peu, elle est juste parfaite. Instantané d’un instant rare et éphémère, le mardi 9 avril 2024 vers 13h40 à Dallas. La prochaine fois en France, ce sera le 3 septembre 2081. Pas sûr d’être là.

 

 

 

mercredi 3 avril 2024

J - 23

 

Dans 3 semaines départ pour un grand road-trip sur les traces de l’aéropostale vers Dakar, par voie terrestre, à moto.

Traverser l’Espagne d’une traite pour rejoindre rapidement Gibraltar puis le continent africain à Tanger, avant de « prendre son temps » jusqu’à St Louis du Sénégal puis Dakar : route légendaire des aviateurs, partis de Toulouse, entre le Sahara et l’Atlantique.

Casablanca, Essaouira, Agadir après les derniers contreforts de l’Atlas venant mourir sur l’océan, puis le Sahara Occidental, immense : Cap Juby, escale des pilotes où Saint-Ex, touché par la grâce écrivit le magnifique « Courrier Sud » et eu l’idée du « Petit Prince », Laâyoune, Dakhla jusqu’à Nouadhibou (anciennement Port Etienne), autre escale de Mermoz, Guillaumet et les autres, quand épuisés, au terme d’improbables vols soumis aux caprices d’une météo changeante et imprédictible, ils y posaient miraculeusement les roues de leurs avions à bout de souffle.  

Nouadhibou, d’où l’on entre en Mauritanie par la N2.  D’où l’on peut aussi s’envoler vers la houle dorée du grand Erg Occidental et s’enfoncer dans le plus vaste désert du monde à l’origine de tant d’aventures ancrées dans notre inconscient collectif comme les plus belles. De celles des navigateurs au long cours. Fascination de ces immensités de solitude dans une nature à l’état brute.

De là commencera la seconde partie du voyage depuis le Banc d’Arguin, vers peut-être Chinguetti, lieu mythique de la culture arabo-musulmane avec sa bibliothèque millénaire tentant de survivre à l’inexorable avancée du grand erg et à l'oubli des Hommes.

Puis la descente vers Nouakchott pour rejoindre Saint-Louis à la frontière du Sénégal et arriver, enfin, à Dakar.

6000 km vers le Sud qu’il faudra refaire en sens inverse pour revenir à la maison, faute de ne plus pouvoir remonter par les zones de non droit du nord du Mali ou du Niger.

Départ dans 23 jours !

 

samedi 16 mars 2024

"La fête est dans mon coeur. Nous allons de l'avant avec le PCC"

Même si, pour les citoyens des principaux pays Européens, plus aucun visa n’est nécessaire pour voyager en Chine, nous ne sommes que quelques rares à débarquer à Canton ce début de semaine. Moins de dix selon mon décompte rapide. Et aucun touriste. Peut-être pas la saison, mais tout de même.

Cela me rappelle mes premières missions « pionnières » vers l’Empire du Milieu au tout début des année 90, quand les sièges rouges et bleus du beau Boeing 747 d’Air France n’étaient occupés qu’à la moitié par de rares hommes d’affaires débarquant dans le vieil aéroport au milieu de la campagne pékinoise… Pour nous retrouver au même hôtel de style postcolonial dont le nom m’a échappé, non loin d’un théâtre classique dans les vieux quartiers de la capitale.

Puis ce fut la frénésie des 30 glorieuses chinoises et la transformation du pays à marche forcée : villes nouvelles, industries de toutes sortes, aéroports géants, infrastructures routières, lignes de train à grande vitesse et leurs gares XXL, spatial, biotech, mobilité électrique. Jusqu’à ce mois de Novembre 2019 et le cas de Covid à Wuhan.

A l’étonnement général, du jour au lendemain le pays se ferme et entre confinement. Tout s’arrête brutalement. Incompréhensible sauf à intégrer qu’il s’agit bien d’un accident de laboratoire très sérieux. Ce qu’à n’en pas douter savaient les autorités Chinoises et les a fait paniquer. Le temps de réaliser, et « le reste du monde » entre aussi en confinement. Période inédite dans l’histoire de l’humanité, où presque partout chacun reste à la maison en attendant les consignes des autorités pour raisons sanitaires.

Les gouvernements, particulièrement occidentaux, intègrent rapidement le risque économique, engageant des politiques volontaristes du « quoi qu’il en coûte » pour sauver les entreprises qui, sans que personne ne l’ait vraiment anticipé, et même imaginé, se trouvent à manquer de « tout ». Et l’on découvre notre dépendance à l’usine du monde…

Dans le monde occidental, succède à la sidération, pour des raisons de souveraineté, une politique volontariste de réindustrialisation.

