lundi 30 novembre 2009

Jardinage en fond d'Oued !


Zagora, le 29 Novembre :

Nous avons quitté Merzouga ce matin pour longue étape dans le grand Sud, vers Mahmid, itinéraire longeant grosso-modo la frontière Algérienne, en anticipant un possible bivouac sur le parcours.
Finalement, nous sommes arrivés ce soir à Zagora, rejoignant par la piste la N9 asphaltée le long de la vallée du Drâa environ 40 km plus au nord qu’attendu, parcourant la distance prévue, mais avec une « petite » erreur de cap. Disposant bien d’un GPS, au cas où, nous ne naviguons qu’à la boussole, en fait surtout au feeling fonction des traces précédentes et de l’intuition…
Peu importe, la ballade était belle.

Le premier quart du parcours longeait l’oued Ziz depuis Taouz, fin du goudron au Sud de Merzouga. Sans difficulté particulière nous progressons tranquillement jusqu’à Remia au croisement de pas moins de 6 lits d’oued, zones toujours confuses où il s’agit de se frayer un chemin dans véritable un champ de mine, terrain bouleversé par le ruissellement des eaux lors de pluies qui, même si elles sont rares dans ces zones arides, peuvent générer en quelques minutes des torrents d’eaux ruisselantes charriant terre, sable, cailloux et arbustes, bouleversant complètement la topographie locale. Une fois l’eau écoulée puis évaporée, en certain endroit la boue se solidifie en terre grise compacte qui se décompose en une sorte de farine pulvérulente, le fech-fech, à la faveur du passage des véhicules et des animaux, phénomène amplifié par l’érosion éolienne.
Si je vous raconte cela, c’est par ce qu’il s’agit d’un des risques principaux d’enlisement lors de la circulation en 4x4 dans les zones d’oued. En effet, les passages successifs creusent de profondes ornières, tant et si bien qu’au bout d’un moment, les roues peuvent perdre l’adhérence lorsque châssis où ponts finissent par frotter sur la zone de terre dure restant entre les dites ornières.
Et bien nous n’y avons pas coupé, et plutôt deux fois qu’une sur qulelques centaines de mètres ! Sachant qu’il ne faut alors pas moins d’une demi-heure de pelletage énergique pour libérer la voiture de ses entraves dans des conditions de poussière particulièrement désagréables… ça casse la moyenne, mais pas le moral.
Non content de ces enlisements toujours un peu humiliants pour l’égo du pilote, nous avons aussi un peu jardiné sur une « fausse piste » réservée aux militaires.
Tandis que nous progressions tranquillement, un panneau sens interdit au dessus d’une mention « propriété privée » semble nous barrer la piste. Pensant à une note d’humour local, nous poursuivons notre chemin lorsque deux jeunes nous rejoignent en mobylette pour nous signifier notre méprise. Jamais agréable de se faire rattraper par une mob en 4x4. Encore moins de s’entendre dire que nous ne sommes pas sur la bonne route. Crânement nous poursuivons. Mais force est de constater qu’après quelques km notre cap est beaucoup trop Sud. Nous tentons alors de corriger la direction en coupant « à travers champs ». Mais le terrain est hostile et, pas vraiment fiers, devons nous résigner à revenir en arrière jusqu’à la bifurcation indiquée par les jeunes cyclomotoristes du désert.
Ah, le désert, une belle école d’humilité…

Mise à part ces petites anecdotes fort instructives, la ballade fut magnifique, avec des changements de paysages permanent au gré de nos pérégrinations de vallées en vallées : alternance de dunes ondulantes aux contrastes sublimés par un soleil rayonnant, de regs aux graviers multicolores clairsemés d’herbacées d’un vert surprenant, de massifs rocheux aux formes géologiques torturées parés de teintes passant du chocolat, au bleu et à l’anthracite ; traversées de villages de pisé fondus dans le paysage ; tout cela sous un ciel d’un bleu parfait.

A mi-parcours, alors que nous étions sensés passer au cap 180, nous poursuivons Sud-ouest suivant paresseusement une bonne trace face au soleil.
Tandis que vers 18 heures le soleil passe derrière l’horizon, d’après nos estimations il nous resterait encore une centaine de km que nous décidons de parcourir de nuit.
Le paysage se réduit alors au faisceau lumineux des phares de la voiture générant des ombres extraordinaires et fantasmagoriques dans cet environnement hors norme.
Alors qu’il fait maintenant nuit noire c’est en franchissant le col du Tizi-n-Tafilalet que nous découvrons au loin les lumières électriques de ce qui semble bien être une localité à peut-être un vingtaine de km. Nous roulons prudemment, approchant doucement de ces lumières agissant comme une étoile amarrante.
La piste se fait plus douce lorsque nous sommes dépassés par un vieux Land-Rover jaune immatriculé localement et qui semble nous indiquer le chemin. Nous roulons maintenant entre des jardins avant de déboucher le goudron.
Où sommes-nous ?
Quelques km encore avant de découvrir la pancarte « Zagora » où nous entrons tranquillement. Le vieux Land se positionne alors à coté du Disco et les jeunes conducteurs proposent de les suivre jusqu’à leur garage pour faire les filtres et regonfler les pneus. De bonne grâce nous les accompagnons jusqu’à l’atelier pour un arrêt au stand rapide, efficace et conviviale. Puis comme dirait Valy :
- ça au moins c’est fait !
Demain nous n’aurons plus qu’à faire le plein pour notre nouvelle étape grand-sud, de Mahmid vers Foum-Zguid, avec notamment la traversée du lac Iriki.

dimanche 29 novembre 2009

Fête de l'Aïd à Merzouga


Merzouha, le 28 novembre :

Nous vous avons laissé hier soir à la recherche du Riad de Larbi que nous avons finalement retrouvé grâce aux précieuses indications de Thomas, par téléphone depuis la France…

Accueil sympa et discussions autour d’un délicieux poulet pommes-frites.
Larbi est un petit homme grisonnant d’une quarantaine d’années au visage avenant particulièrement lorsqu’il s’exprime. D’un naturel assez bavard, il nous raconte l’histoire de son établissement et quelques anecdotes savoureuses sur les touristes qu’avec ses frères ils accueillent régulièrement, dont une majorité d’espagnols attirés par la « grand frisson du désert » pour des raisons aussi variées que parfois surprenantes.
Je vous passe donc le grand classique de la fascination des grands espaces, l’exotisme de la vision du nomade au détours de l’oasis à palmier, l’inévitable tour de chameau aujourd’hui concurrencé par le quad loué à prix d’or, sans oublier les stages de méditation parait-il de plus en vogue aujourd’hui… tout ça, vous l’imaginez bien sûr sans peine, à la nuance près que ces activités se déroulent parfois simultanément sur un périmètre bien encadré assez restreint, et qu’il n’est pas rare que les quads fassent l’assistance rapide de touristes incommodés par la démarche chaloupée du dromadaire, et passent en trombe devant un groupe de yogistes en pleine méditation face à la dune... Si, si, je n’exagère rien, c’est l’un des frères de Larbi qui me l’a raconté.

