dimanche 16 avril 2017

"Au commencement du monde..."



De loin on dirait quelques nuages accrochés au sommet d’une imposante montagne enneigée. Puis au fur et à mesure que l’on s’en approche, ce qui pouvait être confondu avec de gentils cumulus apparait en fait comme de puissantes nuées éructant du sommet de l’Etna, cheminée géante crachant ses fumées en de spectaculaires arabesques gazeuses d’un blanc immaculé.
Etrange impression que d’attaquer l’ascension d’un des plus actifs volcans de la planète : la route d’abord qui serpente sur sa large pente sud. On quitte les plantations de fruitiers pour serpenter dans des champs de laves refroidies, capharnaüm minéral quasi stérile sorti des entrailles de la terre où renaissent quelques fleurs multicolores et chétifs arbustes. A chaque virage nous tournons la tête pour ne pas perdre de vue la gueule du dragon.
2000 m d’altitude : un funiculaire hors de prix nous dépose à 2400, puis un camion 4x4 jusqu’à 2700 au pied du cône sommital. Par mesure de sécurité, impossible de monter plus haut en cette période de forte activité. D’impressionnantes coulées de lave encore tièdes marquent la ligne à ne pas dépasser. Dommage, mais tout de même quelle impression de se trouver si près du cratère éruptif de la bête légendaire iconographié par tant de voyageurs.
Ne reste alors qu’à profiter du spectacle offert par cette nature brute, celle de nos origines, à une époque où notre petite planète, bien que pleine de promesses, était encore inhospitalière. Marcher sur ce tapis de cendres et scories noire sans cesse renouvelé, paysage lunaire changeant au gré des colères du monstre à des parfums de début du monde. Imaginez que les premiers pas de Neil Amstrong sur la lune l’ont été sur ce type de sol originel, « au commencement du monde » la lune ayant été arrachée à la terre lors d’une collision cataclysmique avec un astéroïde a de quoi donner le vertige.
 
Plus loin, un dôme d’où s’échappe de légères fumerolles. Nous nous en approchons prudemment. La paysage vibre dans la chaleur émanant du sol comme au-dessus d’un toaster géant. Nous entrons dans le petit cratère crachant sa vapeur tel une cocotte-minute, avec cette drôle d’impression qu’à tout moment cela pourrait exploser. Et l’on comprend mieux pourquoi le diable y aurait élu domicile.

Plongeant le regard en contrebas vers la vallée verdoyante le cerveau se reconnecte au monde réel. La ligne de côte finement dessinée appelle à d’autres « explorations ». Il est temps de redescendre vers des terres plus hospitalières.




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