Patatras en Chine dont l’économie s’effondre pour ne pas redémarrer post-covid. Et c’est tout un modèle qui entre en profonde récession. Le gouvernement panique, non plus pour raison sanitaire, mais cette fois-ci politique – les effets du modèle autocratique ne pouvant plus être gommés par la croissance économique – et déploie sous couvert de risque Covid toujours présent, les grands moyens pour contrôler une population déjà groggy à force de tests PCR, confinement qui n’en finissent pas, et d’applications électroniques de traçabilité individuelle. (Dire qu’il y en a qui parlent de dictature pour qualifier nos gouvernements…)

Aujourd’hui un diplômé sur deux ne trouve plus de boulot en Chine. L’an dernier les salaires de la fonction publique pléthorique du pays ont été réduits de 30% ! Vous avez bien lu, trente pourcents. Et la population vieillit rapidement, faute d’une natalité qui, à défaut de confiance dans l’avenir, ne repartira évidemment pas.

Comment tout cela va-t-il évoluer ?

Pendant ce temps, de l’autre côté du monde – notamment chez nous – les populistes font leurs choux gras des insatisfactions du moment, surfant sur les peurs et les antagonismes par des allégations simplistes tournant en caricature les équilibres subtils de nos démocraties.

Aurait-on oublié qu’elles sont l’essence même de notre prospérité et notre sécurité ? Pourtant cela semble faire mouche auprès d’une vaste proportion d’électeurs…

Dans ce contexte Poutine choisit d’attaquer l’Ukraine, pariant sur une victoire éclaire, une Europe atone et une Amérique indifférente. Mais c’est heureusement raté. Et la guerre pour nos libertés, car il s’agit bien de cela, s’installe en Europe, faisant trembler les moins courageux. Echo aux faiblesses et démissions des années 30 qui ont laissé Hitler entrainer le monde dans un conflit global.

Concomitamment l’Amérique se fracture et nous inquiète, menacée par un Trump effrayant auquel elle ne parvient pas à opposer une alternative capable de rassembler ses formidables talents. Heureusement, rien ne semble vouloir encore arrêter son économie florissante.

Et le Moyen-Orient toujours instable devenu une véritable poudrière. Comme si les Hommes de bonne volonté l’avait abandonné aux affres de radicaux de tous bords dans un délire Djihadiste auquel répond une loi du Talion sans discernement…

Attablé dans un petit restaurant en bordure de la nationale d’une ville moyenne de la province du Fuzhian où Shuchen, Fan et moi sommes les seuls clients, dans un boucan d’enfer, je regarde les camions s’arrêter et redémarrer au carrefour du quartier. L’établissement est vide, comme la plupart des autres restaus depuis la grande dépression. Faute de moyens, presque plus personne ne déjeune en ville, entraînant l’effondrement de toute cette économie de proximité.

Mais peut-être suis-en train de vous ennuyer en m’éloignant de la légèreté habituelle de mes chroniques voyageuses ? Désolé si c’est le cas. Mais voyager comme j’ai encore la chance de le faire est un formidable révélateur de l’état du monde. Au long de toutes ces années, j’ai eu le privilège de sillonner ces pays et bien d’autres encore. Et je dois dire que cela devient de plus en plus compliqué et incertain. Nous entrons à l’évidence dans une période instable à hauts risques économiques, sociaux, militaires, où il ne va pas falloir trembler si nous voulons préserver notre mode de vie libre, prospère, en sécurité.

20h30, je viens de passer l’immigration de l’aéroport international de Canton. Très peu de passagers, et sur la ligne « international » (comprenez non-résidents Chinois), car il n’y en avait qu’une d’ouverte sur la dizaine de kiosques, nous étions moins de 10.

Insidieusement la Chine se referme. 

 

mardi 12 mars 2024

Van Life

 

« Van-Life » : bord de mer, soleil, plage, vague magique, chemise à fleurs, cheveux délavés, peau bronzée et « coolitude ». Et bien sûr l’iconique combi VW avec la planche sur le toit ou le côté. L’image est sympa.

Mais avez-vous essayé de conduire un vrai combi ? Je veux dire celui des photos du surfeur californien cool. Mieux encore, l’expérience de voyager loin, avec au fond du "bus" un vrombissement d’enfer au-dessus des roues arrière, toutes fenêtres ouvertes pour la clim’ naturelle - pourvu qu’il fasse beau - mais pas trop chaud quand même. Et dire que certains sont allés avec ce type d’engin jusqu’à Katmandu ou Tamanrasset. Si si, j’en ai vu à Tamanrasset tandis qu’en route vers l’Afrique noires, nous traversions le Sahara en 2 CV en plein mois d’août. Sans doute pas beaucoup mieux en fait. Mais quelle équipée !