Mais connaissiez-vous le dernier truc à la mode ?
Et bien je vous donne en mille : la « sa-blo-thé-ra-pie ».
Décomposez bien le mot et vous commencez à comprendre de quoi il s’agit.
Je ne vous fais pas languir d’avantage car je sens que vous mourrez d’impatience d’en savoir plus.
Vous faites donc un trou dans la dune, avant de vous y allonger, et que l’on vous recouvre le corps de sable. Excepté la tête évidemment. Sinon ça s’appellerait la « sablommicidérapie » et ça n’a bien sûr rien à voir.
Donc, finalement, ni plus, ni moins que ce qu’enfants nous avons tous fait sur la plage de Saint de Jean de Mont. Et dire qu’il y a des gens qui payent pour ça. Et même assez cher parait-il. De là à ce que soit un jour remboursé par la sécu…



Hier soir nous avions décidé de faire un jour de break à Merzouga. Alors que j’informe Larbi de nous garder les chambres pour une nuit supplémentaire, tout sourire il nous invite à fêter l’Aïd El Kebir aujourd’hui avec sa famille, ce que ne pouvant refuser, nous acceptons de bonne grâce.
C’est donc avec curiosité que nous partons ce matin avec son plus jeune frère vers la maison familiale au cœur du village, une modeste bâtisse de pisé au milieu d’un labyrinthe de ruelles poussiéreuses.
La fête de l’Aïd est l’une des principales fêtes religieuses de la communauté musulmane, comparable en importance à ce que Noël représente pour les chrétiens.
En arrivant à la maison nous entrons par une petite porte basse, puis traversons un étroit couloir, avant de déboucher sur une cour intérieure en terre battue où les hommes dépouillent un mouton pendu par les pieds à un portique de bois fixé à l’angle de deux murs. Larbi et son père, un « vieux » monsieur de 69 ans, ancien mineur à la retraite, s’affairent sur la bête dont la tête coupée est posée un peu plus loin sur une sorte de panier tressé.
Une fois la peau enlevée, l’animal est ensuite éviscéré puis carcasse et organes sont lavés à grandes eaux. La scène est assez spectaculaire pour les non initiés.
Pour cette opération le père de Larbi porte un sur-pantalon de protection ainsi qu’un petit chapeau, sorte de calot à connotation religieuse. L’acte est en effet symbolique, reproduisant le sacrifice d’Abraham dont la main fut retenue par un ange au moment où il allait immoler son propre fils pour Dieu, et que ce dernier lui demanda d’égorger plutôt un mouton…
Un détail saute aux yeux en observant plus précisément les gestes précis du papa : trois doigts manquants à sa main droite, conséquence d’un accident de travail 30 ans plus tôt, alors qu’il manipulait des explosifs à la mine.
Nous sommes ensuite invités à passer dans la grande salle de la maison, et après s’être déchaussés, nous installons sur de très simples banquettes garnies de coussins le long des murs. Les femmes en tenues traditionnelles berbères viennent alors servir des pâtisseries, tandis que le patriarche préside la cérémonie du thé assis par terre sur une place visiblement réservée.
Excepté la sœur mariée dont la fête se déroule chez la famille de son époux, toute la famille est réunie. Il y a même ici un oncle, ancien militaire devenu un peu fou suite à un traumatisme psychologique lors du conflit contre le front Polisario dans les années 70 au Sahara Occidental. Depuis la famille en prend soin.
L’ambiance est joyeuse et le temps passe lentement, rythmée par la succession des plats : thé très sucré et pâtisseries, brochettes de foie, de cœur, tagine mouton, fruits frais.
Tout en plaisantant nous débattons politique, économie, religion, sport, dans une chaleureuse ambiance familiale et bonne enfant jusqu’en milieu d’après-midi où nous les quittons, touchés d’avoir eu la chance de partager ce moment avec eux.



Demain nous repartons pour une longue navigation, deux jours et environ 300 km de pistes Sud-ouest vers Mahmid.
Nous profitons donc de la fin d’après-midi pour refaire le plein à la boutique du coin, par bidons de 5 litres puisés sur un simple fut de 200 litres, la dernière station service étant une trentaine de km plus au nord. Egalement un petit coup d’air comprimé sur le filtre à air, et comme il nous reste du temps, faisons un détour par le lac de Merzouga, étonnant point d’eau au pied des dunes.

samedi 28 novembre 2009

On a marché sur la dune !


Merzouga, le 27 Novembre :

La nuit à l’hôtel Hamada de Boudnib fut bienvenue après la longue journée d’hier, particulièrement le dernier tronçon, sur une piste abandonnée ravagée par l’érosion des oueds lors des rares pluies que le sol imperméable transforme en torrent violent et où le Discovery, dans son milieu naturel, a prouvé une nouvelle fois ses formidables capacités de franchissement dans des positions parfois impressionnantes. Mais ça la fait…

Modeste, l’établissement où nous sommes les seuls et probablement exceptionnels clients est d’une rare saleté vite oubliée grâce à la gentillesse des tenanciers, un vieux monsieur chaleureux et ses deux fils, auteurs d’un délicieux tagine poulet fondant et confit à souhait.

Ce matin réveil au chant du Muézine et ses mélopées un peu nasillardes mais très agréables.
Tandis que nous p’tit déjeunons à la « terrasse » de l’établissement donnant sur la place du village, hier soir encore fourmillant d’activité et toujours endormie à cette heure matinale, quelques rideaux métalliques de boutiques s’ouvrent bruyamment. Il fait encore frais et nous attendons les premières caresses du soleil en sirotant café et thé brulants accompagnés de pain frais à la confiture d’abricot nationale, lorsqu’une petite fille au visage éclairée d’un sourire rayonnant s’approche vers nous pour spontanément nous faire une bise avec un naturel touchant. Puis elle poursuit son chemin comme si de rien était. Instant de grâce.

