samedi 15 avril 2017

Le Clan des Siciliens



La Sicile est peut-être à l’Italie ce qu’est la Corse à La France : une l’île aux codes particuliers qui la rendent unique, différente, attachante, rebutante aussi parfois. Comme si l’insularité provoquait je ne sais quel effet que les continentaux ne parviennent que difficilement à appréhender autrement que par de l’ironie, celle-là même qui pousse les îliens à se distinguer comme les élèves turbulents d’une classe d’école. Agaçants et attachant à la fois.
Ici le désordre est savamment organisé. Laisser place à de petites zones de non-droit, où les règles sont celles de ceux y vivent, développe des singularités difficiles à gommer. Et d’ailleurs le devraient-elles ? Dans un registre totalement différent il n’y a qu’à observer nos voisins britanniques pour s’en convaincre.
Mais ici s’ajoute une autre influence, celle du Sud. Toujours étonnante cette chaleur des gens du Sud, et ce quelque-soit l’endroit dans le monde. Peut-être l’effet climatique qui fait que l’on vit d’avantage ensemble, dehors, que la vie est simplement plus douce, aidée par une nature plus clémente.
Comme presque partout en Italie les villes sont ici des musées à ciel ouvert, truffées de vestiges plus ou moins entretenus de l’empire romain donnant ce cachet unique au patrimoine architectural, et que l’on retrouve sur la tenue vestimentaire des Italiens, soigné mais baroque. Pour preuve, les cheveux gominés, le costume à rayure et les chaussures impeccablement cirées du gardien de la chambre d’hôtes ce matin ; ou encore le complet à carreaux orné d’une pochette porté par un banquier français revenant de 5 ans de campagne d’Italie rencontré ce début de semaine.
Ici on sait vivre, on sait manger et boire des produits du terroir ravissant les papilles comme dans peu d’autres endroits dans le monde, sauf peut-être en France.

C’est le week-end de Pâques, occasion de plonger collectivement dans une toujours spectaculaire ferveur religieuse, histoire de s’assurer la bienveillance du tout-puissant.
Au hasard nous tombons sur une cérémonie. Derrière la fanfare locale jouant une marche solennelle, des prêtres précédés d’enfants de cœur habillés de noir ou de blanc. Puis suivent des femmes habillées de noir. Enfin, portées par les hommes sur des plateformes à brancards, d’imposantes statuts iconiques polychromes hors d’âge. Fermant la marche, les centaines de fidèles endimanchés suivent la procession vers l’église principale du village. A cet instant Dieu fait partis du clan des Siciliens.



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