-       Tu te fais vieux mon pauvre Fred !

Pas du tout. Avec mon complice Didier nous partons vers Dakar à moto dans moins de 50 jours. Une aventure que nous vous conterons quotidiennement.

Mais pour en revenir à la « Van Life », reconnaissons qu’elle a bien changé. Et franchement, elle n’était pas mieux avant, même si nous étions plus jeunes.

Depuis quelques années, toute une industrie s’est développée pour proposer une multitude de fourgons aménagés avec tout le confort moderne. Petit mais cosy, ces véhicules de loisir rajeunissent le genre en reléguant le camping-car « à papa » au rang de caravane motorisée pour se rendre sur son lieu de villégiature, tous bien rangés en rang d’oignons. Dérivé de petits utilitaires, le van s’emmènent et se garent presque comme une voiture, quasi n’importe où. Et là commence l’aventure : partir un peu au hasard, déambuler vers de belles contrées pour y dénicher quotidiennement le spot de rêve alliant vue imprenable et tranquillité. Avec ce privilège de pouvoir en changer à loisir tout en restant au plus près de la nature. L’autre très belle dimension du véhicule, sa capacité d’emprunter les plus petites voies de circulation et même parfois d’en sortir s’il s’agit d’une version 4x4. Beaucoup moins cher qu’un appartement, certes moins confortable, quoi que, ils offrent l’opportunité du nomadisme, mot magnifique aux connotations multiples : mouvement, liberté, flânerie, aventure, improvisation, optimisation de moyens, pour peu que l’on accepte de sortir de sa zone de confort en cultivant cet art du déplacement en toute liberté, où les petites transgressions de règle parfois rigides édictées par les sédentaires bien-pensants ajoutent ce piquant unique aux voyages.

-        Et le bilan carbone ? Tu as pensé aux impacts pour la planète de ce type de loisir ?

-       Le mouvement c’est la liberté bon sang ! La découverte du monde, sa nature et ses habitants ne se fait pas par procuration. Il faut y aller voir et se rendre compte. Je n’ai pas fait le calcul, mais il n’y a guère de doute qu’en fermant la maison pour partir au large, le mode de vie nomade optimisé au plus juste dans ce petit espace - eau, électricité, chauffage et tous les consommables journaliers - est bien plus chiche qu’à la maison.

Je suis devenu fan du van. Nous avons la chance d’en posséder un au top et venons de faire une exceptionnelle semaine hivernale vers les plus beaux cols des Pyrénées. Pas très loin, mais tout à fait ailleurs.

 

 

lundi 1 janvier 2024

Les bonnes nouvelles de 2024

Y’a jamais de hasard. Parmi les jolis cadeaux reçus à l’occasion des fêtes, « Le livre des bonnes nouvelles ». Celui que des proches bienveillants vous offrent pour bien démarrer l’année, flux d’ondes positives de ceux qui font (bien) tourner le monde malgré un contexte parfois très lourd : guerre en Ukraine et au Proche-Orient, tensions économiques, réchauffement climatique, effrayante montée des populismes et j’en passe.

Mais pour en revenir aux vraies bonnes nouvelles, pêle-mêle, permettez-moi d’en partager quelques-unes avec vous :

     Le monde démocratique, celui dont nous avons la chance de faire parti inclut aujourd'hui plus de la moitié de la population mondiale. Ne gâchons pas cette chance en laissant prospérer les thèses les plus funestes sans réagir. Il y a quelques jours je lisais que parmi les personnalités politiques avec lesquelles les Français aimerait prendre un verre, sortaient en premier Edouard Philippe à 35% (pourquoi pas), suivi par Marine Le Pen pour 34%. Quand les promoteurs de pires thèses entrent dans la normalité. J’en ai des frissons !

-       - La faim dans le monde ne cesse de reculer. Elle est maintenant à son plus bas niveau historique.

-        - On meurt de moins en moins du cancer. Aujourd’hui près des deux tiers se soignent.

-       -  Les femmes ont enfin accès aux mêmes droits de vote que les hommes et sont de plus en plus présentent dans les parlements du monde.

-        - Grâce aux vaccins, les maladies infectieuses reculent partout dans le monde. Certaines même disparaissent comme la poliomyélite, la tuberculose, la diphtérie, la variole…

-        - De nombreuses espèces en voie d’extinctions se portent mieux : rhinocéros, tigre, baleine à bosse…

-        - 85% des bombes nucléaires construites ont été désactivées.