En sortant de Boudnid nous empruntons une piste bien tracée vers le Sud-ouest. Roulant doucement nous dissertons sur le sens de la vie, stimulés par la beauté des paysages aux couleurs réchauffées par la présence de sables portés par les vents depuis le Grand Erg Occidental plus au Sud. La piste se fait aussi plus douce. Par chance nous bénéficions de conditions météo idéales sublimant cette nature minérale.
Au détour d’un petit relief nous tombons sur un puits où des nomades tirent l’eau pour le troupeau. Têtes protégés sous les chèches traditionnels de ces régions sahariennes, ils gèrent montées et descentes alternatives de deux grosses outres reliées, par un long câble de la profondeur du puits, une quarantaine de mètres, à deux mules de part et d’autre de la margelle, outres dont le précieux contenu est ensuite déversé dans des abreuvoirs à la disposition des animaux.
Progressivement la piste d’infléchie vers le Sud-est. Nous roulons sur un plateau rocailleux bordé à notre gauche par un relief marquant la frontière avec l’Algérie, et à notre droite par une vaste dépression, zone de rivières asséchées envahie par les sables dont les congères devenues dunes évoluent au gré des vents et que nous attendons de découvrir avec impatience.
A certains endroits le plateau sur lequel nous roulons s’est effondré dans la dépression sablonneuse en d’énormes blocs, comme si une force titanesque en avait effrité le bord à coup de pioche géante.
Après environ 150 km, une impressionnante descente caillouteuse nous conduit dans la vallée sablonneuse. Nous apercevons les premières dunes déjà dorées par le soleil du milieu d’après-midi. Notre cap repasse à l’Ouest naviguant alternativement entre lits d’oueds, oasis verdoyantes aux allures de cartes postales postcoloniales, et regs anthracites. Les nuances de couleurs sont exceptionnelles.
En sortant d’une oasis, nous découvrons un cimetière où les corps simplement recouverts de terre et de sable au pied d’une simple stèle de pierre reposent ici après y avoir vécu chichement.
Soudain l’horizon semble comme éclairé par une étrange lueur orangée… Pas d’erreur, il s’agit bien du sommet de l’Erg Chebbi, énorme dune dont la belle couleur dorée tranche avec les reliefs dans des nuances de gris foncé presque noir aux premiers plans. En approchant nous découvrons les formes sensuelles de cette masse mouvante que nous décidons de contourner par le Sud-est, avant de remonter par l’autre coté vers Merzouga notre objectif de ce soir.
En approchant de l’erg la piste devient franchement sablonneuse, marquées de profondes ornières mouvantes zigzagants entre des dunes de plus en plus impressionnantes qu’il s’agit de contourner sans s’ensabler. Surtout ne pas s’arrêter. Le Disco fait encore une fois merveille. Nous roulons en 2ème avec suffisamment de régime moteur pour ne pas trop s’enfoncer dans ces terrains mouvants. Lorsqu’elles ne peuvent pas être contournées, les dunes doivent être franchies par la crête, impressionnant jeu de montagnes Russes demandant une attention soutenue pour ne pas risquer le tonneau.
Il est maintenant 17h30, le soleil se rapproche de l’horizon donnant à l’énorme masse sableuse une esthétique majestueuse. La nature à parfois le don d’offrir des spectacles inoubliables.
Et cette piste qui n’en finit pas de « contourner » l’Erg en s’incurvant maintenant vers le Nord-ouest, quand au loin nous croyons distinguer une ligne électrique, impression confirmée par l’apparition des premières maisons en pisé fondues dans le paysage. Effectivement, quelques kilomètres plus loin nous rejoignons la route asphaltée. Au hasard nous prenons à droite, vers le Nord. Le soleil se couche lorsque nous entrons dans Merzouga à la recherche du Riad de Larbi, une bonne adresse recommandée par Thomas.

(Désolé, peu d'images ce soir du fait de la mauvaise qualité du réseau...)

vendredi 27 novembre 2009

Voyage intersidéral



Boudnib, Jeudi 26 :

Nous nous sommes quittés hier soir alors que je commençais vraiment à me geler en rédigeant la petite chronique quotidienne, assis sur un siège de camping, sous trois épaisseurs de fourrures polaires, et déjà impatient de tomber dans les bras de Morphée sous les étoiles.
Question gel les choses ne se sont ensuite pas réellement arrangées. Je me suis glissé dans mes quatre épaisseurs de sacs de couchage les pieds glacés (sac se soie + sac de couchage 0° + sur-sac de couchage « grand froid » + un autre sac de couchage militaire, sans oublier bien sûr de garder ma paire de chaussettes) et, malgré ce luxe de précaution, ne suis pas parvenu à réellement les réchauffer de toute la nuit…
Mais ce fut un bien petit désagrément comparé à l’immense plaisir du voyage cosmique des dernières 24 heures.

Donc décollage hier soir vers 22h30. Emmitouflé sous mes 4 couches de sac, capuche serrée ne laissant passer que les yeux, allongé sur mon lit de camp, je suis paré au décollage.
Déjà la lune décline doucement vers l’ouest et le ciel d’un noir absolu où que porte le regard, s’illumine d’innombrables feux stellaires.
Au nord, l’étoile polaire, pile dans l’axe de rotation de notre planète, et autour de laquelle semble donc tourner toute les autres étoiles, est plus basse sur l’horizon. Le corps de la Grande Ours est déjà partiellement masqué, image tout à fait inhabituelle pour nous qui vivons plus au Nord.
Au zénith, le W de Cassiopée semble comme accroché au milieu de la voie lacté tandis qu’à l’Est les Pléiades scintillantes montent doucement vers le sommet de la voute céleste.
Et pas un bruit. Pas même le moindre petit souffle d’air ou sonorité venant de quelque activité humaine ou animale. Un silence absolu, profond, assourdissant, seulement troublé par les pulsations de mon propre cœur. Etrange sensation de faire parti, pour un éphémère instant à l’échelle cosmique, du grand mouvement de l’univers.
Je m’endors bercé par cette vertigineuse sensation.
3h23 du matin, réveil les pieds toujours gelés. En ouvrant les yeux j’ai comme l’impression d’être immédiatement aspiré par l’espace intersidéral. La lune est maintenant couchée, et sur fond de ciel d’encre j’ai comme la sensation de voler parmi les étoiles. Et pourtant je n’ai rien pris pouvant générer de tels effets « hallucinogène »… Au contraire, parfaitement lucide je profite pleinement de ce moment qu’offre la nature. La voie lactée est d’une clarté et profondeur extraordinaire. Cette lueur laiteuse générée par notre propre galaxie vue de la tranche porte en elle des milliards d’années d’histoire, temps que la met la lumières des étoiles les plus lointaines à nous parvenir. Certaines d’entre elles n’existent plus alors que leur lumière nous parvient encore. Regarder les étoiles est comme remonter le temps. Plus l’on regarde loin, plus on regarde tôt dans l’histoire de l’univers.
Tandis qu’à l’Est, Orion, constellation d’hivers, monte sur l’horizon, précédée de Sirius l’étoile la plus brillante de l’hémisphère nord, mes paupières se fond de nouveau plus lourdes et je me rendors en me disant que j’aurais vraiment du mettre 2 paires de chaussettes…
6h30 : l’horizon s’éclaircit très légèrement à l’Est. Plus que 2 heures avant le levé du soleil et que ses premiers rayons veuillent bien distiller les calories dont mon corps commence à avoir besoin après un tel voyage.

Réveillé par Jo vers 7h45, nous déjeunons en profitant des premières lueurs du jour.
Le thé brûlant associé au rayonnement de notre étoile à tôt fait de réchauffer nos corps encore engourdis.
Et déjà il nous faut repartir pour une nouvelle navigation. Land-Rover, le vaisseau spécialement adapté à ce type de terrain, doit permettre de franchir les obstacles nous séparant de notre objectif de ce soir : Boudnib.

Quelle nouvelle journée magnifique !
Des paysages à couper le souffle, alternance de larges vallées recailleuses bordées de lignes de crètes et entrecoupées de passages d’Oued acrobatiques où le Discovery donne le meilleur de son potentiel.
De temps en temps de furtives rencontres avec quelques habitants de ces lieux à priori inhospitaliers, et pourtant tellement attirants, où ceux qui y vivent ont su développer avec modestie un mode vie adapté aux conditions extrêmes. Respect !

Il est 18h passé lorsque nous parvenons à Boudnib après environ 170 km de piste aujourd’hui, dont les 19 derniers parcourus en plus d’une 1h30 sur une ancienne piste visiblement abandonnée ; poussiéreux, fourbus, mais heu-reux.

Demain « Objectif dune ! »

jeudi 26 novembre 2009

Tout est calme sur le Rekkam


Mercredi 25, quelque part sur le plateau du Rekkam…

7h15 mercredi matin : Jo frappe doucement à la porte de ma chambre. Comme les vieux couples nous faisons chambre à part afin de ne pas gêner l’autre dans son sommeil léger, la nuit étant tous deux d’un naturel un peu agité…
Après avoir acheté deux baguettes encore chaudes chez le boulanger du quartier, petit déjeuner improvisé au « Café des Rendez-vous » au coin de la place principale. A la table d’à coté des petits vieux en babouches et djellaba de laine crue sirote leur café au lait encore fumant.
En regardant le minaret de la mosquée colonisé par les cigognes, je m’étonne de ne pas avoir encore entendu le chant du muézine. Peut-être étais-je encore endormi, à moins que ce soit lui qui ne se soit pas réveillé ce matin…

En partant, premier arrêt à la station service faire le plein de gas-oil, plus un bidon de secours, ainsi que d’un jerricane d’eau. On n’est jamais trop prudent.
Temps magnifique ce matin.
Quittant Guercif nous roulons au sud sur une étroite bande asphaltée à la recherche de la petite piste d’accès au plateau du Rekkam que nous retrouvons sans difficulté. Une fois les pneus dégonflés à 1,5 kg pour plus de confort dans la voiture, nous entamons doucement l’ascension sur cette piste étroite et caillouteuse. Sur notre gauche, la vallée s’étend à perte de vue vers l’ouest illuminée par le soleil encore rasant du début de matinée.
A 1500 m d’altitude nous débouchons sur ce plateau, remettons le compteur à zéro en démarrant notre navigation à vue au cap Sud-est, Sud-ouest, puis de nouveau Sud-est. Distance à parcourir environ 300 km. L’air est vif et la promenade s’annonce jolie.
De loin en loin quelques troupeaux d’ovins épars semblent brouter les pierres, en réalité la très maigre végétation poussant sur un sol rocailleux au fond de terre rouge.
Des tentes nomades d’où s’échappe parfois une fumée bleutée abrite les familles des bergers nomades à la recherche des meilleurs pâturages sur ces terres arides.
Au début clairsemés, les maigres arbustes aux allures de bonzaï finissent par totalement disparaitre et avec eux les derniers oiseaux.
Nous roulons maintenant sur la planète Mars dans des paysages tels que nous les ont transmis les robots Spirit et Opportunity : sol rouge parsemé de pierres de différentes tailles. Relief légèrement ondulé où, à l’horizon, le ciel poussiéreux diffracte la lumière d’un soleil délavé. A petite vitesse nous profitons de ces grands espaces où le regard se perd et l’esprit s’évade. La beauté est dans l’immensité et la sobriété de ce monde minéral.
Après la pause déjeuné au milieu de nulle part, nous repartons, roulant distraitement, naviguant un peu au hasard sans réellement savoir où nous nous trouvons.
Pour le jeu et par précaution, nous finissons par reporter sur la carte les coordonnées GPS du point où nous sommes arrêté : bien plus à l’Ouest qu’imaginé ! En tendant de corriger le cap nous « jardinons » dans une zone parsemée de petites constructions de pierres, probablement habités au gré des transhumances des troupeaux.
Le soleil décline et il est maintenant temps de nous arrêter pour le bivouac afin de profiter des derniers instants magiques d’une belle journée dans le désert. Sans réellement savoir où nous sommes nous stoppons le Land-Rover sur une zone plane et relativement peu caillouteuse et montons sans plus de délai la tente de Jo. Trop facile la Quechua 3 secondes ! Nous verrons demain pour le repliage…
Tout juste installés des gars du coin nous rejoignent pour un brin de causette. Trois générations : un papy en babouche et djellaba de laine au visage buriné et plutôt sympathique, un homme dans la trentaine en djellaba orange et mobylette hors d’âge assortie, un ado à casquette et un petit garçon adorable. Notre arabe étant aussi inexistant que leur français, nous leur offrons le thé à la mode Européenne, du Lipton Yellow très sucré qu’ils ont l’air d’apprécier.
Ils nous quittent comme ils sont venus après que nous ayons tenté de leur expliquer que le gas-oil ne pouvait pas convenir à la mobylette et qu’ils nous aient indiqué « la route » pour demain. Pas sûr que nous nous ne soyons bien compris, mais le moment était plaisant.
Il fait maintenant nuit et nous dinons chaud, assis autour de la table de camping. Le confort moderne a tout de même du bon.