-        - Contrairement à ce que l’on pourrait croire - l’un des effets loupe des réseaux sociaux poussant en permanence les images spectaculaires sur nos smartphones - les catastrophes naturelles sont beaucoup moins mortelles que par le passé.

-        - Les meilleures choses de la vie sont réellement gratuites. Vous en doutez ? en premier l’amour et le bonheur de l’instant.

-       -  L’espérance de vie en bonne en santé augmente dans presque tous les pays. Plus de 72 ans en Europe.

-       -  La mortalité infantile ne cesse de diminuer.

-        - Le taux d’alphabétisation mondial augmente fortement pour atteindre près de 90%.

-        - La scolarisation des filles ne cesse de progresser. Le meilleur rempart contre l’obscurantisme et l’ignorance parfois brutale de la gent masculine.

-        - Les 3 pays les plus heureux au monde sont la Finlande, le Danemark et l’Islande. Tous Européens. « Grâce » aux français, la France, « ce paradis où les gens croient vivre en enfer » pointe en 21ème position…

-       -  La fusion nucléaire pourrait fournir une énergie propre et illimitée.

-       
- Le potentiel considérable de l’énergie solaire est lui-aussi quasi illimité.

-       -  On fume de moins en moins dans presque tous les pays, et la mortalité liée au tabagisme diminue. (Même si 2 fumeurs sur 3 meurent prématurément de cette addiction).

-        - L’économie mondiale reste en croissance. Sans croissance difficile d’assurer une dynamique sociale positive.

-        - Les voyages aériens n’ont jamais été aussi sûrs.

-        - L’acidité de l’atmosphère diminue.

-        - L’Europe est en tête pour le recyclage et la réduction des émissions.

-       -  90% de la population mondiale a maintenant accès à l’électricité.

-        - Le taux du suicide ne cesse de diminuer : moins 39% en 25 ans.

-       

Tout peut arriver en 2024. Même le meilleur. Et le plus sûr moyen de faire en sorte que les choses positives se réalisent est de choisir le camp de ceux qui les considèrent possibles et agissent en conséquence.

Du fond du cœur, très belle année à tous !

 

jeudi 7 décembre 2023

Et si nous allions au Taj Mahal ?

Le Covid est passé et nous pourrions nous dire que le business a retrouvé une certaine « normalité », faisant fi des guerres en Ukraine et au Proche Orient qui ont plongé le monde dans de nouvelles tensions telles que ma génération n’en a jamais connu. Mais là n’est pas mon propos du jour qui concerne les voyages d’affaires dont nous avions perdu l’habitude. Avantageusement remplacés, pensait-on, par les vidéo-conférences et leur extraordinaire compression de l’espace-temps. Et s’il est incontestable que cela a grandement changé certaines de nos pratiques, il reste heureusement parfois indispensable de se déplacer en personne pour aller à la rencontre de clients ou partenaires à l’autre bout du monde. Car rien n’égale la qualité d’une discussion en face à face. Plus encore quand il s’agit de travailler avec des personnes de cultures très différentes.

Au débotté me voilà donc reparti vers New-Delhi pour rendez-vous avec celui que j’appellerai Rajiv, important client et partenaire. Dix-huit heures de voyage « gate to gate », dont un long vol de jour. l’A330 d’Air-France et son équipage étaient parfaits.

Courte nuit au Shangri-La de Delhi. Nous nous retrouvons autour d’un l’excellent petit déjeuner. Heureuses retrouvailles entre amis, terme ici non galvaudé quand il est question de Rajiv. Puis séance de travail intense en passant à travers la présentation soigneusement préparée avec le patron de notre division aquaculture qui m’accompagne pour ce voyage. Seulement 8 slides aux mots choisis sur lesquels nous nous arrêtons fréquemment pour éviter toute incompréhension et tenter d’aligner les points de vue. Et tandis que nous concluons cette première séquence, Rajiv nous propose tout de go :

-        Et si nous allions au Taj Mahal ? Nous pourrions continuer à discuter dans la voiture !

Quelque peu pris au dépourvu, je me permets de commenter que ce n’est pas la porte à côté.

-        4h par la route. Et nous y allons avec mon minibus tout confort, précise-t-il en se levant sans l’ombre d’une hésitation. Nous pourrons continuer de travailler…

Nous voilà donc parti, dans un très beau van Mercedes aménagé en petit salon, vers le sud en direction d’Agra.