Il est 22h. Mon co-équipier ronfle sans retenue dans sa tente. Je dois maintenant vous laisser car je commence vraiment à me les geler sous la lumière froide de la demi-lune. Mon lit de camp et mon duvet m’attendent à coté. Pour rien au monde je ne voudrais manquer cette nouvelle chance d’un voyage nocturne sous les étoiles. C’est promis, demain je vous raconte comment c’était.

mardi 24 novembre 2009

Traversée du Rif sans rififi


Guercif, Mardi 24 novembre :

Aujourd’hui étape de transition à travers le massif du Rif et les contreforts du Moyen Atlas.
Très belle ballade sur ces petites routes sinueuses de moyenne montagne, paysages bucoliques de fin d’automne ou les feuillus prennent les teintes chatoyantes des photos de saison du calendrier des postes, rehaussées par ce ciel bleu presque turquoise à nul autre pareil.
Ne progressant qu’à la vitesse du trafic local - petits camions chargés d’olives fraîchement récoltées, taxis Mercedes hors d’âge s’arrêtant tous les 3 kms pour déposer ou reprendre un passager pour le prochain village, mules asservies aux travaux agricoles marchant sur les bas côtés, ou encore troupeaux d’ovins au beau milieu de la route - nous profitons de ces images pastorales défilant dans un autre espace-temps que le nôtre. Au détour d’un virage, un peu plus bas dans la vallée, un petit groupe d’hommes s’affaire autour d’un moulin à huile, tandis qu’inlassablement, une mule tourne en rond, entrainant au bout d’un mat horizontal une énorme roue de pierre sur une plateforme circulaire où sont écrasées les précieuses olives. Pousser par le trafic nous n’avons pas la présence d’esprit de nous arrêter fixer cette scène de vie tout droit sortie d’un autre âge. Dommage.

La traversée des villages est toujours « spectaculaire » au sens littéral du terme. Tout d’abord « la banlieue » où l’on trouve les artisans : tôliers et mécanos, menuisiers et charpentiers. Ensuite les services publics dans des bâtiments « modernes » un peu anachroniques, dont les écoles vers lesquelles convergent des grappes d’enfants de tous âges, puis les petits commerces principalement alimentaires, enfin les cafés aux terrasses desquels des hommes désœuvrés tuent leur inactivité dans d’interminables palabre entrecoupés de verres de thé à la menthe. Tout cela dans un brouhaha, une agitation, et une poussière indescriptible dont nous profitons pleinement à la faveur de nos arrêts déjeuné ou pause café-thé de milieu d’après-midi.

Contournant la magnifique citée de Fès, ville impériale célèbre pour ses céramiques, nous bifurquons vers l’Est pour longer le Jbel Tazzeka en direction de la frontière Algérienne. Notre objectif de ce soir est Guercif, aux portes du Sahara que nous aborderons normalement demain par le plateau du Rekam, vaste zone désertique du Sud-est Marocain à un peu plus de 1000 m d’altitude.
Tandis que le soleil disparait dans les rétroviseurs du Disco, dorés par la lumière rasante les paysages se fond plus arides. La route est maintenant presque rectiligne. Plus d’activité agricole apparente, uniquement ce mince ruban d’asphalte ou circulent de gros camions assurant la liaison commerciale avec l’Algérie.

Demain cap au Sud, environs 400 kilomètres de pistes pour rejoindre Merzouga au pied de l’Erg Chebbi après demain. Une bien belle navigation en perspective.

(Désolé pour le peu de photos mais elles ne veulent pas passer ce soir...)

On the road again


Chefchaouen, lundi 23 novembre.

Tant qu’on aura pas inventé la téléportassions il faudra toujours 2 jours pour aborder l’Afrique depuis l’Ouest de la France en Land-Rover. Et pas moins.
Alors 1700 kms d’autoroute en 4x4 c’est parfois un peu un peu long, ou plutôt contre nature ; un peu comme si à l’inverse il s’agissait de traverser le désert en Alpine ou Aston Martin, selon ses moyens.
Du coup il s’agit d’adopter la bonne attitude : caler le « cruise control » de la voiture sur 130 km/h et se laisser transporter en prenant son mal en patience, essayant de ne pas sombrer dans la monotonie.
C’est ce que nous avons fait aujourd’hui en suivant le long ruban asphalté depuis la banlieue de Madrid, transitant par Cordoba puis Grenade, avant de rejoindre la Méditerranée à Malaga puis la longer tranquillement vers l’ouest jusqu’à apercevoir le rocher de Gibraltar et finalement embarquer à Algeciras.
La route était belle et ensoleillée. Le défilement d’images de cartes postales à quelque chose de plaisant : au sommet d’une colline une silhouette géante de taureau sur panneau publicitaire se détachant sur fond de ciel bleu. Plus loin les moulins blancs de Don Quichotte parmi les champs d’oliviers remarquablement entretenu où, dans une contraste de couleurs saisissant mêlant le vert olive à l’ocre de la terre parfaitement ratissées, la nature façonnée par l’homme semble se sublimer. Plus loin encore, une maison étrangement rose au milieu de nulle part semble avoir été posée là comme un jouet de petite fille.
De temps en temps nous dépassons camionnettes et voitures totalement surchargées conduites par des Arabes rentrant au pays.
Nous avançons, captant toutes ses images entre les nombreux appels téléphoniques professionnels… Nous sommes lundi.

Nous arrivons sur le port d’Algeciras à 14h43 précises.
A 14h45 je rentre dans le hall de vente des billets de Ferry et consulte le tableau des départs dont le prochain est à 15h ! Cela va être chaud…
14h46 : je tente de négocier un billet entre les différents guichets. Aujourd’hui c’est prix unique : 112 € pour la voiture et les 2 passagers. Pas bon marché mais pas le temps de marchander.
14h49 : je remonte dans la voiture et nous démarrons vers l’embarcadère.
Petite file d’attente pour une dernière formalité… il est 14h58 lorsque nous empruntons la rampe d’accès pour ce rendre compte que j’ai égaré la carte grise de la voiture… probablement oubliée au comptoir d’achat du ticket. Je cours alors vers la sortie du bateau pour tenter la manœuvre de récupération de l’indispensable document lorsque Jo me rappelle. Dans la précipitation la carte était tombée par terre dans la voiture !
Les portes de la soute se ferment et dans un léger frémissement le bateau décolle du ponton. Nous quittons l’Europe.
En regardans s’éloigner les cotes, installés au bar, nous plaisantons sur une autre fameuse histoire de carte grise :
C’était il y quelques années. Nous arrivions également au Maroc à bord d’une voiture neuve lorsque Jo s’aperçoit qu’il n’a pas la bonne carte du véhicule alors toujours en « WW ». Aïe, il ne va pas être facile d’entrer au Maroc sans le précieux petit carton. Ni une, ni deux, en 2 coups de ciseau, un peu d’imagination, un crayon à encre noire et une vielle carte d’électeur je fis un vrai faux document officiel, qui, accompagnée d’un vrai billet de 20€ remis aux autorités Marocaines en lieu et place de la carte grise, nous permi finalement d’entrer sans encombre. Même pas peur de recommencer s’il avait fallu !

L’arrivée en Afrique est toujours un choc, tout particulièrement le passage de la douane.
Depuis plus de 20 ans que je m'y rends régulièrement, rien n’a changé. Toujours le même capharnaüm dans cette zone où l’on trouve d’abord toute la misère du monde de gens désœuvrés attentant je ne sais quoi. Contre quelques « bakchich », Les plus entreprenants proposent leur service de guide dans cette jungle militaro-administrative où la corruption est devenue la règle : si tu ne payes pas tu attends. Et parfois ça peut durer longtemps…
Pour ce qui nous concerne ce fut finalement assez rapide, et sans rien payer. Disons une heure pour 2 guichets éloignés de 10 mètres alors qu’il n’y avait pas un chat.

Ce soir nous sommes Chefchaouen, au cœur du massif du rif, haut lieu du « chitt » Marocain, pour une nuit dans un petit hôtel modeste mais confortable avant de repartir demain vers le plateau du Reckam réintroduire le Land-Rover de Flo dans son milieu naturel.

dimanche 22 novembre 2009

Viva Espagna !


La dernière nuit avant de partir est rarement la meilleure, quelque peu perturbée par le retour en boucle de la check-list, histoire de rien oublier. Tout est normal.
Petit dej avec Flo sans trop parler, étreinte du départ sans un mot, nos corps se comprennent, puis démarrage de la voiture : début de « l’aventure » !
Comme convenu je retrouve Joseph chez lui vers 9h. Renée aux p’tits soins lui a préparé ses sacs qu’il n’y a plus qu’à charger.
Une bise à ma maman et nous décollons à 9h15 pour accrocher l’autoroute à Cholet. Nous ne la quitterons quasiment plus jusqu’à Gibraltar, environ 1700 kms. Rien de passionnant du point de vu touristique. Alors en conduisant tranquillement et prudemment sous les averses et les bourrasques, nous en profitons pour parler de la vie, de la famille, des amis, du temps qui passe et du temps qui reste, de nos parcours d’entrepreneurs. Nos vies tout simplement.

Vers 13h pause pique-nique sur une aire d’autoroute squattée par des camionneurs. C’est dimanche, nous sommes en France à la croisée de chemins des transeuropéennes illustrées sur les plaques des semi-remorques rutilants immobilisés pour la journée : UK, DK, D, PT, E, F, PL, BG, I, H et j’en passe.
Nous apercevons maintenant les Pyrénées dont les crêtes se dessinent sur un dégradé de ciel gris et humide irisé par les rayons du soleil.
Les kilomètres s’égrènent doucement. Environ 450 au passage de ce qui était la frontière Franco-espagnole.
Etonnamment, un panneau indique déjà une sortie « Algesiras » notre port d’embarquement encore à plus de 1000 kms vers le sud. Sans doute une bifurcation à ne pas manquer pour les nombreux immigrés d’Afrique du Nord empruntant cette route pour leur retour annuel au pays.
En nous arrêtant faire le plein je suis interrogé en espagnol par un gars de type Arabe dont la voiture est immatriculé au Luxembourg sur le type de gas-oil à prendre à la pompe… Un peu plus loin un minibus français visiblement surchargé repart de la station dans un nuage de fumée bleutée.

Le ciel s’éclairci tandis que nous montons jusqu'à 800 m d’altitude, sur le plateau continental ibérique. Nous roulons maintenant sous le soleil. Curieusement l’autoroute est quasi déserte en ce milieu d’après-midi.

Il fait maintenant nuit. Déjà 1100 km au compteur. Nous passons Madrid avant de nous arrêter dans un petit hôtel en bordure d’autoroute vers Cordoba.
Demain nous dormons en Afrique !

vendredi 20 novembre 2009

J-2


Demain, veille du départ, dernières vérifications et chargement du Discovery.

Partir à 2 dans un tel vaisseau est un luxe permettant d'emporter tout le confort moderne du voyageur itinérant : tentes 3 secondes, lits de camps, duvets moelleux, tenues de rechanges, sièges de camping pliables, réchaud Coleman qui va bien etc, etc... Bref tout ce dont un globe trotteur peut avoir besoin pour profiter pleinement du voyage. Rien à voir avec un raid en moto où tout le « fret » doit être millimétré.

Cette semaine mes quelques pièces de rechanges commandés sur internet chez « Paddock Spares », à un prix imbattable, ont été livrées en 3 jours, y compris les pneus BF Goodrich. Merci Marco, excellent tuyau.

Hier soir Gérard et Africa’Did ont installé sur mon PDA le logiciel de suivi du parcours par GPS interfacé sur Google Map :
- D’un clic de PDA notre position du moment sera enregistrée.
- D’un clic de sourie vous pourrez nous suivre à la trace.
Vraiment génial. Merci les gars !

Thomas, je n’ai pas oublié de faire la sauvegarde intégrale de mon PC cette après-midi au bureau…

Tout mon matériel de communication, indispensable pour garder le lien avec les contacts professionnels et vous faire profiter de cette escapade désertique, semble au top. Incroyables technologies faisant réellement de la planète un village où l’information circule instantanément.

Dans 2 jours nous partons sous la pluie et la tempête annoncée.

mardi 17 novembre 2009

J-4


Mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche !
Dans 4 jours avec Jo nous partons donc de nouveau pour une grande balade au Sahara.
Le Land Rover est prêt. Les check-lists sont presque complètes. Sauf imprévus de dernières minutes, ne restent plus que de menus détails à régler samedi.
Et comme souvent, au dernier moment, il y aurait plein de bonnes raisons pour renoncer à ce voyage : une charge de travail de folie sur des projets prioritaires, la facilité de rester là plutôt que d’aller voir ailleurs, et toujours cette petite culpabilité qu’il faut vaincre de prendre égoïstement du bon temps et quelques risques, en « lâchant » le boulot et « abandonnant » Flo et les enfants à la maison.
Mais je suis fait de cela : curiosité, soif de grands espaces, de découverte, de liberté, toutes ces envies de profiter pleinement de chaque seconde de l’existence dont le temps nous est compté.