Rouler en Inde est une aventure à haut risque tant les obstacles imprévus sont nombreux : sur des routes approximatives, véhicules de toutes sortes, en tous sens, dans un concert de klaxon et d’appels de phares. Sans oublier les piétons inopinés, comme si, dans le flot du trafic, ils se croyaient protégés par je ne sais quel talisman… Stressant et fatiguant, encore plus quand il s’agit de rester concentrés en poursuivant l’échange professionnel aux enjeux importants.

Nous rejoignons Agra d’une traite en fin d’après-midi. Il était temps. Je suis un peu nauséeux avec une forte envie de soulager ma vessie. L’air frais nous revigore. Depuis le parking VIP, Rajiv étant aussi élu au parlement Indien, nous nous rendons à pied vers le mausolée érigé au 17ème siècle par l’empereur Moghol, Shah Jahan, en hommage à sa défunte épouse morte en couche pour son 14ème enfants. Travaux titanesques, 24h/24, réalisés en seulement 20 ans par 20 000 ouvriers et artisans.

Bordée de marchands du temple, une petite avenue nous conduit vers l’entrée sud de l’édifice. Beaucoup de visiteurs Indiens aux tenues chamarrées. Femmes en sari, Sikhs enturbannés, musulmans en djellaba, des familles de toutes générations, très peu d’occidentaux. Tous convergent vers la grande entrée, presqu’un palais aux proportions parfaites. Couleur ocre et marbre clair, ouvertures en forme d’ogive au-dessus desquelles s’élèvent une suite de coupoles blanches. Le fronton orné d’extrait de sourates du coran en incrustation de marbre noir sur blanc. Le tympan de la porte décoré de jade et autres pierres semi-précieuses. A couper le souffle.

Mais nous n’avons encore rien vu…

Avançant vers cette grande porte, le Taj Mahal se dévoile en perspective, telle la miniature d’un palais des milles et une nuit dans une boule à neige. D’ici il semble presque petit.

Franchissant le seuil on entre dans une nouvelle dimension. La ferveur de la foule est aussitôt perceptible, comme hypnotisée par le mausolée distant de plus de 500 mètres et dont l’image se reflète dans les longs bassins d’eau parfaitement alignés. Difficile de faire plus spectaculaire. De part et d’autre du Taj Mahal, en symétrie s’alignent aux points cardinaux les autres portes du site, toutes aussi majestueuses que celle que nous venons de franchir. Nous entrons littéralement dans un autre monde, sans aucun doute la volonté des concepteurs de ce lieu unique aux allures de paradis.

Portés par la foule venue visiter l’une des merveilles du monde, nous avançons vers ce qui ressemble à une grande mosquée persane de celles que l'on trouve à Ispahan ou Samarcande. Chacun s’essaye au meilleur selfie ou photo de famille comme l’un des souvenirs marquant d’une vie. Beaucoup de jeunes couples, main dans la main, femmes en tenues traditionnelles aux couleurs vives et messieurs souvent plus classiques. Des gens de tous âges. Quelques rares femmes musulmanes emprisonnées dans leurs sinistres abayas et nikabs noirs.

Nous approchons doucement du mausolée dont les proportions apparaissent maintenant monumentales. Tout de marbre blanc, l’édifice est d’une parfaite symétrie sur ses 4 faces : ouvertures en ogives sous une immense coupole dominant 4 plus petites, flanqué de 4 tours majestueuses. Juste sidérant tant les dimensions pourtant gigantesques sont parfaites et l’esthétique d’une pureté faite de sophistications et de sobriété mêlées.

Sobriété et pureté du marbre blanc.

Sophistication des formes où les courbes parfaites côtoient la rectitude des symétries.

En approchant d’avantage, maintenant écrasé par la masse de l’édifice, se révèlent une multitude de détails où la pierre taillée et polie ressemble à une dentelle minérale incrustée de marqueterie de jade, améthyste, et autres minéraux polychromes. A couper le souffle !

Nous entrons dans l’édifice comme dans une cathédrale. Au centre d’un vaste carré sous le volume de la coupole monumentale, caché derrière de fines cloisons de marbre sculptées telles des moucharabiés, les tombeaux du Shah et de sa défunte épouse à l’origine du chef d’œuvre. Impossible de ne pas s’arrêter quelques instants.

Nous ressortons sur la terrasse nord dominant la majestueuse vallée de la rivière Yamuna.

Le soleil se couche dans un ciel laiteux, halot orangé illuminant le marbre immaculé de la douceur du soir. Tel un ange, une petite fille habillée d’une tenue de fée rose traverse la place en sautillant retrouver sa maman, les bras grands ouverts, au côté d’une vielle dame au regard bienveillant. Je croise le regard de Rajiv tout sourire. Le moment est parfait. Il a parfaitement réussi « son coup ».