L’autre jour avec Jo nous repensions à notre première aventure Africaine commune. C’était en 1988. Avec Agnès ma sœur cadette et Luc un cousin, nous étions allés en 2cv jusqu’au Niger, traversant le Sahara par l’Algérie via Tamanrasset, ville mythique au cœur du Hoggar.
Jo (mon père) avait alors presque mon âge d'aujourd'hui (en réalité je suis encore beaucoup plus jeune...) tandis que j’avais quasiment l'âge qu’a aujourd’hui Lou notre fils ainé (lui aussi est beaucoup plus jeune...)
C’était il y a plus de 20 ans.
Depuis Luc nous a quitté en vivant sa passion en Montagne.
Mon Dieux comme le temps passe…
Allez, nouveau départ dans 4 jours !

samedi 14 novembre 2009

Une petite pensée pour feu Nicolae...


Zsaka, non loin de la Frontière Roumano-Hongroise.
Le patron de l’hôtel « Angela », petit établissement familial propret où nous sommes descendus, est au p’tit soin en servant une délicieuse « goulache », soupe traditionnelle locale faite d’un mélange de morceaux de légumes, de pates alimentaires et de viande, dans un délicieux bouillon rouge au paprika. Nous n’avons pas mangé ce midi et apprécions doublement ce plat simple dont les saveurs pimentée émoustillent nos papilles.
Zoltan, le patron, est d’une rare prévenance naturelle. Derrière des sourcils broussailleux et grisonnants, sous une tiniasse en bataille, de son visage émane une vraie gentillesse rendue plus touchante encore par son gros nez rougeau et quelque peu boursouflé, de ceux qui ne boivent pas que de l’eau…
Sur le mur près de la table où nous sommes installés, une carte du pays. En suivant du doigt la route empruntée depuis ce matin, je tombe sur Oradea, le poste frontière avec la Roumanie, précisément l’endroit où, il y a 25 ans Franck et moi avions été expulsés manu-militari de Roumanie.

A l’époque entrer en Roumanie était une aventure. Il fallait non seulement un visa, mais aussi acheter pour 10$ par jour de monnaie de singe locale, suivre un parcours imposé par la police, puis s’y tenir rigoureusement en pointant systématiquement aux postes de contrôle des villes traversées. Nous avions 20 ans, et après 3 jours de ce régime pour le moins encadré, dans un pays sinistré par une écrasante dictature, de celle imaginée par Georges Orwell à la fin des années 40 dans son roman d’anticipation « 1984 ». Par pure coïncidence nous étions effectivement bien en 1984, sauf qu’ici Big Brother s’appelait Nicolae Ceausescu, que son système totalitaire alors à son apogée, avait atteint le paroxysme de la dictature : promotion outrancière de la pensée unique, police politique omniprésente, terreur visible de la population, manque de tous les produits de première nécessité, disette, infrastructures délabrées, et j’en passe… Tant et si bien qu’après quelques jours, n’y tenant plus, nous décidions de sortir du parcours officiel pour aller voir ailleurs si l’atmosphère était moins oppressante. Et pendant 2 jours, si mes souvenirs sont exacts, nous sommes partis à travers bois et champs, nous promener sur les chemins de campagne à bord de notre Renault 5 verte. Ce fut un autre choc. Nous étions pourtant bien en Europe continentale à la fin du XXème, mais avions l’impression d’un voyage dans le temps, retour dans nos campagnes telles qu’elles devaient être deux siècles plus tôt : maisons en bois et chaume sur terre battue ; sans eau courante ni bien sûr électricité. Des ruelles boueuses ou milieu desquelles pataugeaient enfants et animaux domestiques. Et tous ces gens habillés de façon traditionnelle qui, à 40 ans, en portaient déjà plus de 60. Dans un anachronisme frappant, nous avions ici l’air de deux hurluberlus revenant tout droit du futur.

L’après-midi du 2ème jour, alors que nous buvions tranquillement une sorte de café local avec des paysans assis au milieu de la cours d’un hameau, dans un bringuebalement de ferraille deux camions militaires s’arrêtent près de notre voiture. Aussitôt repérés nous sommes fermement «invités» à reprendre la voiture encadrés par la troupe. Un camion devant, un camion derrière, nous voilà partis pour on ne sait où, à petite vitesse, sur les chemins de terre.
Après plusieurs heures de conduite, sans savoir le moins du monde où nous allions, nous reprenions une route goudronnée jalonnée de profonds nids de poule pour rejoindre la ville d’Oradea.

Directement conduits au poste nous subissions un interrogatoire serré devant un aréopage de gradés. Heureusement « protégés » par la barrière de la langue nous ne faisions aucun effort de compréhension. Nos passeports tout d’abord confisqués nous sont finalement rendus agrémentés d’un nouveau et très gros tampon officiel rouge vif en surimpression sur le page du visa. Rien de bon qui vaille à priori. Puis nous reprenons la voiture vers le soleil couchant, toujours encadrés des deux camions militaires.
Mirador, barbelés, et partout des hommes en uniforme. Nous sommes finalement conduits à un poste frontière avec la Hongrie. Nouvel arrêt : cette fois-ci un officiel baragouinant 2 mots de français nous signifie notre expulsion immédiate, avec en prime 10 ans d’interdit de séjour en Roumanie ! Inutile de répéter. Nous ne nous sommes pas fait pas prier.
….
5 ans plus tard le mur de Berlin s’effondrait entrainant avec lui la chute des régimes post Stalinien d’Europe de l’Est.
Nicolae et Helena Ceausescu étaient alors renversés, puis exécutés face aux caméras de télévision avant que leurs corps ne soient exhibés comme exutoires de ces années d’oppression.
Sale temps pour les derniers dictateurs Européens et début d’une nouvelle époque.

dimanche 8 novembre 2009

"Une bonne séance de mécanique est toujours agrémentée d'imprévus..."


Dans 2 semaines exactement, départ pour une nouvelle ballade transsaharienne ; moins l’approche, plus le retour ça va faire une grosse semaine de pistes dans le grand sud Marocain d’Est en Ouest, grosso modo le long de la frontière Algérienne.

Mais avant de partir il faut préparer la navigation : Jo s’occupe de l’intendance - il s’agit cette fois-ci de mon papa et non pas d’Africa d’Jo - quant à moi je prépare le vaisseau, notre Land Rover Discovery TD5 familial, un modèle 2004 encore fringuant mais affichant déjà 160 000 km au compteur.

La préparation mécanique du 4x4 est des plus simple : « bidange, grissage y virification », comme l’affichait fièrement un garage de brousse croisé lors d’un voyage précédant en Afrique Noire. La roue de secours de notre pick-up Toyota de location était alors crevée (même carrément déchirée) et, pour quelques francs, pneu et chambre à air avaient été vulcanisés à la méthode traditionnelle en y recollant à chaud de grosses pièces de caoutchouc récupérées sur un vieux pneu. Là bas rien ne se perd, tout se transforme. Le développement durable bien avant l’heure.

Mais revenons-en à ma prépa.
Comme dit Flo : « une bonne séance de mécanique est toujours agrémentée d’imprévus... »
Alors que tout s’était parfaitement bien passé, et qu’il ne me restait plus qu’à effectuer la vidange de boite de vitesse, cette séance de mécanique n’échappa pas à la règle : impossible de desserrer le bouchon de vidange. Un bouchon en creux carré. J’ai pourtant les bons outils mais le satané bouchon résiste, et alors que j’ai l’impression qu’il commence enfin à tourner, ce n’est que la clé qui ripe en déformant le creux qui n’a alors plus rien d’un carré.
- Damned, je suis fais !
Bon ce n’est pas exactement ce que j’ai du dire, mais pour la chronique d’aujourdhui, ça fait plus chouette.
Vexé, je m’en veux de l’avoir sans doute serré trop fort la dernière fois, mais bon, rien de dramatique, nous ne sommes pas en panne au milieu de nulle part, il reste encore 15 jours avant de partir et il existe sûrement une solution. Tout le reste est OK : moteur, boite de transfert, ponts, filtres à air, à huile, à gas-oil, pneus, plaquettes de frein, éclairage, alimentation électrique des matériels de navigation et de communication, et enfin démontage de l’attelage pour la garde au sol.
Je rentre donc à la maison en réfléchissant aux solutions possibles. Première action, consulter Africa d’Jo, notre maître mécano. Je le réveille de sa sieste (l’histoire ne dit pas si elle était crapuleuse…) et lui explique le problème. Sa réponse est sans appel :
- Et bien t’es mal mon ami Fred. Y’a plus qu’à aspirer l’huile par le bouchon de remplissage.
Evidemment ! Je n’y avais pas pensé... Normal, je ne suis pas mécano.
- Aspirer l’huile, mais comment ?
- Avec un tuyau.
- D’accord, mais avec quoi au bout du tuyau ?
- Un aspirateur pardi !
Dis comme ça c’est évident.
Alors que je vous passe nos échanges sur les modalités de l’opération, ou comment passer le cathéter entre la pignonnerie de la boite pour arriver au fond du carter, puis aspirer l’huile. Mais bon, nous établissons le protocole opératoire provisoire avant de convenir de nous revoir sous quelques jours, en salle d’opération, pour tenter la manœuvre à l’aide d’une pompe à vide dont d’Jo dispose à son atelier.

Tandis que je raccroche le téléphone je croise le regard entendu de Flo qui a tout écouté, la situation confirmant une nouvelle fois son vieil adage…

Un peu vexé je réfléchis. Pompe à vide, cathéter, la discussion avec D’jo me trotte dans la tête et je file à mon garage-atelier où dorment quelques engins motorisés répondant aux doux prénoms de 500 XT, Africa-Twin, Ténérée ou encore, dans un autre genre, Vélosolex, et qui n’attendent que l’occasion d’une prochaine escapade.
Parcourant les étagères je tombe sur un morceau de petit tuyau coudé puis sur un bidon plastique de vélo, de ceux utilisés pour boire tout en roulant, sur lesquels il suffit d’appuyer pour envoyer une giclette de liquide, et qui reprennent ensuite leur forme initiale. Tilt ! Je tiens ma pompe à vide manuelle sur laquelle il me suffit de brancher le petit tuyau avec lequel aspirer. Ni une, ni deux, en quelques minutes l’assemblage est réalisé et je teste le système en aspirant l’eau d’une autre bouteille. Ca marche ! Reste à savoir si le cathéter pourra aller au fond du carter, puis si l’huile voudra bien remonter malgré sa viscosité. Je décide de dormir là-dessus.



Ce matin, après avoir positionné le Disco sur la fosse de vidange du garage et dévissé le bouchon de remplissage de la boite, j’introduis le cathéter coudé par l’orifice tout en priant Saint Land Rover que rien ne l’empêche d’atteindre le fond du carter. Ca marche. Ne reste plus qu’a appuyer sur le bidon de vélo et voir si, en relâchant, l’huile va bien remonter. Et ça maaaaarche !
Sans fausse modestie, je me dis que je devrais déposer le brevet du « système de purge de boite de vitesse de Discovery par le bouchon de remplissage », un outil indispensable aux mécanos du dimanche serrant trop fort les bouchons de vidanges. Peut-être prometteur, mais sur un marché limité !

lundi 2 novembre 2009

J-20...


Grands espaces à l'infini, paysage minéral diffractant une lumière à nulle autre pareille, nuits d'encre piquetées d'étoiles sous la voute translucide de la voie lactée, silences assourdissants, levés de soleil glacials sur l'ondulation dorée d'un océan de dunes, midis brûlants noyés dans une lumière écrasante, horizon trouble et instable, lacs imaginaires flottant au milieu de nulle part, vents de sable, improbables rencontres au creux d'une oasis verdoyante, puissants thés à la menthe, dates sucrées comme sorties de chez le meilleur confiseur...

J-20 avant une prochaine navigation au Sahara en compagnie de Jo à bord du Land Rover de Flo. Ça va être géant !

dimanche 1 novembre 2009

Les chiffres qui donnent le vertige ...

200 000 personnes de plus par jour sur terre (solde des naissances moins décès), moins 16 000 hectares de terres arables toutes les 24 heures, 1 000 000 000 de personnes sous alimentés face à 1 150 000 000 en surpoids, plus que 15 000 jours de pétroles disponibles selon les réserves connues ce jours…
Bon je ne vais pas tomber dans le catastrophisme très en vogue ces temps-ci quant à l’avenir compromis de l’humanité sur notre petite planète, mais force est de constater que les chiffres peuvent donner le vertige.

L’autre jour, en fouinant sur le web, je suis tombé presque par hasard sur un site égrainant quelques chiffres clés en temps réel. Intéressant d’y jeter un œil de temps en temps histoire ne pas perdre de vue quelques réalités et enjeux globaux.
Sans culpabiliser cela fait inévitablement réfléchir et particulièrement lorsqu’on parcourt le monde.

Retrouver le lien un peu plus bas à gauche sur mon site, juste sous la rubrique « Météo » et « Sites à ne pas manquer ».